Le 9 mars 2022, Daria Mitiuk nous décrivait Kyiv sous les bombardements. Depuis, elle est venue à Paris, où elle a organisé des levées de fonds pour soutenir l’Ukraine. De retour dans sa ville natale depuis peu, elle continue la résistance, malgré son épuisement physique et moral.

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Daria Mitiuk a vingt-huit ans. Elle est danseuse et productrice de films et elle est née à Kyiv. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février dernier, elle s’est réfugiée dans une cave avec sa famille, avant d’aller s’installer dans le sous-sol d’une maison culturelle quand ses parents sont partis en Pologne. Elle nous le raconte dans son premier témoignage que vous pouvez retrouver ici : À lire aussi : Daria, Iya et Genia 4 mai 2022 29 min

“La ville était vide, grise, froide, assez cauchemardesque. On entendait des explosions non stop.” Daria

A Kyiv, Daria s’engage dans une cuisine de guerre. Dans le sous-sol d’un restaurant, elle et d’autres jeunes ukrainiens préparent à manger notamment pour les soldats, alors que la nourriture commence à se faire rare dans la capitale. Daria, qui a déjà souffert de dépression par le passé, est soumise à un stress sans précédent qui menace sa santé mentale. “La situation s’empirait de plus en plus et ça me demandait beaucoup d’énergie. Je commençais à ressentir de la douleur physique.” Alors elle décide de partir, pour rejoindre sa tante qui vit en Suisse.

“Cette décision a été compliquée à prendre parce que je partais seule. Je ne savais pas à quoi m’attendre, comment j’allais arriver jusqu’à Genève, comment j’allais passer la frontière.” Daria

Le 28 mars, elle quitte sa ville natale avec seulement un petit sac contenant ses papiers, son ordinateur et une icône orthodoxe. Elle réussit à atteindre la Pologne et à prendre un avion pour Genève. Une fois en sécurité, elle s’effondre. Tout lui rappelle la guerre, les sirènes, les bruits de voitures, tout la fait sursauter. Sa santé mentale est en péril : “Je commençais à tomber dans une profonde dépression.”

“Mon psy m’a dit : “Le seul moyen, c’est de continuer le bénévolat, de continuer à résister, de continuer à faire tout ce que tu peux faire. Sinon, ça va être très difficile. Soit ça t’es engagée, soit ça te mange.”” Daria

Daria décide donc de se rendre à Paris pour y organiser des collectes de fonds. Avec d’autres bénévoles, elle monte un projet de cuisine de guerre sur le canal Saint-Martin.

Capture d'écran du compte instagram @dariamitiuk
Capture d’écran du compte instagram @dariamitiuk – Daria Mitiuk

“Du 16 au 17 avril, nous transformerons le Citizen en restaurant de guerre comme en Ukraine, exactement comme ceux de Kyiv qui préparent et distribuent jusqu’à 1000 portions par jour, ces lieux d’hospitalité changés en bastions de solidarité sous les sirènes de bombardement, au milieu de sacs de pomme de terre. Tous les dons pour ce “pop-up” caritatif seront envoyés aux associations qui cuisinent là-bas, sur le front, et vous pourrez déguster vos repas à emporter, sur place ou à distribuer à ceux qui en ont besoin ici à Paris. Tout le monde nourrit tout le monde” Légende du post Instagram de @dariamitiuk

Seulement, l’engouement escompté par Daria et les autre bénévoles n’a pas lieu. Ils n’ont pas de clients. C’est une déception difficile à endurer pour Daria dont la santé mentale empire. “C’est difficile d’être loin de son pays en guerre.” Désespérée, Daria s’arme de drapeaux ukrainien et va chanter dans la rue.

Au bout d’un mois et demi en Europe, Daria décide de rentrer en Ukraine, alors que les bombardements font encore rage. Même si rentrer chez elle la soulage, elle souffre de stress post-traumatique.

  • Reportage : Alain Lewkowicz
  • Réalisation : Yaël Mandelbaum
  • Mixage : Nadège Antonini

Chanson de fin : “Hey Hey Rise Up” de Pink Floyd ft Andriy Khlyvnyuk Références

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