Près de 1 400 personnes ont été arrêtées, jeudi, dans plusieurs villes de Russie lors de manifestations contre la guerre en Ukraine, a rapporté l’ONG spécialisée OVD-Info.*
A Berlin, Paris, Varsovie ou Istanbul, des manifestants ont protesté, jeudi 24 février, dans de nombreux pays contre l’invasion de l’Ukraine. En Russie, des centaines de manifestants ont par ailleurs été arrêtés.
Près de 1 400 personnes ont été arrêtées jeudi dans plusieurs villes de Russie lors de manifestations contre la guerre en Ukraine, a rapporté l’ONG spécialisée OVD-Info. Selon cette organisation, au moins 1 391 personnes ont été interpellées dans 51 villes, dont 719 à Moscou et 342 à Saint-Pétersbourg.
L’Agence France-Presse (AFP) a assisté à des dizaines d’arrestations sur la place Pouchkine, dans le centre de Moscou, où un important dispositif policier avait été déployé.
Plusieurs rassemblements ont eu lieu en Russie jeudi, réunissant environ un millier de personnes à Saint-Pétersbourg et le double à Moscou, pour dénoncer l’invasion militaire de l’Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine. Privilège abonnés Cours de géopolitique avec Alain Frachon Du 11-Septembre à la crise ukrainienne, retour sur 20 ans d’histoire(s) des Etats-Unis. Bénéficier de 10% de réduction
Si l’ampleur de ces manifestations reste bien inférieure à de précédents mouvements de contestation en Russie, le simple fait qu’elles aient eu lieu est notable, tant la société civile russe a été laminée par les répressions ces dernières années.
« Nous sommes russes et contre la guerre »
Partout dans le monde, des rassemblements de soutien à l’Ukraine ont eu lieu. Devant l’ambassade russe à Berlin, un manifestant brandissait une pancarte où il était écrit : « Stoppez cette folie, sauvez la vie, plus de mensonges ». De nombreux autres arboraient les couleurs ukrainiennes. Parmi les manifestants, des Russes fustigeant clairement l’opération militaire lancée par Moscou.
Originaire de Kaliningrad et installée en Allemagne depuis octobre, Olga Kupricina, 32 ans, a expliqué à l’AFP :
« Tout le monde devrait venir ici aujourd’hui et soutenir l’Ukraine et dire que la guerre doit cesser. Les Ukrainiens et les Russes sont frères et sœurs. Tous mes amis et mes parents sont sous le choc et ne veulent pas de guerre. »
« Nous voulons montrer que nous sommes contre la guerre. Nous sommes russes et venons de Russie. L’Ukraine a toujours été un pays très amical avec nous et un pays proche », abondait Ekaterina Studnitzky, 40 ans dont seize passés en Allemagne.
Sofia Avdeeva, étudiante de 22 ans, participait à un autre rassemblement, au pied de la mythique porte de Brandebourg. « [Vladimir] Poutine a déjà volé ma maison parce que je suis de Donetsk et que ma famille et moi avons dû partir à cause de la guerre », expliquait-elle. « Je ne veux pas que l’ensemble de l’Ukraine connaisse le même sort. J’ai déjà dit au revoir à ma maison mais je ne veux pas que tout le pays vive l’enfer que nous avons vécu. »
Selon elle, le président russe « devrait mourir ».
« C’est un criminel de guerre, il n’a pas déclaré la guerre et il a attaqué des villes pacifiques. »
De nombreuses manifestations sont prévues dans la plupart des grandes villes allemandes.
« Nous nous sentons détruits »
En Géorgie, théâtre d’une intervention russe en 2008, des milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes. « Poutine a attaqué non seulement l’Ukraine aujourd’hui ou la Géorgie il y a des années, mais l’idée même de liberté », estimait Keti Tavartkiladze, professeur de mathématiques de 61 ans, qui manifestait à Tbilissi.
A Varsovie, capitale de la Pologne, limitrophe de l’Ukraine, un drapeau russe a été brûlé par un manifestant devant l’ambassade russe.
A Prague, où les chars russes étaient intervenus en 1968, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur la place Wenceslas, puis se sont dirigées vers l’ambassade de Russie, en portant une grande caricature d’Hitler et de Poutine. Devant l’imposant bâtiment de la mission diplomatique russe, les manifestants ont scandé « Faites vos valises » et « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros ».
A Paris, plusieurs centaines de personnes étaient réunies elles aussi devant l’ambassade russe, dont plusieurs candidats à l’élection présidentielle d’avril comme l’écologiste Yannick Jadot ou l’ancienne ministre Christiane Taubira. Quelque 2 800 manifestants, selon la Préfecture de police, se sont également rassemblés en fin de journée sur la place de la République.
Des rassemblements se sont également tenus dans les grandes villes françaises. A Marseille, ville jumelée avec Odessa, en Ukraine, une cinquantaine d’Ukrainiens et quelques élus ont dénoncé l’invasion russe. Ils étaient 150 à Rennes, alors qu’une centaine de personnes ont également manifesté à Strasbourg derrière une grande banderole « We stand with Ukraine » (« nous sommes avec l’Ukraine »).
La diaspora ukrainienne a également appelé à un rassemblement à Berne, en Suisse, auquel ont participé plusieurs centaines de personnes sous le slogan « Stop à la guerre de Poutine ».
Yevhenii Osypchuk, un mécanicien automobile de 27 ans, qui a participé à un rassemblement à Stockholm, en Suède, a déclaré à l’AFP :
« Nous nous sentons détruits (…). C’est un très mauvais sentiment quand votre mère vous appelle à 6 heures du matin et vous dit que la guerre a commencé. Alors nous avons décidé de quitter notre lieu de travail pour venir dire non devant l’ambassade de Russie. »
Des rassemblements ont été en parallèle organisés à Londres, Madrid, Lisbonne, Beyrouth et Tokyo. A Dublin, La Haye et Amsterdam, des centaines de personnes ont elles aussi participé à des rassemblements, jeudi, devant les représentations russes.
A Istanbul, une quarantaine de personnes se sont réunies jeudi matin devant le consulat de Russie pour entonner l’hymne ukrainien et brandir des portraits du président russe, le visage couvert de sang.
Le Monde avec AFP