Plusieurs ouvrages viennent de paraître sur le thème des “enfants réunionnais de la Creuse”. Parmi eux, un petit livre synthétique, écrit par des experts auteurs d’un rapport sur cette douloureuse histoire, pour rétablir les faits et combattre les idées reçues.
Publié le 25/04/2021 à 07h30 • Mis à jour le 25/04/2021 à 11h43
Cela fait maintenant une vingtaine d’années que l’histoire des 2015 mineurs réunionnais séparés de leur famille et transplantés en métropole entre 1962 et 1984 a été révélée au grand public, parfois avec des erreurs ou des approximations, des malentendus et des clichés, des idées reçues, voire une ré-interprétation des faits.
En 2016, une commission nationale de cinq experts « pour l’information et la recherche historique », a été nommée par le gouvernement pour faire la lumière sur cet affaire. Composée de sociologues, d’historiens, d’un géographe, et d’un ancien inspecteur des affaires sociales, cette commission a rendu son rapport en 2018. Un bloc de 690 pages, factuel, précis et exhaustif, mais totalement indigeste pour le grand public.
Trois ans plus tard, quatre membres de cette commission, Wilfrid Bertille, Prospère Eve, Gilles Gauvin et son président, le sociologue Philippe Vitale, viennent d’éditer un petit ouvrage, pour mettre le fruit de leurs recherches à la disposition du plus grand nombre et mieux faire connaître cette histoire en rétablissant les faits et en combattant les idées reçues.
Un hiatus entre histoire et mémoires
Car aujourd’hui, le constat des experts sur l’évolution et le traitement de cette affaire est sévère : “On est bien là face à un hiatus entre histoire et memoires, parfois à un opportunisme et à de la démagogie” estiment les auteurs.
Cet épisode a déjà fait des dégâts collatéraux, pour les transplantés bien sûr, mais aussi pour leur famille, pour les enfants, pour les Réunionnais qui les ont vus partir et qui les retrouvent après des décennies, mais aussi pour les départements d’accueil, comme la Creuse, qui ne comprend pas l’étiquette d’esclavagiste qui lui est parfois attribuée
Wilfrid Bertille, Prospère Eve, Gilles Gauvin et Philippe Vitale
Dans le petit ouvrage de 135 pages au format de poche publié aux éditions du Cavalier Bleu « les enfants de la Creuse, idées reçues sur la transplantation de mineurs de la Réunion en France » on peut donc trouver toutes les informations factuelles sur cette histoire pour alimenter sa réflexion.
La Réunion trop peuplée ?
En 1954, l’augmentation extrêmement rapide de la population de la Réunion obsédait les esprits. Son évolution démographique s’inscrivait dans celle du Tiers-Monde, avec un excédent naturel considérable, une natalité très élevée et une mortalité en chute libre.
En 1967, les moins de 20 ans représentent 55,6% de la population. Une situation vue comme une menace par les autorités qui craignent une aggravation de la situation sociale et un terreau fertile pour les revendications autonomistes portées par le Parti Communiste Réunionnais dans un contexte de guerre froide.
La responsabilité de Michel Debré
L’idée d’envoyer des jeunes de la Réunion vers l’hexagone remonte aux années 1930.
La célèbre « ordonnance de 1945 » qui crée le service de protection maternelle et infantile est étendue à la réunion en 1947. Mais en 1960, ce service n’y dispose que de 10 assistantes sociales pour 340 000 habitants.
A partir des années 1960, la migration vers la métropole est organisée à travers un nouvel organisme : le BUMIDOM (Bureau pour la Migration des DOM). Elle est justifiée par la pression démographique des jeunes en âge de travailler. Très vite, elle va intégrer des jeunes sous tutelle de l’Etat.
Michel Debré, qui n’était plus premier ministre depuis 1962 et qui fut élu député de la Réunion en mai 1963, n’est donc pas à l’origine de l’idée de la migration des mineurs réunionnais vers la métropole, même s’il a utilisé toute son autorité pour développer une politique d’émigration de grande ampleur.
A l’époque, c’est un fonctionnaire particulièrement zélé, Jean Barthe, directeur de la DDASS de la Réunion en 1964 avant d’être nommé au même poste en Creuse en 1966, qui a organisé plus spécifiquement cette transplantation des mineurs.
