Le journaliste basque Pablo Gonzalez a été arrêté dans la nuit du 27 au 28 février derniers et serait placé en détention provisoire dans le sud-est de la Pologne, près de la frontière ukrainienne.
Collaborateur régulier du quotidien en ligne Naiz, le journaliste basque Pablo Gonzalez est actuellement en détention provisoire à la prison de Rzeszow, près de la frontière ukrainienne, selon le consulat espagnol en Pologne. Le journaliste, spécialiste de l’Europe de l’Est et basé à Varsovie, est « né à Moscou et sa femme et ses trois enfants vivent près de Gernika [Bizkaia, NDLR] » précise Courrier International. Il travaille également pour d’autres médias comme la chaîne télévisée La Sexta et le journal numérique Público.
Pablo Gonzalez a été arrêté dans la nuit du lundi 27 au mardi 28 février à Przemysl. Son avocat, Gonzalo Boye, qui a aussi été l’avocat du Catalan Carles Puigdemont, indique que le journaliste est soupçonné par l’Agence de sécurité intérieure polonaise de « participer à des activités de renseignement étranger contre la Pologne ». Une peine passible de dix ans de prison.
L’avocat explique qu’il s’agit « d’une erreur de la part des autorités polonaises qui ne sont pas un exemple de démocratie et qui doivent être extrêmement stressées en raison de la situation actuelle. » Courrier International précise que l’avocat « dénonce le silence du consulat espagnol en Pologne et le manque d’informations sur la détention de son client ». Le lundi 7 mars, le consulat a fini par se mettre en contact avec le détenu et a assuré qu’il se trouvait bien et et qu’il était serein.
Prolongement de la détention
De son côté, le porte-parole du gouvernement polonais, Stanislaw Zaryn, a confirmé à la presse que le journaliste basque était accusé d’espionnage pour le compte du Kremlin. « L’homme a été identifié comme étant un agent de la direction générale des renseignements russes (Gru). Selon Stanislaw Zaryn, Pablo Gonzalez aurait « profité de son statut de journaliste pour se déplacer librement dans toute l’Europe afin d’exercer ses activités pour la Russie. »
Le porte-parole du gouvernement polonais a précisé que le journaliste basque – ressortissant de l’Union européenne -, était resté plusieurs jours dans l’est de la Pologne – État de l’UE-, mais n’a pas confirmé son lieu de détention.
Le gouvernement polonais déclare que les informations obtenues par le journaliste à l’attention de la Russie pourraient nuire à la défense intérieure et extérieure. Formellement accusé d’espionnage, Pablo Gonzalez est actuellement auditionné et le tribunal de la province polonaise a décidé de prolonger la détention du journaliste pendant trois mois.
Interrogé par les services ukrainiens
Depuis son arrestation, l’avocat de Pablo Gonzalez n’a pas pu le contacter. Ce dernier a également été interrogé le 6 février dernier par les services de sécurité ukrainiens qui l’ont accusé d’être « pro-russe » et l’ont exhorté à quitter le pays.
Le gouvernement espagnol, par la voix de son président Pedro Sánchez, a brièvement indiqué que des efforts avaient été faits et qu’une assistance consulaire lui serait fournie. De son côté, le gouvernement basque reste vigilant quant à la suite à donner à l’affaire.
Soutien international de la presse
L’International Press Institute et Reporters sans Frontières ont appelé à la libération immédiate de leur confrère. La municipalité de Nabarniz, en Bizkaia, s’est également mobilisée pour exiger la remise en liberté de son « concitoyen et ami ».
Le dernier contact avec Pablo Gonzalez est l’appel qu’il a passé à un de ses proches. Oihana Goiriena a expliqué sur la chaîne EiTB qu’il l’avait informée de son arrestation en Pologne et qu’il lui demandait de contacter son avocat.
« Nous sommes dans l’attente et c’est très stressant. Nous avons peur de ce qui va arriver et peur de ce qui a dû se passer pendant ces quatre jours d’isolement » a indiqué Oihana Goiriena. Elle ajoute qu’après le prolongement de trois mois de détention, « le procès viendra au terme duquel il sera condamné ou acquitté. Pablo Gonzalez doit surmonter de nombreux obstacles de la part des autorités polonaises » a-t-elle confié à la télévision.
Sur son arrestation le 6 février à Kiev, Oihana Goiriena a déclaré qu’il était alors accusé d’avoir « agi contre les intérêts de l’Ukraine, mettant en avant ses liens avec GARA [l’édition papier de Naiz], son origine russe et connaissant la langue russe ».
* Article de Naiz, traduit de l’espagnol par la rédaction.