Ancien délinquant, ancien policier et militant antiraciste, Eric Adams succède à l’impopulaire Bill de Blasio. Il a obtenu mardi 67 % des suffrages selon les résultats préliminaires.
Par L’Obs avec AFP · Publié le ·
Il est le second maire afro-américain de l’histoire de New York. L’ancien policier et militant antiraciste Eric Adams a remporté haut la main, mardi, la mairie de la mégapole américaine, un parcours hors du commun pour cet enfant d’une famille pauvre qui avait flirté avec la criminalité.10 choses à savoir sur Eric Adams, élu maire de New York
L’élu démocrate de 61 ans a écrasé comme prévu son rival républicain Curtis Sliwa, 67 ans, selon des résultats préliminaires du bureau des élections. Eric Adams a ainsi raflé 67 % des suffrages exprimés contre environ 27 % pour Curtis Sliwa, dans une ville classée à gauche mais où les inégalités économiques et sociales entre différentes communautés sont extrêmement marquées.
« Ce soir, j’ai réalisé mon rêve et, de tout mon cœur, je vais lever les barrières qui vous empêchent de réaliser les vôtres », a lancé le nouvel édile, tout sourire, chemise blanche et pouce levé devant ses partisans réunis dans un hôtel de Brooklyn
Cette victoire est de fait une consécration pour Eric Adams, élevé par des parents défavorisés de Brooklyn et du Queens où il a connu la délinquance et les interpellations policières violentes avant de devenir capitaine de police et d’y créer un syndicat de lutte contre le racisme. Il est entré ensuite en politique, élu local démocrate de l’Etat et de la ville de New York, tremplin vers la mairie.
« Le petit gars »
En larmes après avoir voté mardi matin dans son quartier natal, Eric Adams avait estimé que cette élection représentait une revanche sociale pour le « petit gars » qu’il était dans sa jeunesse et donc pour les New-Yorkais des classes populaires.
L’ancien policier Eric Adams a encore été très applaudi mardi soir lorsqu’il s’est de nouveau engagé à être intraitable contre les crimes et délits dont les indicateurs sont passés au rouge en 2020. « Nous n’allons pas seulement parler de sécurité, nous allons avoir de la sécurité », a-t-il promis
Dans les derniers jours de la campagne axée sur l’insécurité, le nouveau maire s’était confronté, à la télévision, à Curtis Sliwa, personnage haut en couleur, toujours coiffé d’un béret rouge et qui a créé en 1979 une sorte de milice, les « anges gardiens », patrouilles bénévoles censées lutter contre les agressions dans les rues, au côté de la police.
Jusqu’aux dernières heures de la campagne, il s’est affiché en défenseur des classes moyennes et populaires, mais aussi comme un proche des milieux d’affaires de Manhattan, poumon financier mondial.
Vingt-deux ans dans la police
Le successeur de l’impopulaire Bill de Blasio gérera le plus gros budget municipal des Etats-Unis : 98,7 milliards de dollars pour l’exercice 2021-2022.
Eric Adams aura aussi la main sur la plus importante force de police du pays (NYPD, 36 000 employés), dont il devra poursuivre les réformes, mais sans se mettre à dos son ancien corps d’origine puissant et très syndiqué.
Devenu policier lorsque New York était un coupe-gorge dans les années 1980, il y passe vingt-deux années jusqu’au rang de capitaine. En 1995, il y fonde un syndicat qui se bat encore contre le racisme. Car, dans son histoire, la police new-yorkaise a souvent été accusée de fermer les yeux sur des agents violents, racistes et corrompus. Et elle fut encore la cible de plaintes en 2020 pour la répression de manifestations antiracistes du mouvement Black Lives Matter, après le meurtre de George Floyd par un policier blanc à Minneapolis.
Dans une ville qui a payé un lourd tribut à la pandémie (34 000 morts), Eric Adams devra gérer le retour à la normale des écoles, bureaux et commerces. Lutter aussi contre les inégalités sociales criantes, le mal-logement, les infrastructures en piteux état, les risques climatiques. Faire fermer enfin Rikers Island, la prison surpeuplée et tristement connue pour son ultraviolence et son insalubrité. Par L’Obs avec AFP