Le 02 octobre 2021, un an après Alex –
Aujourd’hui, c’est le triste anniversaire de la tempête. Tempête qui a détruit notre environnement, notre paysage, nos infrastructures, et la vie de certains habitants du territoire. Nous voulions partager avec vous ce que nous avions entrepris cette année pour (tenter de) faire vivre notre vallée meurtrie, et remercier tous ceux qui nous y ont aidé et soutenu.
En octobre 2020, nous avons commencé modestement, en donnant de notre production d’œufs aux distributions alimentaires qui avaient lieu au gymnase envers les personnes sinistrées. Puis très vite nous nous sommes posé la question de l’action. Que faire ? Quel est notre rôle à jouer dans la “reconstruction”, en tant que communauté Emmaüs Roya ?
Alors nous nous sommes retroussé les manches. Nous avons commencé par créer une mission salariée, dédiée à faire un audit de la vallée de la Roya post-Alex. C’est Charlotte Debackère qui s’y est attelée, avec toute son énergie. Elle a rédigé le Journal du Débord #1 que vous pouvez retrouver ici, en co-écriture avec @Anouk Migeon, et le soutien de la Fondation Abbé Pierre https://bit.ly/journaldudebord1
Puis très vite nous avons lancé des chantiers participatifs, qui ont rassemblé une centaine de personnes chaque samedi durant toute l’année.
> Sur les rives de la Roya à Breil-sur-Roya, au niveau de l’USBTP, nous avons démêlé, déterré, dégagé des tonnes et des tonnes de déchets en tout genre charriés par la tempête, grâce à une tyrolienne que nous avions construit au-dessus de la rivière. Tout le bois mort a été tronçonné, coupé, fendu puis distribué à des personnes en situation de précarité ou des personnes âgées du village
> Nous avons retapé des murs en pierres sèches, détruits à cause de la crue ; à la Bendola à Saorge, au fameux Bain du Sémite, si prisé pour la baignade estivale. Mais aussi chez une particulière, une femme âgée qui n’avait ni les ressources financières ni les capacités physiques de reconstruire un mur qui empiétait chez son voisin (ah, toujours les voisins !)
> Nous avons aidé une “voisine” de Pertus à Breil à acheminer du bois pour reconstruire sa maison, arrachée par les flots
> Nous avons nettoyé le vallon de la Pinéa, chez Florence, où la rivière avait tout mis sens dessus dessous
> Nous avons nettoyé le vallon de Caïné, quartier de Veil, où le surplus d’eau avait amassé des tuyaux et tubes présents depuis longue date
> Nous avons nettoyé les berges à Vievola, où les déchets étaient toujours présents même 8 mois après la tempête
> Désormais nous aidons un particulier dans le Caïros à remettre son terrain en état
Tout cela a été fait avec des centaines de bénévoles motivés, et des associations amies (Les Week Ends Solidaires, @Remontons la Roya, Secours Populaire Français Alpes Maritimes). Nous les remercions un à un.
Les pieds dans la boue, les mains dans les poubelles, nous avions aussi besoin de prendre un temps pour réfléchir, collectivement. Nous avons organisé avec l’association makesense une journée d’intelligence collective le 30 mai, où nous avons parlé de notre territoire, de son fonctionnement, et de la vallée que nous rêverions de construire. Les premiers concernés, les habitants, ont témoigné, partagé leur vécu, leurs doutes et leurs envies. Le lendemain, nous avons organisé un débat public, où les élus locaux ont brillé par leur absence. Et nous avons écouté avec fascination le retour d’expérience de @Kevin Bhema Vacher et @Nathalie Gardel du Collectif du 5 novembre : Noailles en colère sur les effondrements rue d’Aubagne, à Marseille.
Suite à cela, nous avons décidé de continuer notre collecte de témoignages en faisant des entretiens auprès de 21 personnes dont la catastrophe a affecté le quotidien, de diverses manières, sur toute la vallée de la Roya. Nous venons tout juste de publier le Journal du Débord #2 ici https://bit.ly/journaldudebord2
Enfin, nous avons investi concrètement dans le territoire. Nous avions comme projet depuis plusieurs années d’acheter un lieu physique, pour y faire vivre les compagnes et compagnons d’Emmaüs Roya, mais aussi pour y créer un espace de rencontres, de partage. Un lieu dédié à la paysannerie et à l’alternative d’une société de plus en plus précarisante et stigmatisante. Nous avons réalisé l’achat en mai 2020, et depuis janvier 2021 cinq entreprises locales travaillent sur le chantier.
Voilà où nous en sommes, un an après. Merci à toutes et tous pour votre soutien, vos encouragements, vos retours. Nous suscitons malheureusement encore de nombreux débats, désaccords, voire de la haine. Nous ne recherchons pas le consensus, loin de là mais sachez-le : que vous soyez “avec” ou “contre” nous, vous nous donnez la force de combattre. Et lutter, c’est vivre ! Que viva la Roya !