Scolarisée en terminale, Ana-Maria Baciu est arrivée à Bordeaux pour des raisons médicales. Depuis décembre 2022, elle et sa mère sont sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. Une pétition est lancée.
La mobilisation se poursuit au lycée Magendie pour Shenaya Fernando Onel, lycéenne srilankaise menacée d’expulsion. Les élèves, leurs parents et enseignants, se sont réunis ce jeudi 5 octobre pour la soutenir et aussi alerter sur le cas d’une autre jeune menacée d’expulsion.
Ana-Maria Baciu, moldave de 18 ans, a reçu en décembre 2022 une obligation de quitter le territoire français (OQTF), tout comme sa mère. Une pétition est mise en ligne pour dénoncer cette situation.
« Avoir une vie normale »
Ana-Maria Baciu est arrivée en France en 2019 avec sa mère, Aurélia Pospecu. Atteinte d’une tumeur cancéreuse au cerveau, la jeune femme ne peut être soignée dans son pays d’origine :
« Les médecins là bas m’ont donné trois mois à vivre. Nous sommes arrivées à Bordeaux car nous y connaissions un ami. J’ai été prise en charge à l’hôpital Pellegrin. »
À leur arrivée en France, Ana-Maria Baciu et sa mère font une demande d’asile. Elles sont alors hébergées dans un CADA pendant un an. La demande d’asile refusée, la jeune femme obtient un titre de séjour étranger malade et sa mère un titre d’accompagnante.
Ces titres de séjours ne seront pas renouvelés et les OQTF tombent. Les recours, eux, ont été rejetés. Bien que guérie de sa tumeur, Ana-Maria Baciu doit être suivie régulièrement et effectuer des IRM. Sa mère, elle, a été embauchée en CDI dans le secteur de la grande distribution.
Elles sont aujourd’hui hébergées par le Diaconat. Ana-Maria espère être régularisée afin de poursuivre ses études en France :
« Depuis que je suis ici, nous n’avons eu que des solutions d’hébergement temporaires. Je voudrais avoir une vie normale et de la stabilité. Je souhaite étudier les sciences politiques et les relations internationales. »
Droit à l’éducation
Sandrine Nebout, sa professeure de français à l’unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) à Magendie, s’insurge :
« C’est une jeune fille pleine de volonté. Elle a appris le français à l’hôpital rien que pour comprendre ce qui se dit sur son cas. Elle sort d’une expérience traumatisante et elle est rassurée à l’idée de vivre en France, d’apprendre et d’envisager un avenir et une nouvelle vie. »
« Le droit à l’éducation est fondamental », ajoute Adeline Masson, membre de la FCPE (fédération des parents d’élèves), qui décrit une « situation aberrante ». À l’instar des professeurs membres du comité de soutien, elle évoque une « égalité des chances » mise à mal par les procédures d’expulsion :
« Ana-Maria est scolarisée et se projette ici, elle a développé des attaches stables. Comme pour Shenaya, l’OQTF est une décision qui vient rompre l’intégration et créer de l’instabilité. »
Votée lors d’une AG réunie ce jeudi, un nouveau rassemblement de soutien aux deux lycéennes est prévu lundi 9 octobre, à 10h, devant les grilles de Magendie. De son côté, la Préfecture n’a pour l’instant pas répondu à notre sollicitation.
L’AUTEUR
Victoria Berthet
Journaliste, diplômée de l’IJBA. Du terrain, des faits et de la nuance.