Samuel Gontier

Publié le 13/06/22

Législatives : la Nupes « au coude-à-coude » avec les macronistes, les éditorialistes en panique
Législatives : la Nupes « au coude-à-coude » avec les macronistes, les éditorialistes en panique Montage d’après captures d’écran

CHRONIQUE “MA VIE AU POSTE” — Faut-il y voir “la schizophrénie des Français” diagnostiquée par Christophe Barbier ? Au premier tour des législatives, la Nupes a fait jeu égal avec la majorité présidentielle. Respectueuses de ce résultat, toutes les chaînes, de TF1 à BFMTV en passant par France 2 (sans parler de CNews) accordent la priorité à la droite et à l’extrême droite. Et mettent les électeurs en garde contre une alliance “hétéroclite” qui risque de les mener tout droit au goulag.

« On reprend la direction du terrain, on va à l’Élysée. » Il est 17h50, ce dimanche, et la présentatrice de LCI donne la définition du « terrain » selon les chaînes info : une reporter en faction place Beauvau pour relayer les éléments de langage que des « proches du président » lui communiquent par téléphone. Sur BFMTV, on s’inquiète de l’abstention record. « Peut-être que le problème, suggère la politologue Anne-Charlène Bezzina, c’est de ne plus avoir de campagne programmatique, on n’a pas eu de questions qui ont émergé. » Ah bon, les candidats, les partis n’avaient pas de programme ? Ou bien les médias comme BFMTV ont pris soin de ne pas en parler ? « Donc, on a ce problème des Français qui sont mis en face de l’émotionnel. » On se demande bien par qui. Apolline de Malherbe rappelle : « Il y a quinze ministres qui sont candidats, pour eux, c’est un peu Koh-Lanta. » Enfin, on parle d’un programme (de télé-réalité). « S’ils tombent du poteau, c’est fini, ils sortent du gouvernement. » Émotionnellement, c’est traumatisant.

© BFMTV

« On part à Cogolin, annonce Apolline de Malherbe, au restaurant Chez nous, c’est là qu’aura lieu la soirée d’Éric Zemmour. » Le reporter trompette : « Éric Zemmour fera son premier duplex avec nous vers 21h05 sur BFMTV. » Bravo BFM, belle exclusivité. « Éric Zemmour aura-t-il des députés ? », s’inquiète le bandeau tandis que l’envoyé spécial rapporte : « Il y a déjà du monde qui attend le leader de Reconquête. » En effet, pléthore de caméras et de micros se presse pour ce rendez-vous avec l’histoire.

© BFMTV

À propos de Zemmour et de journalisme, CNews s’interroge sur les alliances que les macronistes pourraient nouer à l’Assemblée s’ils n’ont pas la majorité absolue. « Les LR peuvent jouer le rôle de parti charnière, espère Ivan Rioufol, du Figaro. Mais le parti présidentiel peut jouer aussi avec LFI. N’oubliez pas que Mélenchon a appelé indirectement à voter pour le président. » Ah oui, Mélenchon est l’allié de Macron, c’est aussi ce que dit Marine Le Pen. « Et il n’est pas très loin dans sa vision de la société, une société multiculturelle. » Élisabeth Levy réplique : « Ça peut être une fois LR et une fois Nupes. Sur l’économie, ils vont aller chercher le soutien de LR. Mais le jour où il veut nous faire une loi “multiculti” ou pour contrôler mieux contrôler la police, il ira chercher Nupes. » J’ai hâte de voir Darmanin réclamer le soutien de LFI pour instaurer le récépissé de contrôle d’identité.

