Manifestations à Tunis contre Kais Saied le jour anniversaire de l’indépendance de la Tunisie, le 20 mars 2022.© AP Photo/Hassene Dridi 30 mar 2022 Mise à jour 30.03.2022 à 21:45 par TV5MONDE AFP
Cent-vingt députés tunisiens bravent ce 30 mars la suspension du Parlement depuis juillet par le président Kais Saied, en organisant une séance virtuelle au cours de laquelle ils ont voté pour annuler ses mesures exceptionnelles. Mais dans la soirée, le président annonce la dissolution pure et simple de l’assemblée.
Ce 30 mars, dans la soirée, le président tunisien annonce la dissolution du Parlement, huit mois après l’avoir suspendu pour s’arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Kais Saied a fait cette annonce lors d’une réunion du “Conseil de sécurité nationale” qu’il a présidée, quelques heures après que des députés ont bravé la suspension du Parlement en organisant une séance virtuelle, au cours de laquelle ils ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées depuis par le président.
Une suite inexorable
Après des mois de blocage politique, Kais Saied, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement.
Le 22 septembre, le chef de l’État a officialisé ses pleins pouvoirs par des “mesures exceptionnelles” qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le conseil des ministres et de modifier les lois du pays.
Séance plénière virtuelle
À l’appel du Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), une instance qui regroupe la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant, 120 députés (sur un total de 217) ont participé à cette plénière en ligne, présidée par Tarek Fertiti, vice-président du Parlement, un indépendant.
Le président de l’ARP, Rached Ghannouchi, également chef du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, n’a pas participé à cette plénière.
Cent-seize députés ont voté en faveur d’un projet de loi visant à annuler les mesures exceptionnelles prises par le président Saied, qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent le pouvoir d’un seul homme dans le pays berceau du Printemps arabe.