Une histoire qui s’est déroulée entre 1962 et 1984
Les premières migrations de mineurs organisées vers la métropole datent de 1962 avec 135 garçons et filles cette année.
En novembre 1981, une note du ministère des DOM-TOM estime que, désormais, « seul le développement économique des DOM et la création d’emplois locaux pouvaient être envisagés comme de réelles solutions » pour réduire les tensions économiques et les conséquences de la natalité. Et il conclue : « l’insertion doit prendre le pas sur la migration ».
La transplantation des mineurs s’est poursuivie jusqu’en 1984. Les adoptions d’enfants de la Réunion par des familles de l’Hexagone se poursuivent encore de nos jours.
L’utilisation du terme “déportation”
Dans leurs travaux, les auteurs du rapport ont privilégié l’emploi du terme “transplantation” pour désigner l’exil subi par les mineurs réunionnais. Mais à la Réunion, cette histoire a réactivé la mémoire de l’esclavage.
En 1965, le quotidien communiste de l’Ile Témoignages écrivait dans ses colonnes « comme au temps de l’esclavage, des enfants créoles sont déportés à 10 000km de leur pays ».
En 1975, le Pr Denoix, directeur général de la Santé, demandait à Michel Debré de mettre fin à la « déportation » (le mot est entre guillemets) d’enfants réunionnais.
D’autres médecins qui suivent le dossier ont tiré le signal d’alarme en s’appuyant sur les dernières recherches en matière de psychiatrie infante-juvénile. L’éloignement de l’enfant de son environnement familial commence à être dénoncé, avec ses conséquences : des troubles psychiques importants.
C’est le Dr Myriam David, pédopsychiatre de renom, elle même déportée par les nazis, qui introduit le terme dans ses travaux pour dénoncer le principe français en vigueur dans les services de l’Aide Sociale à l’Enfance du « placement » dans les campagnes de l’enfance en difficulté? Elle l’ assimile à de la déportation.
Michel Debré, résistant et petit-fils de rabbin accordait bien sûr un tout autre sens au mot « déportation ».
Quant au département de la Creuse, ce fut celui qui accueillit, cachât et sauvât de la déportation le plus d’enfants juifs en France pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Le mensonge aux mineurs et aux familles ?
Aujourd’hui, après des décennies d’errance identitaire et administrative, les mineurs réunionnais séparés de leur famille ont souvent toutes les peines du monde à retrouver leurs dossiers individuels.
Souvent, ces dossiers ne contiennent pas toutes les pièces que l’on pourrait attendre. Souvent, ces pièces mettent en lumière des pratiques contestables de la part des fonctionnaires du service de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance), que ce soit à la Réunion ou dans l’Hexagone.
Certains actes d’abandon parental ou d’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, paraphés par la simple empreinte d’un doigt ou une signature fébrile, laissent planer un doute sur leur sincérité.
Surtout ils traduisent la désinvolture de l’administration vis-à-vis d’une partie de la population considérée comme inapte socialement, à la Réunion comme en Métropole.
Le terme de « séjour » employé dans les documents pouvait induire de fait un retour à la Réunion qui n’aura d’autant pas lieu qu’il n’est pas prévu. Car pour le BUMIDOM, dont le but est de transférer un « trop plein démographique », il était clair que rien n’était planifié ni budgétisé pour proposer un retour des mineurs à la Réunion.
Autre mensonge : la promesse de « faire des études » en métropole. Même Jean Barthe, directeur successif de la DDASS de la Réunion puis de la Creuse et artisan zélé de cette transplantation, finira par demander dans la presse en 1966 qu’on arrête les “promesses fallacieuses” faites au départ des mineurs car, disait-il avec une lucidité prémonitoire, « leur déception n’en sera ensuite que plus vive ».
Quant au changement d’identité et de lieu de naissance, particulièrement traumatisant, il a concerné un tiers des mineurs réunionnais transplantés. La méthode était aussi utilisée pour les enfants métropolitains à la même époque. Elle ne devait, au départ, concerner que les enfants « trouvés » ou faisant l’objet d’une demande de secret de la part de la mère, et la nouvelle identité ne devait être que provisoire.