Sur BFMTV, Christophe Barbier analyse : « On est, dans ce pays, dans une schizophrénie puisqu’on veut d’un côté des ministres qui connaissent leurs dossiers, des spécialistes de la spécialité et puis, en même temps, les Français se disent : “On veut quand même des gens qui soient extraits de la démocratie… Ah oui mais on veut pas de cumulards.” » Les Français sont fous, il faudrait réserver le droit de vote aux éditorialistes. « Alain Juppé, en 1995, était Premier ministre, chef de son parti, député et maire de Bordeaux. Ça ne choquait personne, ce cumul. » En tout cas pas Christophe Barbier. « Aujourd’hui, c’est impossible. Donc y a beaucoup de contradictions dans les demandes des électeurs. » Il faudrait mettre les électeurs à l’asile.

© BFMTV

Sur le « terrain », le reporter de BFMTV place Beauvau évoque pour l’Élysée « un objectif principal, s’orienter vers une majorité absolue à l’Assemblée, seule option viable pour faire passer les réformes de ce deuxième quinquennat ». Réformes dont nous ne dirons pas la nature, ça pourrait amener les Français à se prononcer sur des programmes et non sur de « l’émotionnel ». « Merci Mathieu Coache en direct de l’Élysée, salue Maxime Switek, où Emmanuel Macron et Élisabeth Borne vont suivre les résultats sur BFMTV. » Mais bien sûr, ils ont besoin de BFMTV pour connaître les résultats, le ministère de l’Intérieur doit être occupé à effacer des enregistrements vidéo.

La soirée électorale démarre sur France 2, l’éditorialiste Nathalie Saint-Cricq décrypte l’alliance Nupes. « On sait qu’ils n’étaient d’accord sur presque rien pour constituer cet accord : pas d’accord sur l’Ukraine, pas d’accord sur l’Europe, pas d’accord sur le nucléaire, pas d’accord sur les impôts, pas d’accord sur les retraites [bis]… » Bref, ils ne sont d’accord sur rien, sauf pour se faire élire : « C’est donc un accord électoral. » Sans aucun programme commun, d’où l’obligation pour les électeurs de se décider en fonction de l’émotionnel. Laurent Delahousse salue la perspicacité de son éditorialiste : « On a compris que c’était un peu fragile, tout ça. — Un peu fragile, un peu précaire. » Il faut vraiment être schizophrène pour voter Nupes.

© France 2

Sur BFMTV, Amandine Atalaya revient sur la faible participation : « On n’a pas eu de thèmes de fond dans cette campagne. » Par exemple, la Nupes n’a fourni aucun programme (ni augmentation du Smic, ni retraite à 60 ans, ni réforme de l’impôt sur le revenu, etc.). Pas plus que LREM n’a proposé la retraite à 65 ans, la relance du nucléaire, etc. Du coup, BFMTV s’est trouvée contrainte de traiter la campagne sous l’angle émotionnel. « De quoi on a parlé ? On a eu la polémique du Stade de France, la polémique autour de Damien Abad, et la polémique sur cette jeune femme tuée par des policiers… Donc des événements assez extérieurs à cette élection. » Des faits divers émotionnels éloignés des thèmes de fond comme la doctrine du maintien de l’ordre, les violences faites aux femmes ou l’impunité policière. « Des événements très marqués sur des questions de sécurité, résume Apolline de Malherbe. Pour autant, on n’a pas l’impression que les questions de sécurité aient été au cœur de cette campagne. » Rappelons que les questions de sécurité concernent les basanés ensauvagés, pas les forces de l’ordre ni les violeurs.

© BFMTV
© TF1

À 20 heures, toutes les chaînes y vont de leurs projections en sièges. Bien qu’elles soient totalement « aléatoires », comme on l’admet sur France 2, bien que celles du premier tour de 2017 aient été grossièrement erronées (430 sièges annoncés pour LREM), on continue de les afficher (et même de les « affiner ») tout au long de la soirée, comme si les élections étaient déjà jouées. Après quoi, dimanche prochain, on s’étonnera que les électeurs ne se soient pas déplacés pour le second tour. « Regardons les pourcentages, propose le sondologue Jérôme Fourquet sur LCI. Y a un tassement très fort de la majorité présidentielle et y a un effet d’optique sur le score de la gauche. » En effet, sur le graphique, la colonne de la Nupes atteint la même hauteur que la colonne d’Ensemble. Curieux effet d’optique.

