Où va mener la politique des puissances occidentales apportant un soutien sans conditions à Israël ? Bien sûr à la poursuite et à l’aggravation de la politique israélienne qui a mené à la catastrophe actuelle. On ose à peine imaginer les nouvelles terribles conséquences. Aujourd’hui que nous sommes face à une catastrophe, nous prenons tous le chemin d’une catastrophe encore plus grande.
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Tout décideur dans le champ politique, économique ou médiatique est confronté en permanence à des choix difficiles. Une fois la décision prise, la meilleure méthode pour ne pas s’empêtrer dans les conséquences d’un mauvais choix est de se poser une seule question : où mène ce chemin que j’ai décidé de prendre ?
Faisons un peu de politique fiction. Supposons que les hommes politiques israéliens toutes tendances confondues se soient posé il y a quelques années les questions suivantes : où mène cette politique d’asphyxie de Gaza depuis 2006 ? Où mène cette guerre répétée qui ne fait que renforcer la détermination de notre ennemi ? Où mène la violence systémique qui a coûté des centaines de victimes civiles l’année dernière ? Où mène la politique d’enfermement de milliers de Palestiniens souvent sans la moindre justification légale ? Où mène la politique de colonisation rampante des territoires occupés, rendant caduque le projet de deux États et plongeant les Palestiniens dans le désespoir de toute solution à un calvaire qui dure depuis un siècle ?
La réponse aurait été évidente, résumée en un seul mot : une catastrophe pour tout le monde.
Maintenant que la catastrophe a eu lieu et que ses conséquences terribles se déroulent sous nos yeux, la même question se pose aux mêmes acteurs politiques et médiatiques mais de façon encore plus angoissante : où mène le chemin que nous avons décidé de prendre ?
Détaillons la question pour être plus précis.
Où va mener la politique des puissances occidentales apportant un soutien sans conditions à Israël ? Bien sûr à la poursuite et à l’aggravation de la politique israélienne qui a mené à la catastrophe actuelle. On ose à peine imaginer les nouvelles terribles conséquences.
Il y aussi le raidissement probable de tous les acteurs politiques, essentiellement le renforcement de l’extrémisme dans nos pays et des partis d’extrême droite dans les pays occidentaux. La démocratie, déjà en difficulté dans tous les pays du monde, n’est pas près de reprendre sa marche et d’espérer conquérir de nouveaux terrains, notamment dans le monde arabe.
Maintenant posons-nous la question : où va mener la politique des médias occidentaux chauffant à blanc les opinions publiques américaines et européennes contre les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans tous mis dans le même sac de la barbarie ? Bien sûr, le résultat est l’élargissement du fossé séparant déjà ces opinions publiques des nôtres qui se sentent victimes d’un intolérable double standard quand il s’agit de juger la “barbarie” des uns et des autres.
La conséquence la plus grave de ces politiques est qu’elles mènent tout droit non seulement à des catastrophes politiques et économiques mais à une profonde crise des valeurs.
Oui il faut condamner sans la moindre nuance ni justification les violences perpétrées contre les civils… mais contre tous les civils. La douleur d’une mère israélienne et celle d’une mère palestinienne sont de même nature et de même valeur.
C’est le double standard des occidentaux face à la douleur des Israéliens et à celle des Palestiniens qui a toujours scandalisé les opinions publiques arabes et qui a affaibli à leurs yeux toutes les prétentions affichées à l’humanisme et à la supériorité morale.
Aujourd’hui que nous sommes face à une catastrophe et que nous prenons tous le chemin d’une catastrophe encore plus grande, il est de la responsabilité politique et éthique de tous les acteurs politiques, médiatiques et économiques de se poser la seule et unique question qui vaille la peine d’être posée si nous ne voulons pas que les portes de l’enfer s’ouvrent devant nous tous :
Quel est le chemin qui mène à l’arrêt rapide de la violence, à l’apaisement, à la réconciliation et à la paix ?
Par Moncef Marzouki, Ex-Président de la Tunisie