Nathalie Col, France Bleu Limousin, France Bleu
Le musée de la Résistance de Limoges lance un appel afin de récolter des objets datant de la guerre d’Algérie, pour une exposition prévue à l’automne. Une manière de marquer les 60 ans des accords d’Evian, signés en 1962 pour mettre fin au conflit. Quelques Limougeauds ont déjà fait des prêts.
À l’occasion des 60 ans des accords d’Evian, qui ont mis fin à la guerre d’Algérie, le musée de la Résistance de Limoges lance un appel pour recueillir des objets datant de cette époque. Le but est de monter une exposition qui sera présentée à l’automne prochain avec ces objets et les témoignages de leurs propriétaires. Plusieurs Limougeauds ont déjà accepté de faire des prêts, souvent avec beaucoup d’émotion.
Parmi les personnes qui ont répondu à l’appel du musée de la Résistance, Claude Sicard aligne des photos, dessins et feuilles manuscrites couvertes de sa plus belle écriture. Jeune appelé Limougeaud incorporé dans un régiment d’artillerie en 1960, il a 19 ans quand il débarque en Algérie. Il découvre alors un pays qui le bouleverse, tant par sa beauté que par les horreurs auxquelles il est confronté.
“Je ne savais pas ce qui nous attendait, je le pressentais, mais je ne le savais pas. Mais j’ai repris vite confiance parce que le pays m’a plu et surtout ce ciel bleu rex, c’était formidable. Ça m’a emballé, ce qui m’a permis de faire des dessins et des peintures.” Car Claude, photographe de profession, a un véritable talent pour le dessin et la peinture.
Ce sera son échappatoire durant cette période, au cours de laquelle il est affecté à l’entretien et la réparation de lignes téléphoniques avec son régiment. Il dessine dès qu’il peut, assis à l’arrière d’une jeep ou encore dans le poulailler qui lui sert de dortoir. Il parvient à envoyer certaines de ses œuvres à ses parents en France.
C’était pour moi une façon de marquer ce que nous avons connu. Je voulais en garder un témoignage – Claude Sicard
Ce sont quelques uns de ces dessins, peintures et lettres de l’époque, ainsi que des photos que l’octogénaire confie au Musée de la Résistance pour cette exposition. Des documents précieux que la directrice recueille tout en l’écoutant raconter comment il a vécu cette période, sur laquelle il s’est aussi mis à écrire récemment. “Ce qui m’a motivé, c’est d’abord de laisser une trace pour mes petits enfants plus tard. Et aussi, peut être pour ne pas oublier”
C’est une mine d’or ! – Annie Martin la directrice du Musée de la Résistance de Limoges
Touchée par son récit, Annie Martin la directrice du Musée de la Résistance de Limoges, est émerveillée par les documents qu’il présente. “C’est une mine d’or ! C’est à la fois une tranche de vie, son adaptation à la situation. Et puis, je dirais qu’il s’agit d’une histoire à hauteur d’hommes et de femmes.” C’est exactement l’ambition de cette exposition, dont le but est de retracer cette période de tous les points de vue. Mais il manque encore des objets, notamment de la part de Pieds-Noirs ou de Harkis qui ont vécu la guerre d’Algérie et conservent encore des souvenirs de cette époque.
Une exposition pour montrer que la souffrance n’a pas de carte d’identité – Annie Martin
Cette mission est compliquée, car pour certains ça reste douloureux de revenir sur ce passé. “Il y a beaucoup d’émotionnel, parce que beaucoup sont rentrés et sont restés silencieux. Leurs blessures, ils les ont gardé au fond d’eux mêmes. C’est extrêmement difficile d’en parler.” Annie Martin insiste toutefois sur le fait que l’idée de cette exposition n’est pas de rouvrir les plaies ou les conflits. Il s’agit au contraire d’aborder les événements de manière apaisée et de redonner la parole à tous “pour montrer que la souffrance n’a pas de carte d’identité”. Le musée de la Résistance de Limoges se donne encore quelques mois pour récolter des objets pour cette exposition qui doit débuter le 22 octobre prochain.