© LCI

Le premier direct de France 2 est pour le siège de LREM. Puis Laurent Delahousse suggère de « prendre la direction du QG de Serge Cimino… du QG de Jean-Luc Mélenchon avec Serge Cimino… » C’est presque pareil. Même si c’est le QG de la Nupes, et pas de Mélenchon ni de LFI. « En fait, je reprends la main, intervient Anne-Sophie Lapix, parce qu’on va d’abord se tourner vers celle qui a affronté Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Marine Le Pen est candidate à sa succession dans le Pas-de-Calais. » Priorité à l’extrême droite, sept points derrière l’alliance (contre nature) de la gauche.

© France 2

TF1, elle, réserve son premier duplex à l’envoyée spéciale à Tourcoing, où se joue la lutte contre les violences faites aux femmes et contre les violences policières : c’est là que se présente Gérald Darmanin. « On va rester dans le Nord-Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont », enchaîne Anne-Claire Coudray. C’est le fief de Marine Le Pen, dont tout porte à croire que le parti risque de disputer la majorité à LREM à l’Assemblée. S’ensuit un troisième duplex avec le ministère de l’Intérieur, arbitre des élégances électorales, l’occasion de célébrer la formidable performance de Jean-Michel Blanquer qui « à ce stade serait éliminé dès le premier tour ». Après quoi Anne-Claire Coudray propose de rejoindre « Oyonnax, où se présentait Damien Abad », une élection test parce qu’elle implique un ministre accusé de viol… oups, pardon, parce qu’elle implique une « prise de guerre » d’Emmanuel Macron.

© TF1

Il est 20h10 quand TF1 consent à donner la parole à une élue de gauche, Clémentine Autain, entourée, pour respecter les équilibres politiques, de quatre représentants de la droite (Gabriel Attal, Rachida Dati, Jordan Bardella et Guillaume Peltier). Avec la complicité de Gilles Bouleau et d’Anne-Claire Coudray, la candidate LFI est réduite au silence par des adversaires qui ne cessent de lui couper la parole. « Vous voulez transformer l’Assemblée nationale en ZAD », l’interrompt Jordan Bardella. « Le racisme en France, c’est vous !, l’arrête Rachida Dati. La discrimination en France, c’est vous ! Vous ne cherchez pas des électeurs, vous cherchez des victimes ! » L’élue LR parle d’un « pari raté pour Mélenchon » quand soudain Anne-Claire Coudray la réduit au silence : « Je vous coupe, Marine Le Pen est en train de prendre la parole et je vous la redonne après. » Ouf, on ne pourra pas dire que TF1 n’a pas accordé la priorité aux adversaires de l’extrême droite (je regrette quand même que la chaîne n’ait pas invité Nadine Morano).

© TF1
© France 2

Sur France 2, Gérald Darmanin rappelle que la lutte contre les violences sexuelles est la priorité de son gouvernement… pardon, que « la France n’est pas prête à avoir une majorité d’extrême gauche ». Sur son bout de trottoir, Guillaume Daret se vante : « J’ai la toute première réaction d’Emmanuel Macron. Je viens d’échanger avec l’un de ses conseillers. » C’est presque pareil. Et c’est un scoop ! Grâce à son envoyé spécial sur « le terrain » place Beauvau, France 2 est en mesure de relayer les premiers éléments de langage téléphonés par les communicants du président.

© France 2

Puis Anne-Sophie Lapix tente d’interroger le socialiste Olivier Faure en duplex mais « la liaison est vraiment catastrophique », aussi la présentatrice s’enorgueillit d’« organiser des retrouvailles sur notre plateau » avec un débat entre Gilbert Collard, ex-RN représentant de Reconquête (4 % des voix) et Laure Lavalette, du RN (parti arrivé troisième de ce premier tour). Ça fait plaisir de voir le service public œuvrer à l’union des droites, comme on dit sur CNews.

