À partir du 30 octobre, quatre points de passage de la frontière franco-espagnole vont être rouverts. S’il sera possible d’aller d’un pays à l’autre à ces endroits, ces accès resteront particulièrement surveillés pour empêcher les migrants de traverser clandestinement : les autorités vont y déployer des effectifs de police supplémentaires.

Après près de trois ans de fermeture, quatre points de passage sur la frontière franco-espagnole vont être rouverts le 30 octobre au Pays basque, a indiqué mercredi 11 octobre la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. La mesure sera appliquée après la publication d’un arrêt du préfet en ce sens.

Les quatre entrées concernées sont : le pont de Marchandises et les Aldudes à Hendaye, le col d’Ispéguy et le pont de Larrau à Saint-Etienne de Baïgorry.

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Dans un courrier en date du 30 septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin “a fait part à son homologue espagnol de son souhait de voir évoluer la situation”, en raison “des progrès réalisés en matière de patrouilles mixtes dans les zones concernées”, a expliqué la préfecture des Pyrénées-Atlantiques dans un communiqué. Neuf mois plus tôt, lors du sommet de Barcelone, Emmanuel Macron et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avaient conditionné la levée des restrictions à la création de brigades mixtes franco-espagnoles.

À la fin du mois, ce sera donc chose faite : la réouverture de la frontière va de pair avec “l’augmentation du nombre de patrouilles de police” franco-espagnoles, a affirmé la préfecture. La mise en place de ces effectifs supplémentaires “devraient être encore organisés dans les prochaines semaines” pour “maintenir un niveau de contrôle de l’espace frontalier équivalent à celui qui existe à ce jour”, a ajouté la préfecture.

“Traque” contre les migrants

Une quinzaine de points de passage avaient été fermés en 2021 le long de la frontière franco-espagnole, pour “lutter contre l’immigration clandestine et la menace terroriste”, selon les autorités. Depuis, huit demeuraient fermés : quatre au Pays basque et quatre dans les Pyrénées orientales, zone non concernée par la réouverture.

Selon les autorités, ces fermetures permettaient de concentrer l’essentiel de l’action des services de police, de gendarmerie, des douanes et de la mission Sentinelle sur les points d’entrée les plus empruntés pour franchir la frontière entre les deux pays.

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Côté associations et élus locaux, ces mesures ont suscité en revanche de fortes oppositions. En mars 2021, les humanitaires dénonçaient une véritable “traque” contre les migrants, sur la route, dans les trains et dans la rue. À Hendaye, les gendarmes étaient même entrés dans le jardin d’un particulier pour y extraire un exilé venu se cacher de la police, avaient rapporté des bénévoles.

Au moins 12 morts dans la Bidassoa

La militarisation toujours plus forte dans la région a poussé les exilés à emprunter des itinéraires plus risqués. Certains tentent par exemple de traverser à la nage, au péril de leur vie, la rivière de la Bidassoa, frontière naturelle entre l’Espagne et la France. Selon un rapport de plusieurs ONG publié début mai 2023, au moins 12 personnes ont péri à cette frontière entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022, dont une partie en tentant d’échapper aux contrôles de la police, a dénoncé la Coordination d’actions aux frontières intérieures (Cafi).

La rivière Bidassoa est une frontière naturelle entre la France et l'Espagne. Crédit : InfoMigrants
La rivière Bidassoa est une frontière naturelle entre la France et l’Espagne. Crédit : InfoMigrants

Le 12 octobre 2021, trois migrants algériens sont morts et un autre a été grièvement blessé après avoir été percutés par un TER à Ciboure, dans le Pays basque. Le petit groupe suivaient la voie ferrée à pied afin d’échapper à d’éventuels contrôles de police, puis s’étaient assoupis sur les rails, peu avant la gare de Saint-Jean-de-Luz.

“En venant ici, les migrants arrivent sur un territoire qu’ils ne connaissent pas, ils sont perdus, avait expliqué à InfoMigrants Amaïa Fontan, porte-parole du collectif d’associations Etorkinekin (“avec les migrants” en langue basque). Alors ils cherchent par tous les moyens à trouver des endroits à l’abri des contrôles, sans forcément se rendre compte du danger”.

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