Par Marjorie Ansion – perigueux@sudouest.fr
Publié le 17/03/2023 à 7h00
Avec son mari Alex et leurs quatre enfants, Olga a tout quitté du jour au lendemain pour fuir la guerre en Ukraine. Depuis un an, la petite famille construit sa vie en Dordogne
Au milieu des tableaux et des chaussures empilés dans l’escalier qui mène à la cuisine, Olga s’excuse. « On est nombreux à vivre ici, c’est serré », dit la jeune femme dans un sourire. Venue d’Ukraine, il y a maintenant un an, elle a élu domicile dans ce petit appartement situé au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne) avec son mari Alex et leurs quatre enfants, aujourd’hui âgés de 11, 9, 5 et 3 ans.
Évacuation
La petite tribu a fui la guerre dès les premiers bombardements. Elle habitait à Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays avec plus de 1 400 000 habitants avant le début du conflit, située à seulement 41 kilomètres de la frontière avec la Russie. « D’un coup, on nous a dit qu’il fallait évacuer. On avait une heure pour faire nos affaires. On a dit aux enfants : ‘’Prenez chacun un jouet et un livre’‘ Nous, nous sommes partis seulement avec nos papiers. À six dans la voiture, on avait peu de place. »
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L’important afflux d’Ukrainiens en Pologne a empêché la famille d’Olga de s’y installer, faute de logement disponible. Elle a alors roulé pendant une semaine avant d’arriver en France, se nourrissant « de fruits secs ». « Il y avait beaucoup de points de contrôle et on devait prouver que l’on n’avait pas de bombes sur nous, comme si on était des Russes », raconte l’Ukrainienne qui n’a pas perdu son humour.
« J’étais venue en France avec ma maman à mes 14 ans, se souvient Olga dont les yeux bleus pétillent dès qu’elle évoque son amour pour l’Hexagone. Ça a toujours été un rêve de venir ici. » Grâce à des groupes Facebook, la famille a pu se loger dans un premier temps dans un hôtel du Lardin, avant de s’installer dans cet appartement. « Nous avons été très bien accueillis et nous sommes très reconnaissants. Dès notre arrivée, des habitants nous ont donné des vêtements parce que nous n’avions que ce que nous portions. »
« Dès notre arrivée, des habitants nous ont donné des vêtements parce que nous n’avions que ce que nous portions »
Dans un français encore un peu hésitant, mais compréhensible, marqué par son accent de l’Est, Olga raconte son adaptation au Périgord : « Mes enfants parlent très bien français. Moi, ça va, je suis très motivée et je révise avec une application. Pour mon mari, ça a été plus compliqué. »
« Notre ville est détruite »
Elle est peintre et lui photographe. « On rêve d’ouvrir notre studio ici », confie la jeune femme âgée de 31 ans. En attendant, Olga Olsa (son nom d’artiste) exposera du mercredi 5 au samedi 29 avril à la galerie Thenon Les Z’Arts, où elle dévoilera une cinquantaine d’œuvres, représentant aussi bien la nature que le Phoenix, emblème « de la renaissance de l’Ukraine ». « Peindre m’apaise. Surtout quand je regarde les actualités et que je vois ce qu’il se passe en Ukraine. J’ai vu les lieux où j’ai grandi être détruits en quinze secondes. »
Aujourd’hui, la famille s’est intégrée à la commune de quelque 1 800 habitants. Les deux plus petites filles sont à l’école maternelle, une plus grande en primaire et le fils au collège. « Nous avons des amis ici et les enfants ont trouvé leur place à l’école », se réjouit Olga. L’avenir ? Elle le voit en France. « Revenir à Kharkiv, pourquoi ? Notre ville est détruite… », souffle la jeune femme dont même l’évocation du conflit n’enlève pas le sourire.