Depuis des décennies des dizaines de clandestins Algériens se donnent rendez-vous chaque jour sur la place Arnaud-Bernard. Au fil des ans, leur nombre a diminué.
« Je ne te mens pas, en ce moment j’ai des problèmes » raconte en arabe un Algérien au téléphone à Arnaud-Bernard. Cette phrase est révélatrice du quotidien des dizaines de clandestins – originaires pour la plupart de Mostaganem – qui passent leur journée contre les murs de la place, espérant gratter quelques pièces avec le trafic de cigarettes et de cannabis la journée. La nuit, ils rejoignent les squats où ils dorment. Ce manège dure depuis plus de 20ans dans cet endroit, réputé terre d’accueil des immigrés algériens. Moustache* a travaillé dans « tous les commerces » de la place. Il a également habité dans le quartier pendant plusieurs années. Le Toulousain assure qu’à Arnaud-Bernard « les immigrés ont toujours trouvé leur place ».
“On m’a dit c’est un quartier arabe”
M. est arrivé en France il y a 14ans. Sans repère, il s’est rapidement retrouvé à fréquenter la place.« On m’a dit « c’est un quartier arabe ». J’ai pris mes habitudes », confie l’originaire d’Oran. Lui n’a jamais baigné dans les trafics. «Ils vendent ce qu’ils peuvent pour manger. Leur mode de vie est loin d’être un choix », raconte Moustache. En face de lui, une voiture de la police municipale est stationnée. Plus loin, un autre équipage patrouille. La mairie de Toulouse veut offrir un lifting à la place. Travaux, nouveaux commerces… Arnaud Bernard change progressivement de visage et de population. Un commerçant présent depuis les années 2000 témoigne : « On sent la métamorphose. Il y a moins de deals qu’il a quelques années. » Dans les locaux du Secours Catholique, le même constat est dressé. Andrew Nguyen The Hien, le coordinateur du pôle errance, confie qu’avec la présence policière « de moins en moins d’immigrés traînent sur la place ».« On en accueille depuis toujours. Ils ont toujours été respectueux, précise-t-il. Mais leur nombre a baissé. Un jour, il n’y en aura quasiment plus ».Les clandestins de Mostaganem se dispersent progressivement aux quatre coins de la ville.
Hocine Zaoui