Nous sommes envahies par les personnes étrangères !
Les frontières sont de vraies passoires

Pourquoi c’est FAUX :
Une grande part de la couverture médiatique et des déclarations politiques pourrait laisser
penser que les frontières extérieures européennes sont largement ouvertes et que les États ne les
contrôlent pas ou plus. La réalité est bien différente.
Le principe européen d’un espace interne de liberté de circulation, l’espace Schengen,
prévoit en contrepartie un renforcement des frontières extérieures, celles avec des États non
européens. Depuis une vingtaine d’années, un processus de fortification des frontières est donc à
l’œuvre pour tenter d’empêcher les personnes migrantes de passer. La politique migratoire
européenne repose sur une approche sécuritaire et dissuasive. Elle mobilise un arsenal
impressionnant d’instruments et de moyens pour renforcer les barrières juridiques et physiques.
La politique de délivrance des visas restrictive en
est une composante, ainsi que l’édification de murs,
barrières, grillages, remparts, clôtures, comme à Ceuta et
Melilla, Calais ou encore sur la route des Balkans.
Le renforcement des contrôles aux frontières en
est une autre. Il passe par l’externalisation des contrôles
par des pays tiers, dont certains sont peu démocratiques,
pour contenir les personnes le plus loin possible du
territoire européen. Ces États sont poussés à signer des accords de réadmission (y compris de
personnes qui ne sont pas leurs ressortissantes), des partenariats pour la mobilité, des traités, des
accords de développement, etc. qui contiennent des clauses sur les questions migratoires, en
échange d’aides financières. Ce fut par exemple le cas avec le pacte migratoire Union européenne –
Turquie.
Les contrôles sont aussi réalisés par l’agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes Frontex qui a pour rôle principal d’aider les États membres de l’Union européenne et de
l’espace Schengen à sécuriser leurs frontières extérieures. Elle se déploie aux frontières terrestres,
en mer et dans les aéroports dans le cadre d’opérations telles que EUNAVFOR Med et Sea Guardian
en Méditerranée, Triton en Italie, Minerva en Espagne ou encore Poséidon en Grèce. Ses moyens
sont considérables : dotée d’un budget de 460 millions d’euros en 2020 (contre 97 millions en 2014),
le nombre de ses agentes devrait être de 10 000 d’ici 2027, selon le Parlement européen.

Le principe européen d’un
espace interne de liberté de
circulation, l’espace Schengen,
prévoit en contrepartie un
renforcement des frontières
extérieures, celles avec des États
non européens ».
«
D’autres agences sont également mobilisées, comme Europol et l’OTAN. Elles utilisent des
systèmes d’information de plus en plus sophistiqués, et disposent de technologies et équipements de
pointe. L’ampleur des moyens consacrés aux contrôles des frontières, inédite et bien largement
supérieure à ceux consacrés à l’accueil des personnes migrantes, contredit l’affirmation selon
laquelle les frontières européennes seraient des « passoires » incapables de contenir la prétendue
invasion qui menacerait l’Europe.
 Sources :

Espace Schengen: le contrôle au service du tri (La Cimade, Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme)
[Cliquer ici ou sur l’image pour voir en grand]
La Cimade, La mise en œuvre du fonds fiduciaire d’urgence au Mali, Niger et Sénégal, coll
Note d’analyse, 20 pages, décembre 2020 ● La Cimade, Dedans, dehors : une Europe qui
s’enferme, coll. Rapport d’observation, 68 pages, juin 2018 ● La Cimade, Coopération UEAfrique sur les migrations : chrnoique d’un chantage, coll. Rapport d’observation, 60
pages, décembre 2017.
Nous ne serons bientôt plus chez nous !
Notre identité est menacée, nous serons bientôt remplacées

 Pourquoi c’est FAUX :
La mise en place de politiques migratoires répressives est parfois justifiée par un supposé
besoin de « protection » de notre identité française, européenne et occidentale. Derrière cette
justification se trouve la théorie du grand remplacement, popularisée en France ces dernières années
par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus. Selon cette théorie, les populations extraeuropéennes, particulièrement d’Afrique du Nord et subsaharienne, vont à plus ou moins long terme
dépasser numériquement les populations « d’origine » et imposer leur identité et leur culture sur
tout le continent européen. Ce grand remplacement serait facilité par une élite organisant
volontairement cette immigration massive.
La peur du changement de population par une immigration massive n’est pas un thème
nouveau. La théorie du « grand remplacement » s’inscrit ainsi dans une longue histoire d’idéologies
racistes, antisémites et complotistes, au départ limitées à certains partis et représentant·e·s
d’extrême droite, aujourd’hui beaucoup plus médiatisées et défendues publiquement.
Sur le premier aspect de cette théorie, les
chercheur·e·s, les démographes notamment, ont
depuis longtemps démontré que ce « grand
remplacement » n’existe pas. Au niveau mondial,
premier rappel : la majorité des personnes habitent…
dans le pays où elles sont nées ! Les immigré·e·s
(personnes nées dans un autre pays que celui où elles
habitent) ne représentent que 3,4% de la population
mondiale.
Et la France dans tout ça ? En 2019, elle comptait 6,7 millions d’immigré·e·s, soit 10% de la
population (1). Si ce pourcentage a effectivement augmenté depuis le début du XXème siècle (2),
nous sommes encore bien loin d’un « grand remplacement ».
Qu’en est-il du « grand remplacement » culturel, et notamment religieux ? Concernant le
risque d’une islamisation de la société française, ce dernier est tout aussi chimérique. En effet, selon
l’enquête « Trajectoires et Origines » réalisée en 2008-2009 par l’Ined et l’Insee, 4,1 millions de
personnes en France métropolitaine se déclaraient de religion musulmane, soit 8% de la population
française métropolitaine (3).
Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec la perception qu’ont les françaises et français du
nombre de personnes musulmanes en France. Ainsi, en 2016, une étude Ipsos a montré que les
français·e·s surestimaient largement le poids des musulman·e·s en France : à la question « sur 100
personnes, combien pensez-vous qu’il y a de musulman·e·s », les personnes interrogées ont répondu
31% (4). Cette surestimation peut s’expliquer en partie par la stigmatisation et la diabolisation dont
sont victimes les populations musulmanes dans les discours politiques et médiatiques.
Le second aspect de cette théorie laisse entendre que l’immigration serait voulue et
encouragée par les responsables politiques, et que s’installer en France ou en Europe serait facile. Là
Les chercheur·e·s, les
démographes notamment, ont
depuis longtemps démontré que ce
« grand remplacement » n’existe
pas notamment parce que la
majorité des personnes habitent…
dans le pays où elles sont nées ! ».


