20 octobre 2023 à 18h47
La justice administrative française a suspendu vendredi 20 octobre l’arrêté d’expulsion visant Mariam Abou Daqqa, militante du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mais le ministère de l’intérieur a indiqué à l’AFP que l’État ferait appel de cette décision.
« Le ministre de l’intérieur a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté d’aller et venir » de Mariam Abou Daqqa, estime le juge des référés du tribunal administratif de Paris dans son ordonnance, dont l’AFP a eu connaissance.
La militante du FPLP, une organisation de gauche radicale qualifiée de « terroriste » par Israël et l’Union européenne, arrivée légalement en France fin septembre pour y tenir des conférences, s’était vu notifier lundi d’un arrêté d’expulsion rendu par le ministère de l’intérieur.
Dans l’attente de cette expulsion, elle a été assignée à résidence dans les Bouches-du-Rhône (Sud-Est), jusqu’à la fin novembre.
Elle a contesté cet arrêté vendredi matin devant le tribunal administratif dans le cadre d’un référé-liberté, une procédure d’urgence.
« Je suis extrêmement satisfaite de cette décision, qui constitue un camouflet pour le gouvernement qui a cherché à utiliser une mesure de police des étrangers pour contraindre une parole critique », a réagi auprès de l’AFP son avocate, Julie Gonidec.
« C’est une vraie victoire contre la criminalisation de tout soutien au peuple palestinien à laquelle nous assistons depuis quelques jours », a-t-elle ajouté.
Lors de l’audience, l’avocate a rappelé qu’un visa avait été délivré en août par les services consulaires français de Jérusalem à sa cliente, « militante depuis des décennies » du FPLP, et que le ministère de l’intérieur créait « une menace par un contexte et non par un comportement individuel ».
« L’État va faire appel » de cette décision, a indiqué à l’AFP le ministère de l’intérieur, sans autre commentaire.
À l’audience, la représentante du ministère avait fait valoir que lorsque la militante avait obtenu son visa, le contexte « n’était pas aussi éruptif », mais que l’attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre avait changé la donne.
Mariam Abou Daqqa n’a « pas appelé à soutenir le Hamas ni tenu de propos antisémites ni commis d’agissements de provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence contre un groupe de personnes en raison de son appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion », a estimé pour sa part le tribunal administratif.
Son expulsion, ordonnée en urgence absolue, n’est « ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée à la nature des troubles à l’ordre public que sa présence est susceptible d’entraîner », a-t-il ajouté dans sa décision.
Lire notre entretien avec la militante : Mariam Abou Daqqa : « Le gouvernement m’assimile à une terroriste parce que je dénonce les bombes israéliennes ».
Mediapart n’a pas participé à la rédaction de cette dépêche, qui fait partie du flux automatisé de l’Agence France-Presse (AFP).
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