© France 2

À 20h56, Élisabeth Borne intervient sur toutes les chaînes. Son légendaire charisme me fait chavirer, surtout quand elle défend « nos valeurs » et qu’elle ajoute « la laïcité » à notre devise, comme tous les représentants du peuple de gauche (du Printemps républicain et du RN). J’applaudis encore quand elle dénonce « une confusion inédite aux extrêmes », preuve de sa capacité à éviter toute confusion entre les « extrêmes » d’extrême droite, racistes, islamophobes, et les extrêmes écologistes ou socialistes. Je suis en transe quand elle répète six fois que la Nupes est aussi « extrême » que le RN… mais beaucoup plus islamo-gauchiste, quand même.

© France 2

À 21h10, Zemmour est en direct sur toutes les chaînes info. Je suis très déçu pour BFMTV, qui prétendait détenir l’exclusivité de son intervention. Mais je suis comblé que LCI, CNews et BFMTV contribuent au pluralisme politique en diffusant in extenso le discours du chef d’un parti qui a fait pas moins de 4 % et n’aura aucun député, alors que ni TF1 ni France 2 ne daignent retransmettre sa précieuse allocution.

BFMTV enchaîne avec une course de moto aux trousses d’une auto (celle d’Élisabeth Borne quittant l’Élysée) sans laquelle il n’existe pas de soirée électorale digne d’un véritable journalisme. Benjamin Duhamel, fils de Nathalie Saint-Cricq et cousin de la ministre des Sports dont sa mère est donc la tante, rappelle : « On sait très bien que les configurations de duel sont favorables à la majorité présidentielle. » Puisqu’on vous dit que ça ne sert à rien d’aller voter dimanche prochain… N’y allez pas, ça nous permettra de disserter sur les ravages de l’abstention.

© BFMTV

Sur LCI, le célèbre politologue Éric Brunet livre son analyse : « La gauche revient du diable vauvert… » La gauche est diabolique, c’est bien connu. « … Mais le score de cette gauche, c’est pas hallucinant. » C’est même insignifiant. « Les forces politiques restent assez comparables à ce qu’elles étaient avant. » La majorité présidentielle s’est juste effondrée, c’est carrément imperceptible. « Le truc, c’est qu’il y a eu un coaching incroyable de Mélenchon. C’est du coaching ! » Le leader de La France insoumise devrait être nommé entraîneur du PSG, Ligue des champions assurée. « C’est de la politique, nuance Ruth Elkrief. Mais c’est pas la même gauche. » L’éditorialiste regrette le bon vieux PS et déplore la mainmise de Jean-Luc Mélenchon sur la Nupes. « Y a un très bon coup électoral mais y aussi de l’idéologie. » Beurk, l’idéologie. Heureusement que les candidats d’Emmanuel Macron n’en ont pas.

© LCI

Elizabeth Martichoux confirme : « Les points de désaccord ont été mis sous le tapis, ce sont des désaccords sur des questions absolument fondamentales. C’est un accord électoral ! » Ça alors, quelle coïncidence ! Les éditorialistes de LCI, comme sur France 2 Nathalie Saint-Cricq (tante de la ministre des Sports) et sur BFMTV Benjamin Duhamel (cousin de la ministre des Sports) s’accordent tous à dire que la Nupes existe seulement pour gagner des voix mais qu’elle n’a aucune cohérence politique (ni programme, ce qui contraint au vote émotionnel). Coïncidence supplémentaire, cet argument est répété depuis des semaines par la majorité présidentielle… « Ce soir, ils disent l’inverse, poursuit Elizabeth Martichoux. Sans doute, c’est l’ivresse des cimes qui les saisit. » Heureusement, les experts de LCI conservent la lucidité des cloaques macronistes.