Aussi, l’histoire des lois migratoires (en France, en moyenne une nouvelle loi tous les deux ans !) nous
montre que c’est loin d’être le cas, chaque nouvelle loi apportant son lot de restrictions des droits
pour les personnes étrangères et de conditions de circulation et d’installation toujours plus
restrictives.
Ce qui se cache derrière cette théorie du grand
remplacement, c’est au fond une vision fantasmée
d’une « vraie » France ou d’une « vraie » Europe,
blanche et chrétienne, qui oublie complètement que
les mouvements de populations font partie de l’histoire
de l’humanité, comme le montre l’exposition de La
Cimade « Cabanes rêvées ou le droit de poser ses
valises ».
Bien qu’infondée, cette théorie est diffusée et médiatisée, et va jusqu’à servir de
justification à des attentats terroristes. En effet, Brenton Tarrant, terroriste responsable de
l’attentat dans deux mosquées à Christchuch en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019, qui a coûté la vie
à 51 personnes, était un partisan de cette idéologie. Idem pour les attentats d’El Paso au Texas le 3
août 2019 (23 personnes tuées, le tueur a déclaré avoir voulu tuer le plus de personnes possible) et
de Poway le 27 avril 2019 (fusillade dans la synagogue de Poway, en banlieue de San Diego en
Californie) et, huit ans plus tôt, les massacres d’Oslo et Utoya en Norvège par Anders Breivik.

 Sources :

Institut national d’études démographiques, Enjeux et perspectives démographiques en
France 2020-2050, étude de Gilles Pison et Sandrine Dauphin, novembre 2020 (pp. 49 et
55) (1 et 2) ● Institut national d’études démographiques, Enquête sur la diversité des
populations en France, étude de Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon,
octobre 2010 (3) ● Les Echos, Les Français estiment que les musulmans représentent 31%
de la population française, Guillaume Poingt, article du 14 décembre 2016 (4) ● Le
Monde, La théorie du ‘grand remplacement’, de l’écrivain Renaud Camus aux attentats en
Nouvelle-Zélande, Samuel Laurent, article du 15 mars 2019 ● Fondation Jean-Jaurès, Le
« grand remplacement » est-il un concept complotiste ?, Valérie Igounet, Rudy
Reichstadt, article du 24 septembre 2018 ● France Culture, Le grand remplacement, un
virus français, podcast en cinq épisodes de Roman Bornstein.

«
Toutes les personnes étrangères sont des terroristes !
Toutes les terroristes sont des personnes étrangères !
 Pourquoi c’est FAUX :
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin le dit lui-même, à propos des attaques commises
depuis 2015 : « Sur les 30 derniers terroristes confondus pour des actes commis sur notre sol, 22
étaient français, 8 seulement étrangers » (1). Ayant examiné les profils des auteurs d’infractions
terroristes depuis 2012, le Centre d’analyse du terrorisme tire la même conclusion : « il n’y a pas de
lien entre immigration et terrorisme ».
Personnes impliquées dans des
attentats terroristes en France de
janvier 2012 à août 2016 (Hommes et
Migrations, Ondes de choc n°1315)

La lutte anti-terroriste est un véhicule commode pour dissimuler une stigmatisation toujours
plus grande à l’égard de celles et ceux que l’on désigne toujours comme responsables de tous les
maux. Dénoncer les amalgames n’est pas nier la menace terroriste. Qu’il faille lutter contre la
menace terroriste ne fait pas de doute ; mais l’arsenal juridique contre le terrorisme n’a cessé de se
renforcer depuis plus de trente ans, et cette escalade est dangereuse sans être efficace. Céder à
tous les amalgames et à tous les soupçons, restreindre tous les droits fondamentaux ne protégera
certainement pas de la menace terroriste. Du reste, il serait pour le moins paradoxal que la défense
des libertés passe par les limitations de celles-ci.
Fichier des signalements
pour la prévention de la
radicalisation à caractère
terroriste (FSPRT)
Nov. 2020 (Le Monde)
● Plus de 20 000 personnes
inscrites
● 4 111 d’entre elles
étaient étrangères (moins
du quart)
● dont 851 en situation
irrégulière sur le territoire
(à peine 4%).
Document interne – Octobre 2020
Chaque attentat apporte avec lui son lot d’ennemies commodes que le gouvernement se
choisit. Ainsi, les attentats de septembre 2001, puis ceux de Madrid et de Londres en 2004 et 2005,
ont entraîné l’adoption de nombreuses lois dites anti-terroristes, dont les mesures restreignent les
droits de toutes sous le prétexte de ne restreindre
que ceux de quelques personnes. De même, à la suite
des attentats de janvier 2015, cette « évidence » selon
laquelle la p

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