Dans une tribune publiée à l’initiative du collectif Tsedek!, 85 personnalités juives dénoncent l’opération militaire en cours à Gaza et l’instrumentalisation de l’émotion légitime suscitée par les attaques du 7 octobre.
Collectif juif décolonial
Tribune initialement publiée dans Libération
L’ONU annonce un possible nettoyage ethnique dans la bande de Gaza.
En tant que juifs et juives, nous sommes horrifié·es par les violations du droit international que l’Etat d’Israël mène à Gaza en toute impunité et nous refusons que ce massacre ait lieu en notre nom.
Nous comprenons et partageons la douleur et la peur ressenties par de nombreux·ses juif·ves de France suite aux crimes de guerre du Hamas.
La majorité d’entre nous a de la famille en Israël, et nous souhaitons exprimer toute notre compassion aux familles des victimes des massacres du 7 octobre.
Mais cette douleur ne saurait justifier un nettoyage ethnique à Gaza.
La poursuite de la guerre et de l’occupation n’amènera ni la paix, ni le retour des otages.
Gaza subit une crise humanitaire sans précédent. Suite aux attaques du 7 octobre, faisant 1 400 morts israéliens et au moins 4 600 blessés, Israël a imposé un siège total de la bande de Gaza, une forme de punition collective contraire au droit international. 200 Israélien·nes demeurent pris·es en otage à Gaza, et leur sort importe moins au gouvernement israélien que l’écrasement des Palestinien·nes.
Deux millions de Gazaouis se trouvent privé·es d’eau, de nourriture, et d’électricité. Des organisations de défense des droits humains ont documenté l’utilisation de phosphore blanc. Des hôpitaux, mais aussi des lieux de culte où se réfugient des Gazaouis, ont été bombardés.
Un cessez-le-feu immédiat
A l’heure où nous écrivons, au moins 8 000 Palestinien·nes y ont été tué·es, dont près de 3 000 enfants. La répression à l’égard des Palestinien·nes en Cisjordanie s’est également intensifiée ces deux dernières semaines, avec plus de 100 personnes tué·es par des colons ou l’armée israélienne. Plus de 13 000 Gazaouis ont été blessé·es par les frappes aériennes israéliennes et plus d’un million de personnes déplacées.
Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et la fin de l’impunité israélienne. Il est urgent d’amener le gouvernement israélien à cesser sa campagne de bombardements et de l’empêcher d’entamer une offensive terrestre qui risquerait de déclencher un embrasement régional.
Cette violence punitive et ces crimes de guerre ont été annoncés par les officiels du gouvernement israélien par le biais de déclarations déshumanisantes et sont soutenus par nos dirigeant·es en France. Nous rejoignons nos frères et sœurs juif·ves aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Israël et ailleurs, qui ont dénoncé le soutien inconditionnel de leurs gouvernements à l’offensive israélienne contre Gaza, et nous rappelons que l’expression de la solidarité avec le peuple palestinien en tant que peuple opprimé est un droit et une liberté politique.
En affirmant de manière inconditionnelle le droit d’Israël à se défendre, et en votant contre une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu, le gouvernement français se fait complice d’un nettoyage ethnique à Gaza.
Nous réclamons :
- L’arrêt immédiat des bombardements israéliens et le retrait des forces armées israéliennes de Gaza
- La levée du blocus et du siège de Gaza
- Des négociations pour la libération des otages et des prisonniers politiques
- Des sanctions internationales contre l’Etat israélien
Premiers signataires : Michael Löwy, sociologue, Ariella Aïsha Azoulay, professeur de culture & médias modernes et littérature comparée, Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Tal Madesta, journaliste et auteur, Yael Lerer, éditrice et traductrice, Rony Brauman, médecin, ancien président de Médecins sans frontières (MSF), Albert Levy, juriste, Simone Bitton, cinéaste, Tal Dor, sociologue CENS /LEGS, Gérard Haddad, psychanalyste et essayiste, Marie-José Mondzain, philosophe, Alice Pfeiffer, journaliste et autrice, Eyal Sivan, réalisateur
La liste complète des signataires est à retrouver ici.