© LCI

Pour nuancer les propos des éditorialistes, Christophe Castaner intervient sur LCI. Il se félicite d’une « bonne progression » dans sa circonscription, alors qu’il est talonné de moins d’un point par le candidat Nupes et qu’il faisait 14 points de plus (44,04 %) en 2017.

© LCI

LCI organise ensuite un duel à mort entre deux farouches adversaires opposés tous les dimanches soirs sur son antenne. Daniel Cohn-Bendit : « Quand je vois Mélenchon parler et, derrière le représentant des Verts, Bayou, et tout ça, qui hochent la tête comme des petits enfants… — C’est horrible, intervient Luc Ferry. — C’est horrible, convient Cohn-Bendit, c’est effrayant. » Il faudrait que LCI lui fournisse du Valium, il va calancher. Son adversaire, Luc Ferry, panique aussi : « Pour les libéraux, le programme de Mélenchon, c’est l’horreur absolue ! C’est un programme bolchevique. Donc ils vont se mobiliser à mort dans les duels contre la Nupes. » Sinon, ils finiront au goulag.

© LCI

« On est passé de la zemmourisation des esprits à la mélenchonisation de la vie politique, déplore Mathieu Bock-Côté. Les questions identitaires, sécuritaires, régaliennes ont été disqualifiées. La vie politique est confisquée par un segment minoritaire de la population qui confisque les institutions. » Quelle horreur ! Les mélenchonistes, alliés objectifs des macronistes, ont perpétré un coup d’État contre nos institutions démocratiques. Il ne me reste plus qu’à espérer un putsch militaire pour rétablir le fonctionnement de notre État de droit.

© CNews

Je reviens sur LCI pour retrouver, ouf, un homme de gauche, Jean-Marie Le Guen. « Le problème de ce groupe Nupes, c’est qu’il a un programme qui ne peut pas rassembler une majorité de Français. » En effet, une majorité de Français refuse d’être envoyée au goulag. Yves Thréard, du Figaro, finit de m’épouvanter : « Traditionnellement, la gauche en France était sociale-démocrate avec François Mitterrand qui a voulu éliminer le Parti communiste en l’associant à sa majorité. Et là, c’est le contraire qui se produit. » Les Soviets sont aux portes de Paris. « Là, c’est la gauche néo-trotskiste… — Est-ce qu’elle vous fait peur, cette gauche-là ?, intervient posément Darius Rochebin. — C’est une gauche décolonialiste, qui réécrit l’histoire, une gauche wokiste, qui nie les valeurs de la République, et c’est une gauche islamo-gauchiste. » C’est décidé, je ne vais pas voter dimanche prochain. Je préfère me constituer prisonnier dans une colonie pénitentiaire de Sibérie orientale.

© LCI

La soirée électorale se poursuit tard dans la nuit sur LCI. Les débats sont d’autant plus équilibrés qu’ils opposent des éditorialiste de droite à des éditorialistes de droite extrême. Quand soudain tombent les résultats officiels du ministère de l’Intérieur. Les bandeaux qui affichaient jusque-là « Nupes et Ensemble au coude-à-coude » et m’incitaient à l’exil avec leur terrible menace « Nouvelle Assemblée : une France ingouvernable ? » annoncent triomphalement : « Ensemble en tête avec 21 442 voix d’avance. » Quel soulagement. C’est considérable. Peu importe si le ministère de l’Intérieur a inclus dans le groupe Ensemble des candidatures dissidentes qui n’étaient pas soutenues par la majorité présidentielle tout en étiquetant « divers gauche » des candidats soutenus par la Nupes : l’État de droit triomphe. Et LCI élève le journalisme de préfecture au rang de journalisme de ministère. Je vais peut-être renoncer à m’exiler en Corée du Nord.

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