Ce centre, ouvert depuis mai 2022, est un dispositif de la protection de l’enfance et de la famille. Il contribue à prévenir la dégradation d’une situation pouvant conduire à un placement des enfants. Les parents sont accueillis pour une période de six mois à un an en moyenne, et accompagnés au quotidien dans leur réinsertion sociale et professionnelle par une équipe spécialisée.

Trottinettes, ballons, tracteurs, toboggan : devant le centre parental, des jouets pour enfants attendent d’être utilisés. L’endroit est calme, vert, et des bancs sont à disposition. Inauguré le 13 décembre, ce centre parental de la Maison départementale de la parentalité a vocation à accueillir des enfants de moins de trois ans avec leurs parents.

La Maison départementale de la parentalité

Selon le département, il s’agit de l’un des 5 dispositifs d’accueil et d’accompagnement du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF). Elle s’adresse aux mamans et parents avec enfants à naître ou de moins de 3 ans et se compose : d’un Centre maternel situé à Bordeaux, d’un service d’appartement sur Pessac pour les familles, d’une crèche à mixité sociale située à Talence, au niveau du centre d’accueil parental.

Depuis son ouverture en mai 2022, les 21 familles résidentes trouvent soutien et accompagnement auprès d’une équipe de 18 professionnels. 24 heures sur 24, auxiliaires de puériculture, éducateurs spécialisés et psychologues se relaient pour leur offrir une présence.

Avant d’être un centre parental, le bâtiment accueillait déjà des mères seules avec leur bébé, dans des studios. 3 millions d’euros ont été investis dans des travaux d’agrandissement de ces appartements. Deux logements ont également été équipés pour recevoir des personnes à mobilité réduite. 

Selon le président du Département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, « la protection de l’enfance à pris de l’importance » ces dernières années. En 2023, 305 millions d’euros y seront dédiés. Cela représente une hausse de 70% du budget par rapport à 2015. 

Autonomisation

Ce centre d’accueil parental est une structure d’urgence. Ici, les familles sont sous mandat judiciaire ou administratif. Cela signifie qu’elles présentent des difficultés sociale, économique ou familiale et qu’un juge pour enfants a décidé de les diriger vers l’établissement. Ces familles sont « en transition », leur séjour ici dure entre six mois et un an. 

« Le but est que les bénéficiaires aient un projet d’accompagnement personnalisé et qu’ils soient actifs, indiquent les responsable du centre. Nous les poussons à être acteur de leur vie et à prendre des initiatives. »

Pour réaliser ce tutorat, le centre d’accueil s’entoure de partenaires. La Maison des solidarités à Talence les aide par exemple à trouver des projets d’insertion professionnelle (stages, formations), prêts à accueillir les parents. L’objectif est « de permettre à ces familles de devenir autonomes ». 

Centre d’accueil parental (AG/Rue89 Bordeaux)

25 euros de loyer

Andréa, 22 ans, d’origine espagnole, est l’une des bénéficiaires du dispositif. Elle loge ici depuis l’ouverture du centre en mai dernier, avec sa fille de 17 mois, Kattaleya. Grâce à l’aide au logement de 270 euros, elle paie son loyer 25 euros. 

« J’étais avec mon conjoint avant d’être en foyer et je suis tombée enceinte. Mais il y a eu des conflits entre nous, donc j’ai dû partir avec ma fille. » 

Depuis deux semaines, elle est en service civique à Bati-Action, collectif pour l’insertion des personnes éloignées de l’emploi situé à Pessac, « pour montrer son autonomie ». Pendant huit mois, elle sera chargée d’encadrer des personnes en proposant des activités. 

« En ce moment, je les aide à réviser le code. Je peux aussi leur montrer comment faire un CV s’ils le souhaitent. » 

Crèche à mixité sociale

Ici, Andréa se sent « soutenue ». Elle apprécie la vie en collectivité et l’entraide avec les autres bénéficiaires. Au quotidien, la disponibilité de l’équipe encadrante est également essentielle. 

« À deux reprises, la CAF ne m’a pas versé d’argent et je ne pouvais pas aller faire les courses. J’en ai parlé avec les éducatrices et deux jours après, des poches de courses m’attendaient devant chez moi. Seule, dehors, ça n’aurait pas été la même chose. »

La présence d’une crèche à mixité sociale dans le dispositif est également un atout. Ce lieu accueille à la fois des enfants de parents talençais et de parents du centre d’accueil. Lorsqu’elle travaille, Andréa y dépose Kattaleya pour la journée. Un bénéfice pour elle, mais aussi pour sa fille. 

« Depuis qu’elle y est, elle a fait d’incroyables progrès. En une semaine, elle a appris à se mettre à quatre pattes, à s’asseoir et à utiliser une cuillère. Je pense qu’elle fait du mimétisme avec les autres enfants. »

Andréa et sa fille, face à Jean-Luc Gleyze (AG/Rue89 Bordeaux)

« Je veux plus de liberté »

Si la jeune mère apprécie être en centre d’accueil, elle y voit également des inconvénients. Sa fille, sous ordonnance de placement provisoire, reste sous la responsabilité du service. Ainsi, Andréa est contrainte de respecter un certain nombre de règles, « trop contraignantes à son goût ». 

« Je ne peux pas sortir quand je veux avec elle et je dois signaler quand je pars. En week-end, chez ma famille, il faut que je précise toutes les modalités du déplacement. Si je ne la mets pas à la crèche, on me demande des comptes. Je ne peux rien faire sans autorisation et je le vis mal. »

À l’avenir, la bénéficiaire « aimerait plus de liberté ». Pour l’instant, elle a l’impression « de ne pas avoir d’autorité sur son enfant ». 

« C’est comme si ce n’était pas ma fille », avance-t-elle. 

Placements

Afin de permettre à Andréa et aux autres parents de devenir autonome, l’équipe du centre est mobilisée « à plusieurs niveaux ». Visites à domicile, aide pour les procédures administratives, gestion du budget… Le soutien est complet. Laura, éducatrice spécialisée, passe régulièrement dans les appartements afin de vérifier que le rythme proposé à l’enfant est adapté (sommeil, nutrition, etc.) et que le logement reste propre. 

« L’accompagnement est un véritable challenge. Il y a des hauts et des bas. Annoncer des placements aux parents peut être décourageant par exemple. Mais arriver à créer des liens entre eux est aussi une victoire. »

Un processus long et lent, mais qui « vaut le coup de s’accrocher » selon Laura

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