Le dévoiement de cette pratique par l’Aide Sociale à l’enfance fut une atteinte grave aux droits fondamentaux des mineurs.
Des fratries séparées
Bien souvent, pour les mineurs réunionnais, la douleur de la séparation avec leurs frères et soeurs est venue s’ajouter au traumatisme de l’exil.
Mais pour les auteurs du livre, le sort réservé aux jeunes de la Réunion transplantés n’était pas différent de celui que subissait les autres enfants de l’époque dans l’Hexagone. Il est juste révélateur des pratiques et des dysfonctionnements des services de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Les chiffres indiquent que 20% des jeunes transplantés arrivés à Guéret entre 1964 et 1970 faisaient partie d’une fratrie d’au moins 5 personnes. Même si certains documents laissent entrevoir qu’ils étaient conscients du problème, les services de l’ASE de la Creuse ont donc été confrontés à de sérieuses difficultés pour trouver des placements familiaux ou professionnels qui ne brisaient pas les fratries.
Si on ajoute à cela le fait que la doctrine de l’époque était d’éloigner les enfants de de leur milieu d’origine, on comprend comment beaucoup de mineurs ont été isolés.
Pour certains, cette séparation a été un drame, ou cela le devient aujourd’hui, avec la découverte de frères, soeurs, demi-frères ou demi-soeurs existants des décennies après.
Mais les auteurs rappellent aussi que, très souvent, la rupture des fratries intervenait déjà à la Réunion, avec des situations familiales très complexes liées à des familles recomposées qui n’avaient pas toujours la possibilité matérielle ni la volonté de conserver l’ensemble des enfants dans le cercle familial.
Une misère moins pénible sous le soleil de la Réunion ?
Dans les années 50 et 60, à la Réunion, la misère économique et sociale se traduisait par un niveau de vie moyen très bas, un habitat dégradé, voir insalubre, une scolarisation incomplète ou inexistante, des carences et des violences familiales courantes et de nombreux troubles affectifs et psychologiques. Les familles pauvres devaient se battre pour survivre, se nourrir, se vêtir, se loger et n’offraient pas forcément aux enfants un cadre très épanouissant.
Mais cela n’empêchait pas la plupart des familles d’offrir affection, bonheur de vivre ensemble et joie de vivre.
La situation était différente quand les mineurs se retrouvaient abandonnés ou exclus du cadre familial. Les mineurs recueillis par les institutions étaient nombreux. En 1961, sur 354 mineurs recueillis, 74% étaient dans une situation de carence affective grave.
Ces carences affectives étaient aggravées par les placements dans certaines institutions de l’Ile les mineurs étaient parfois violentés et abusés.
Quand ils étaient transplantés dans l’Hexagone, le dépaysement, la barrière de la langue, l’acculturation aggravaient leur déséquilibre affectif, intellectuel et social.
En définitive, pour les auteurs, plus que « par intérêt pour les enfants », cette transplantation a été motivée par des considérations démographiques et par l’existence de places dans les institutions dans l’Hexagone qui n’existaient pas en nombre suffisant à la Réunion à cette époque.
Des chiffres à remettre en perspective
Entre 1962 et 1984, 2015 mineurs ont été transplantés de la Réunion vers 83 départements de france métropolitaine, dont 10% dans le département de la Creuse.
Cette transplantation de mineurs n’était qu’une des pierres de la politique de migration volontariste et ambitieuse des autorités de l’époque. Elle a représenté 3,25% des 62 000 départs organisés par le BUMIDOM.
En 1970, les services de la DDASS de la Réunion prenaient en charge 3 136 enfants sur l’Ile. 119, soit 3,79%, ont été transplantés en France Hexagonale cette année là.
D’autres pays dans le monde ont mis en place des scénarios similaires. Entre 1870 et 1960, 50 000 enfants aborigènes d’Australie, la « stolen generation », ont été enlevés à leurs parents pour être placés dans des familles ou des institutions où ils recevaient une éducation « à l’occidentale ».
Les auteurs estiment qu’aujourd’hui, sur 2 050 mineurs réunionnais transplantés, 1 800 sont encore vivants et 150 sont physiquement connus. Une centaine d’entre eux manifestent publiquement leur statut au sein de quatre associations et une fédération, la FED DROM.
