- Le MRAP a toujours considéré qu’il y a des liens profonds entre les fléaux du racisme et des discriminations et l’ensemble des problèmes de la société. L’actuelle crise sociale que traverse la France ne sera pas sans conséquences sur le monde de justice, d’égalité et de droit auquel nous aspirons.
Le système des retraites, la possibilité pour tous de profiter, après une vie de travail, d’une période de vie sereine et heureuse, et cela suffisamment tôt, est un des acquis sociaux essentiels des luttes du siècle dernier. L’immense majorité de la population exprime son refus d’un nouveau recul de ce droit. Un échec de cette résistance pourrait aggraver les frustrations et les tensions dans la société, créant un terreau favorable, on le sait, à toutes les dérives et toutes les agressivités, y compris les plus mal placées. Nous savons que la colère peut se tromper de cible.
La crise n’est pas seulement sociale, elle est politique. La démocratie représentative est en crise depuis de longues années. Son image et sa crédibilité sont de nouveau gravement affectées par le gouvernement qui a usé de toutes les stratégies institutionnelles pour contourner le rejet de la réforme. Même l’efficacité des mobilisations de masse et démocratiques est questionnée. La méfiance pour les institutions étatiques, hélas pas sans fondement, peut alimenter lui aussi toutes sortes de dérives populistes ou autoritaires. Tout le monde constate que le RN observe de loin la situation, cultivant patiemment son image, à la fois de réceptacle de la colère et d’alternative gouvernementale crédible.
La répression brutale par le gouvernement de la colère qu’il a lui-même suscitée, outre les dangers pour les personnes et la mise en cause du droit de manifester, enfonce encore un peu plus le pays dans la crise. Une fois de plus, elle révèle le racisme qui anime certains membres des forces de l’ordre.
Les forces politiques et syndicales avancent bien d’autres perspectives sociétales et financières possibles pour assurer l’avenir des retraites. Le gouvernement insiste, lui, de façon têtue sur les perspectives démographiques de la France et la nécessité de “travailler plus” pour créer plus de richesses. Pourquoi refuse-t-il alors la régularisation de tous les Sans-papiers et l’accueil des migrants, majoritairement dans la tranche d’âge active, qui ne demandent qu’à venir travailler, créer de la richesse et cotiser en France ? De nombreux pays vieillissants réfléchissent sérieusement à leur politique migratoire. Le MRAP refuse la prétendue solution d’une politique nataliste censée éviter le recours aux travailleurs immigrés, prônée par le RN et essayée par Victor Orban.
Le MRAP confirme la pertinence de son orientation : les différents combats sociaux ne sauraient être indépendants les uns des autres. Il est solidaire du mouvement de refus de la nouvelle loi sur les retraites.