Yasmine Latoui, 32 ans, a trois enfants, dont deux scolarisés à Bordeaux. © Crédit photo : E. A. Par Édouard Ampuy
Publié le 27/04/2022 à 17h55
Mis à jour le 28/04/2022 à 11h47 Une femme et ses trois enfants ont été expulsés, mercredi, d’un squat qu’ils occupaient depuis trois mois à Bègles. La Préfecture les reloge cinq jours, une mesure insuffisante pour les militants sur place
Son bébé dans les bras, Yasmine Latoui, 32 ans, regarde la maison qui l’a hébergée ces trois derniers mois. Depuis fin janvier, elle et ses enfants, des petits de 8 ans, 6 ans et 15 mois, squattent une maison avenue Alexis-Capelle à Bègles. « Il y avait urgence, je devais mettre mes enfants à l’abri », explique cette Algérienne, arrivée en France il y a trois ans.
Ce mercredi 27 avril, la police est venue pour l’expulser du logement. À leur arrivée, ils ont été accueillis, pacifiquement, par une quinzaine de militants venus aider Yasmine Latoui. « On est là pour la soutenir psychologiquement, affirme Myriam Eckert conseillère municipale à Bordeaux. Puis pour l’aider à déménager aussi. »
À 10 h 30, la police est arrivée pour expulser la famille. Victoria Berthet Sur le même sujet
Gironde : « Tout est prétexte pour me cogner », témoigne une femme battue Un passant a donné l’alerte, dimanche 17 avril, en voyant un couple se disputer dans la rue, à Bègles. Retrouvé, l’homme était jugé en comparution immédiate, le 20 avril. En situation de grande précarité, sa jeune épouse était là avec leurs trois enfants
À l’hôtel pour cinq jours
Sans emploi, la mère de famille sait au moins où elle sera les prochains jours. La Préfecture lui a proposé une solution temporaire, cinq jours à l’hôtel. « Pour se donner bonne conscience, murmure Myriam Eckert. Deux de ses enfants sont scolarisés, ils se retrouvent déracinés du jour au lendemain. »
Les militants, qui dénoncent des irrégularités dans la procédure d’expulsion, espéraient obtenir un délai, le temps de trouver une solution pérenne pour la famille. Une demande portée par le député insoumis Loïc Prud’homme qui a adressé, le 25 avril, un mail à Delphine Balsa, directrice de cabinet de la préfète. Le lendemain, la Préfecture a envoyé sa réponse, rappelant que le lieu de squat fait l’objet d’une procédure administrative et qu’une décision de justice avait été rendue par le juge judiciaire, le 3 mars dernier, après le dépôt d’une plainte de la propriétaire. « Il a ordonné l’expulsion immédiate. » La préfecture précise que Yasmine Latoui et ses enfants seront ensuite pris en charge par l’APAFED, une association pour les femmes victimes de violences conjugales.
Une quinzaine de militants ont protesté pacifiquement contre l’expulsion. E. A.
Sur place, la propriétaire des lieux, qui préfère rester anonyme, ne cache pas son désarroi. Elle a vendu la maison à BNP Paribas Immobilier fin décembre 2021, mais doit se charger de la situation après avoir demandé un différé de jouissance. « J’ai déménagé en janvier, début février, c’était squatté, assure-t-elle. J’ai essayé de dialoguer, mais c’est tombé dans une impasse. »
D’après les militants, il s’agit de la deuxième expulsion en une semaine dans l’avenue.