La Syrie revient hélas à la Une (1) mais l’a-t-elle jamais quittée ? C’est toujours Idlib qui trinque et surtout sa population civile –mais toute population otage des conflits n’est-elle pas toujours civile ? -coincée dans ce cul de sac, pilonné par l’armée de Bachar et de ses alliés russes.
Sorti en octobre dernier, le recueil Syriens en Regards doit son titre au subtil travail photographique de Ken, bordelais né en Guyane il y a une quarantaine d’année, grandi au Grand-Parc et dont l’œuvre, de la Street photographie, est visible sur son blog l’Œil de Ken. (2) (3) Regards car tous les personnes dont le témoignage d’exil a été recueilli dans cet ouvrage donne à voir au photographe leur visage en gros plan et surtout leurs yeux, leurs regards.
Celui d’Ahmad, l’enfant qui orne la couverture est avec Fatima et Omar, nés de Zahra et Khalil, couple sunnite originaire respectivement de Sfireh et Alep. Une histoire dramatiquement banale qui les chasse de leur pays, lui s’implique dans le révolution de 2011 jusqu’à être contraint à la fuite avec sa famille : la Turquie puis la Grèce, le bateau qui tombe en panne au milieu de la mer, des heures à tenter de survivre dans la dérive de l’esquif, aucun d’eux ne sait nager… au bout du calvaire, c’est la France qui les accueille, un havre où se reconstruire doucement.
Les textes qui relatent ces parcours d’exil sont écrit par Charlotte Canat, bibliothécaire à Bordeaux ; chaque portrait s’inspire d’un modèle identique et débute par ces 4 phrases, presque des vers, comme suit :
Wared est son prénom,
25 ans est son âge,
Homs est sa ville,
Sunnite est sa confession.
Le récit semble un long poème en prose, donnant une dimension épique à ces destins humains.
Jean-François Meekel
2 : https://loeildeken.fr/mes-livres/
3 : autres publications signé Ken : Comme une ombre dans la ville (2015) et Les Glycines (2016), les deux comme Syriens en Regards aux Editions landaises Passiflore
Ps : merci à Théo qui m’a offert ce livre.