Pionnière de l’histoire des femmes, archiviste, romancière primée, grand reporter, communiste, résistante, membre de deux cabinets ministériels, militante anticolonialiste. Passionnée, intègre, intransigeante, jalouse. Édith Thomas : de la “très très chic fille” au “Grand seigneur en exil”.
Peut-être “trop lucide”, “fondamentalement malheureuse et dépressive”, elle est restée fidèle toute sa vie à ses valeurs, déplorant comme elle le disait elle-même l’attelage qui la caractérisait, “cerveau d’homme, corps de femme, genou de vieillard“. Solitaire mais pas isolée, elle était tombée dans un relatif oubli après sa mort. Puis les éditions Viviane Hamy sortent des inédits, Le témoin compromis et Pages de journal, 1939-1944 (1995) avant de rééditer son dernier roman, Le jeu d’échecs (2018). Dix ans plus tard, Angie David lui réserve un chapitre entier dans sa monumentale biographie de Dominique Aury (éditions Léo Scheer, 2006). Dorothy Kauffman-McCall lui consacre une biographie (Passionnément résistante, éditions Autrement, 2007). Le public, notamment celui qui s’intéresse à l’histoire des femmes, redécouvre Les Pétroleuses (1963, réédition 2019 puis 2021 dans la collection Folio Histoire) et l’Université (Isabelle Tournier, Paris 8) s’intéresse aux papiers qu’elle a déposés aux Archives nationales, classés sous la direction de Denise Ogilvie. Reconnue aujourd’hui comme une pionnière de l’histoire des femmes, elle trouvait le titre d’archiviste paléographe ridicule et traita souvent par le mépris le métier qu’elle dut exercer. Et pourtant, chartiste un jour, chartiste toujours… La formation de l’École des chartes a-t-elle influencé Édith Thomas ? Y a-t-elle trouvé des amis, des soutiens ? S’en est-elle totalement dégagée ? Nous allons tenter de donner quelques réponses.