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Manifestations en Iran : « J’ai quitté l’Iran, mais l’Iran ne m’a pas quittée », lance la coordinatrice d’un collectif, de passage dans les Landes
Panthéa Kian a lancé la création du collectif girondin pour l’Iran lorsque Mahsa Amini a été tuée le 16 septembre. © Crédit photo : Laurent Theillet/ « SUD OUEST »

Par Coralie Lamarque – montdemarsan@sudouest.fr
Publié le 26/03/2023 à 7h30

Panthéa Kian, coordinatrice franco-iranienne de Femme, vie, liberté, créé en Gironde suite au mouvement de protestation qui anime le pays, sera à Mont-de-Marsan mardi 28 mars pour une intervention dans les lycées Despiau et Duruy, et un ciné débat sur l’Iran

Quel est l’objectif du collectif girondin Femme, vie, liberté ?

Pour les Iraniens de Bordeaux comme d’ailleurs, il y avait un besoin de se retrouver pour soutenir ceux en Iran et d’exprimer cette révolte. C’est aussi, dans l’intention, de faire l’écho de ce qui se passe dans le pays, de relayer les revendications de la société iranienne – en particulier de la jeunesse. Notamment pour faire comprendre à la société française que le régime iranien est une entité rétrograde, un État islamique qui veut diffuser son idéologie en décalage avec l’époque.

L’action de l’association culturelle que vous présidez, Trésors d’Iran, est-elle complémentaire de celle menée avec le collectif ?

La culture est déjà politique en Iran. Nous avons créé l’association culturelle par reconnaissance du fait qu’il faut se battre pour maintenir notre civilisation attaquée par l’islam politique.

L’association ne peut pas avoir des activités politiques avec son statut, mais le collectif participe à des actions de Trésors d’Iran. Ce sont deux combats qu’il faut mener en parallèle : d’un côté la valorisation de la culture ancestrale avec l’association, et de l’autre la lutte pour les droits humains avec le collectif.

Pourquoi venir dans les Landes ?

Amnesty International – avec qui nous sommes régulièrement en collaboration avec le collectif – m’a demandé de participer à la campagne d’information qui porte cette année sur la révolution iranienne. Évidemment, j’ai accepté de les accompagner pour porter la voix des Iraniens jusqu’aux Landais, car je ne connais ni association ni collectif pour l’Iran dans le département.

Pensez-vous que les jeunes soient suffisamment informés sur ce qui se passe en Iran ?

Non, car les médias en parlent beaucoup moins. Les lycéens montois comprennent certainement très bien les événements, mais je pense que pour eux, l’Iran semble tellement loin… C’est mon devoir d’aller face à leurs questions. Je ne les appréhende pas, au contraire, même si je n’ai jamais été face à des lycéens pour voir le genre de questions qu’ils se posent.

Cela fait six mois que Mahsa Amini (1) a été tuée et la protestation perdure. La solidarité est-elle toujours aussi forte ? Par exemple, vous étiez une vingtaine de personnes le 8 mars lors d’un rassemblement à Bordeaux…

La solidarité des Français n’a pas diminué. Par exemple, pour inaugurer trois fresques à Darwin (à Bordeaux, NDLR), nous avons reçu un soutien financier important, sans quoi nous n’aurions pas pu les créer. Le 8 mars, nous avons installé des banderoles à l’effigie des femmes contre le musée de la Résistance à Bordeaux. Nous n’avons pas lancé un appel comme pour un rassemblement, car nous savions que les personnes qui nous soutiennent seraient à la manifestation. C’était symbolique, le but n’était pas de rassembler le plus grand nombre, sinon on ne l’aurait pas fait le 8 mars.

Quel lien gardez-vous avec votre pays natal ?

J’ai quitté l’Iran, mais l’Iran ne m’a pas quittée. Quand on en part, c’est seulement le corps qui migre, le cœur et l’esprit y restent, c’est la magie de ce pays. Mais j’ai été réfugiée politique très tôt car même en arrivant en France pour les études, je continuais à dénoncer la prise de pouvoir du régime.

J’ai dû prendre l’asile politique à partir de 1981, car mon nom était connu et je n’ai pas pu renouveler mon passeport iranien. J’ai obtenu la double nationalité en 1995, je retournais en Iran tous les ans. Mais depuis septembre, c’est devenu trop dangereux.

Vous participerez également à un ciné débat mardi soir sur « Aucun Ours », de Jafar Panahi (lire ci-contre). Que pensez-vous du film et de son réalisateur ?

Je n’ai pas encore vu le film, simplement des séquences. Ce documentaire fiction présente la réalité des relations sociales en Iran et l’envie de s’échapper de l’autre côté de la frontière. Jafar Panahi a été interdit de filmer, puis fait prisonnier. « Aucun Ours » a été tourné en cachette, le réalisateur utilise des métaphores pour s’exprimer. Cela peut être compliqué à comprendre pour des lycéens. Ce film a été produit avant les événements de septembre, il ne montre pas ce qui se passe aujourd’hui. Mais les films de Jafar Panahi sont le miroir des problèmes dans la société iranienne.

(1) Mahsa Amini, étudiante de 22 ans, est décédée le 16 septembre 2022, trois jours après son arrestation par la police des mœurs, pour infraction au code vestimentaire de la République islamique. Sa mort a déclenché une série de manifestations historiques dans le pays.

Ciné débat

Le cinéma Le Grand Club à Mont-de-Marsan diffusera « Aucun Ours », du réalisateur iranien Jafar Panahi, ce mardi 28 mars à 19 h 30. Le film, en version originale sous-titrée en français sera suivi d’un débat sur la situation en Iran. L’échange sera animé par Panthéa Tzourio-Kian et Danielle Finance, responsable régionale d’Amnesty International. Le prix d’entrée est fixé à 5,90€, et 4,50€ pour les moins de 26 ans.

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