Publié le : 03/11/2021 – 19:55
Texte par : RFI
Le prestigieux prix Goncourt a été attribué à l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr ce mercredi pour son livre La plus secrète mémoire des hommes. Le président Macky Sall a salué une « belle consécration qui illustre la tradition d’excellence des hommes et femmes de lettres sénégalais ». Un prix qui fait aussi la fierté de l’Association des écrivains du Sénégal.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
Coïncidence : au moment de la remise du prix, les membres de l’Association des écrivains du Sénégal étaient justement réunis pour préparer la journée internationale de l’écrivain africain, qui sera célébrée dimanche.
Alioune Badara Bèye est le président de l’Association. Pour lui, Mohammed Mbougar Sarr a osé abordé dans ses ouvrages des sujets délicats. « Que ce soit le pouvoir, que ce soit la religion, que ce soit l’homosexualité… C’est quelqu’un qui aborde tout ces sujets avec beaucoup d’aisance, explique-t-il. C’est un jeune qui vient faire découvrir une nouvelle écriture ».
De l’audace, du renouveau, par celui qui fut un brillant élève rappelle l’auteur et metteur en scène Pape Faye. « Il est jeune c’est vrai. Déjà il avait remporté dans le cadre du concours général le premier prix de philosophie, d’histoire-géographie… Très tôt, il a été décoré et élevé au grade de chevalier national de l’ordre du mérite par le président de la République ».
Et c’est une fierté pour le Sénégal mais aussi pour toute l’Afrique selon Mamadou Camara, également membre de l’Association des écrivains. « J’ai lu quelques uns de ses précédents romans. C’est un style quand même assez osé et poétique aussi. C’est une bonne chose, surtout pour la jeune littérature sénégalaise », lance-t-il.
La littérature sénégalaise déjà récompensée tout récemment avec le prix américain Neustadt attribué à l’écrivain Boubacar Boris Diop. Le président Macky Sall lui s’est dit « fier de cette belle consécration », qui illustre « la tradition d’excellence des hommes et femmes de lettres sénégalais ».
C’est une fierté pour notre pays et pour le continent tout entier.
Alioune Badara Bèye, dramaturge et président de l’Association des écrivains du Sénégal À Dakar, le livre de Mohammed Mbougar Sarr se vend comme des petits pains
À la librairie des Quatre Vents, à Dakar, l’ouvrage s’est vendu comme des petits pains dès l’annonce de la nouvelle. « On a été dévalisé, ça s’est vraiment vendu en moins de dix ou quinze minutes ». Il a fallu aller chercher des exemplaires supplémentaires dans la réserve. Joséphine Goudiaby, cheffe de rayon, vient de poser une pile de La plus secrète mémoire des hommes en bonne place dans la librairie. « Bien avant ça, on le vendait. Depuis que l’on a reçu le livre en septembre, on a vendu plus d’une centaine de livres », explique-t-elle.
L’ouvrage attire tous types de lecteurs, selon la libraire. El Hadj Mamadou Thiam, 66 ans, n’a encore jamais lu de livre de Mohamed Mbougar Sarr mais il le connaissait de nom. « Ça m’a énormément fait plaisir d’abord parce que c’est un Sénégalais, mais également parce que c’est un de mes cadet au Prytanée militaire de Saint-Louis. Mon fils a lui aussi fait cette école donc dès que j’ai eu la nouvelle, je me suis précipité ici ».
El Hadj Thiam en achète finalement deux exemplaires, pour lui et ses enfants, à 11 000 FCFA l’unité – un peu moins de 17 euros.
Pour Cécilia, Mohammed Mbougar Sarr incarne le renouveau de la littérature africaine. « Je l’ai découvert il y a un an ou deux ans avec “De purs hommes” qui reflète un peu certaines limites de la société sénégalaise à travers l’homosexualité », raconte la jeune femme.