Mais au-delà des chiffres, la plupart des mineurs ont subi souffrances et traumatismes. Abandonnés ou en danger sur leur île, ils ont dû, en plus, supporter les affres de la transplantation, de l’acculturation, et pour certains, des mauvais traitements, des humiliations et de la perte d’identité.
Tous les mineurs transplantés n’étaient pas de vrais « pupilles »?
Parmi les 2 015 mineurs transplantés, 49% avaient entre 6 et 15 ans. C’est sans doute dans ce groupe que l’exil a été le plus difficile à vivre.
Mais parmi ces enfants, il fallait, selon la loi, considérer deux catégories de « pupilles » : les Pupilles Orphelins (PO) dont les parents étaient décédés, et les Pupilles moralement Abandonnés (PA). Ce sont ces derniers qui ont subi un sort parfois ambigu et contestable. Beaucoup estiment qu’ils n’auraient pas dû être adoptés puisqu’ils avaient des parents, même déchus de l’autorité parentale.
D’autres, les mineurs « en garde » (EG), étaient placés sous la protection des services de l’Etat par décision judiciaire.
Enfin, les mineurs « recueillis temporaires » (RT), étaient , comme leur nom l’indique, confiés à l’Etat, en théorie pour une période temporaire et déterminée, qu’il s’agisse d’une demande des parents ou d’une intervention des services sociaux. Mais dans les faits, ces mineurs sont restés « placés » dans des familles d’accueil ou dans des institutions jusqu’à leur majorité.
Une fois de plus, à la Réunion comme dans l’Hexagone, jusque dans les années 70, le mot d’ordre de l’Aide Sociale à l’Enfance était de tenir les enfants à distance de leurs parents, pour « leur bien être » et leur « bon développement psychologique ».
On aurait surtout déporté des enfants noirs ?
Pour les auteurs du livre, la question de la couleur de peau ne s’est pas posée au sein des services sociaux. Mais, que ce soit à la Réunion, dans les rares familles à l’époque en quête d’adoption et capables d’assumer cette charge, ou que ce soit dans l’Hexagone, les enfants noirs trouvaient plus difficilement une famille adoptive.
Sous la pression du Parti Communiste Réunionnais de l’époque qui accusait l’Etat de mener une politique raciste et colonialiste, le BUMIDOM, l’organisme chargé d’organiser la migration, avait demandé à ses services d’établir des statistiques sur les départs des migrants selon leur couleur de peau.
Il ressort de ces statistiques que 42% des mineurs étaient des « créoles clairs » ou « petits blancs », 44% des « créoles bruns » (métis Indo-Afro-Malgaches), 8% des Malabars (Indiens), et 3% des « bruns ». 42% des mineurs transplantés n’étaient donc pas considérés comme des « noirs » par le BUMIDOM.
Contrairement aux représentations « métropolitaines » stéréotypées, la population de la Réunion est multi-ethnique, multi-culturelle et très largement métissée.
En revanche, et ce n’est pas un hasard, ce sont zones urbaines de la Réunion qui ont fourni le plus gros contingent de mineurs transplantés : 54% d’entre eux sont issus des trois grandes villes de l’Ile. Dans ces villes à l’urbanisation anarchique prospérait une misère endémique avec son cortège d’alcoolisme, de violences et de ruptures sociales et familiales. Les campagnes fournissaient moins de mineurs transplantés malgré la surcharge démographique et une certaine misère rurale.
La carte des origines des mineurs transplantés se calque donc sur celle de la plus grande misère sociale de l’époque, et pas sur la couleur de peau des habitants de la Réunion.
Les mauvais traitements des familles d’accueil dans les campagnes de l’Hexagone
Comme en témoigne des articles de presse de l’époque, dans les années 50 et 60 tous les enfants de l’Assistance Publique placés dans les campagnes françaises l’étaient dans des conditions extrêmement dures, voire révoltantes. Battus, maltraités, logés dans les étables, mal nourris, les témoignages sont édifiants.
Les mineurs réunionnais transplantés n’ont pas échappé à la règle commune de l’époque, un peu comme une double peine venue s’ajouter au traumatisme de l’exil et de l’acculturation.
