La sobriété : un mot longtemps honni tout comme celui de décroissance : la sobriété, pas la tempérance alcoolique mal vu dans nos contrées viticoles mais la sobriété consumériste, synonyme de retenue, de mesure en période d’ère pénurique, un autre item que l’on retrouve ces jours-ci dans les titres de la presse. Car les crises ont ceci d’utiles, elles accélèrent les prises de conscience, pas nécessairement les actes qui devraient s’en suivre hélas ! Car si tous, presque tous les candidats à l’investiture parlementaire s’accordent peu ou prou sur la nécessité d’une planification écologique, les moyens pour y parvenir diffère très sensiblement.
Le nucléaire par exemple. Corinne Lepage ancienne ministre de l’environnement d’un gouvernement Juppé, signe une tribune dans le Monde. Et si elle fait référence aux années 1970 qui ont vu la France investir massivement dans le nucléaire, un exploit qu’il faut renouveler mais aujourd’hui dans les énergies renouvelables. Mais surtout pas dans le nucléaire comme le veut le président Macron. Pour Corinne Lepage, tous les voyants sont au rouge sur la filière nucléaire. Même si nous voulions et pouvions réaliser dans les 20 ans à venir six réacteurs EPR cela ne résoudrait en rien nos problèmes actuels et à venir. Le pdt de l’autorité de sécurité nucléaire a très clairement indiqué que la prolongation à 60 ans de la durée de vie de nos centrales était plus qu’improbable et même que la prolongation à cinquante ans était problématique. 0n sait par ailleurs qu’aujourd’hui la moitié du parc nucléaire est indisponible, du fait de problème de corrosion et l’épidémie n’est pas terminée semble-t-il, ce qui va nous poser à très court terme, cet été peut-être, des problèmes d’alimentation électrique et l’obligation d’importer des kWh très chèrs. La dette déjà abyssale d’EDF va gonfler d’autant. La sobriété énergétique risque de n’être plus un choix de société mais une obligation impérative…
Sur ce sujet je vous engage aussi à lire le très long et passionnant entretien réalisé par le site Reporterre de Bernard Laponche, ancien ingénieur nucléaire au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) un garçon de 84 ans qui sait de quoi il parle. Pour lui « Le nucléaire est dangereux, et ceux qui s’en occupent tout autant » et « les industriels sont dans le déni, les politiques n’y connaissent rien »
Jean-François Meekel