Un travail colossal mené par Jean-Jacques Gillot, Francis André Boddard, Guy-Francis Lachappelle du Bois et Martine Pinaud évoque le parcours de pas moins de 16 000 prisonniers de guerre périgourdins. Le tome 2 (lette C à F) vient d’être publié par les éditions de l’Ilôt. L’un des auteurs a répondu à nos questions.
Jean-Jacques Gillot, à combien estimez-vous le nombre de ces prisonniers de guerre périgourdins ?
Il est Impossibilité de fixer un chiffre exhaustif des prisonniers de guerre liés au Périgord et à la partie de Gironde rattachée par le fait de la ligne de démarcation. Mais, entre les natifs, les venus d’ailleurs parmi lesquels les immigrés bretons, vendéens, italiens, espagnols, polonais, le chiffre de 16.000 est l’estimation des plus probables. Il s’agit souvent de captifs après les combats souvent durs comme ceux de la poche de Dunkerque, l’enveloppement des Vosges ou la défense de la Loire…
Comment se déroulait la détention ?
Ces prisonniers étaient détenus dans un premier temps dans ce que l’on appelle les Frontstalag, en fait des camps de prisonniers de l’armée allemande situés dans la zone occupée française. Dans un deuxième temps, ils étaient envoyés progressivement outre-Rhin jusqu’au printemps 1941.
Bien sûr, ces prisonniers de guerre sont tous des hommes ?
Il n’y avait pas de femmes mobilisées aux armées, mais près de la moitié des captifs étaient mariés et la plupart du temps pères de famille. D’où un énorme impact social, économique, affectif et des conséquences politiques évidentes par pression allemandes sur Vichy, car encore plus des deux tiers des prisonniers le resteront jusqu’au printemps 1945. Certains ne reviendront, via l’URSS, qu’en septembre de cette année-là.
Parmi ces prisonniers, combien ne sont jamais revenus ?
Parmi ces 16000 prisonniers, environ 800 sont morts selon nos recherches auquel il faut rajouter bon nombre de morts prématurées ultérieures et des affections psychiques définitives. Il y a eu très peu de reconnaissance des pouvoirs publics pour ces prisonniers de guerre alors que les responsables étaient les gouvernements des années 30 et des chefs militaires incompétents. Ils ont été largement oubliés à titre mémoriel, y compris par les universitaires dits “émérites”, les manuels scolaires et les partis politiques dominants leur préférant la seule exhortation des résistants du maquis. Il y avait donc un gros vide à combler.
Jean-Jacques Gillot dédicacera l’ouvrage, le 15 août au salon du livre de Sourzac, le 3 septembre à celui de Port-Sainte-Foy, le 8 septembre à Monplaisant et le 24 septembre à Monpazier