Pour les auteurs « les mineurs de la Réunion transplantés dans les zones rurales et en âge d’être placés en apprentissage constituent bien, dans une grande majorité, un réservoir de main d’oeuvre pour les paysans. Certains les ont bien exploités pour faire des profits faciles ».
Mais ils ajoutent que, même si cela n’enlève rien à la souffrance vécue des transplantés de la Réunion, à cette époque, les enfants biologiques des fermiers étaient également élevés “à la dure” et parfois même “corvéables à merci ».
La destruction et la disparition de certains dossiers de mineurs transplantés ?
Aujourd’hui, certains ex-mineurs réunionnais transplantés ont du mal à accéder à leur dossier administratif ou à l’intégralité de son contenu.
Quand ils parviennent à obtenir ces pièces ils sont parfois décontenancés par le peu d’informations qu’elles contiennent. C’est un obstacle à la reconstruction de leur parcours, de leur identité et une difficulté supplémentaire pour retrouver les membres de leur famille restés à la Réunion.
Officiellement, c’est dans le département d’accueil que se trouvent les traces administratives de leur prise en charge dans l’Hexagone.
A la Réunion, le faible effectif de l’Aide Sociale à l’Enfance dans les années 60 (10 assistantes sociales pour 280 mineurs « placés » et 5000 « secourus » en 1960), le manque de rigueur et l’absence de culture de conservation des archives explique à lui seul la maigreur et la perte de beaucoup de dossiers.
Souvent évoqué, l’incendie en 1966 d’une aile de la Préfecture qui abritait les bureaux de la DDASS de la Réunion semble n’avoir eu en revanche que peu de conséquences sur la disparition, ou pas, de la plus grande partie des archives conservées à l’époque à la Réunion.
Pour les auteurs, aujourd’hui, les Archives Départementales de la Réunion ont fait le choix de la collecte la plus exhaustive possible de tous les documents concernant l’affaire de la transplantation. Ces documents sont autant de traces qui peuvent aider les ex-mineurs à reconstituer leur histoire et les chercheurs à écrire une histoire politique, sociale et économique de la Réunion.
En conclusion
La transplantation de 2015 mineurs réunionnais vers l’Hexagone pendant deux décennies a été la cause de nombreux traumatismes et de grandes souffrances.
Malgré les « bonnes intentions » de l’utopie de l’assimilation républicaine, c’est une affaire complexe. Elle porte la marque de la colonisation. Elle est surtout révélatrice de ce que fut l’administration de l’Aide Sociale à l’Enfance, de ses pratiques et de ses carences, à la Réunion comme dans l’Hexagone.
Cette politique était une faute
Emmanuel Macron, Président de la République Française, 2017
En 2014, l’Assemblée Nationale a reconnu que « l’Etat a manqué à sa responsabilité morale envers ces pupilles ».
En 2017, le Président de la République a estimé que « cette politique était une faute car elle avait aggravé dans bien des cas la détresse des enfants qu’elle souhaitait aider ».
Désormais, dans les familles des ex-mineurs, ce sont les enfants, deuxième et troisième génération, qui subissent parfois les conséquences de cette histoire.
Malgré leurs efforts, nombre d’entre eux n’arrivent toujours pas à s’extraire d’un passé qui les détruit, « d’un passé qui ne passe pas ».
A lire aussi : l’histoire des mineurs réunionnais en bande dessinée
Ceux qui s’intéressent à l’histoire des “enfants réunionnais de la Creuse” peuvent aussi apprendre beaucoup de choses dans une bande dessinée de Tehem “Piments Zoizos” publiée en septembre 2020 aux éditions Steinkis.
Supervisée par Gilles Gauvin, l’un des historiens auteur du rapport sur l’histoire de cette affaire, elle est particulièrement bien documentée.
© Pascal Coussy / France Télévisions
Pour aller à la source : le rapport officiel sur l’histoire des mineurs réunionnais transplantés :
Étude de la transplantation de mineurs de La Réunion en France hexagonale (1962 – 1984)
A lire aussi Enfants en exil Transfert de pupilles réunionnais en métropole (1963-1982) d’Yvan Jablonka au Seuil. L’historien a fait un très important travail de recherches d’archives autant en métropole qu’à la Réunion. (NDLR)