L’expulsion au cœur de l’hiver d’un “squat” sans doute exemplaire dans sa gestion commune entre les migrants habitants les lieux et les associations investies corps et âme auprès d’eux depuis plus d’une année et demi provoque une très forte indignation et une grande colère. Cette expérience méritait mieux que cette triste expédition au petit matin jetant à la rue plus d’une centaines d’enfants et leurs parents. Nous vous proposons ci-dessous une série de réactions issues de médias classiques, France 3 et la Clé des Ondes et celles piochées sur FB de nombreux militants ou citoyens lambdas mais solidaires. Pour ceux dont nous n’avons pas l’autorisation de republier leurs textes, nous n’avons indiqué que leurs initiales. Pour la rédaction, JFM.

Eric Chevance  Créateur et animateur du collectif Bienvenue

Angoisse

Sombre matinée que celle d’hier. Elle débute peu avant 6h, lorsque 5 autocars viennent stationner sur le parking de La Morlette à Cenon, près de Bordeaux. Quelques minutes plus tard, un important dispositif policier se déploie dans le quartier et très vite, c’est tout un pâté de maison qui est encerclé, puis investi. Plus d’une centaine de personnes sont là, dans le froid, pour assister à l’opération.

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L’opération ? Quel genre d’opération demande la présence de 150 policiers, là, au cœur d’une cité populaire ? L’arrestation de dangereux terroristes ? Le démantèlement d’un trafic de stupéfiants ? La découverte d’un réseau pédophile ? Non. Il s’agit de déloger les 300 habitants d’un lieu nommé la Zone Libre, une ancienne résidence pour personnes âgées occupée depuis près d’un an et demi par des familles sans logis. Par famille, j’entends des hommes, des femmes et des enfants, non pas des délinquants, des truands,des malfaiteurs ou des criminels. Des familles, donc, pour la plupart étrangères, toutes précaires. Certaines d’entre elles, alertées la veille, ont déjà quitté les lieux. Les autres ne peuvent que subir, impuissantes, cette brutale intrusion d’hommes en noir qui ouvrent sans ménagement les portes, pénètrent dans les appartements, en sortent les occupants.

Elles ne sont pas seules, ce matin-là. Les représentants des associations humanitaires sont là, de même que les citoyens solidaires, qui manifestent leur colère et tentent de les rassurer. Il y a quelques pleurs, bien sûr. Que vont-elles devenir ? Où seront-elles conduites ? Il y a surtout beaucoup de dignité. Elles ont déjà tant souffert.

Ces faits et leur suite sont largement rapportés et commentés par de nombreux témoins, par les acteurs qui se sont mobilisés pour secourir les expulsés ainsi que par la presse tant locale que nationale. Je ne répèterai pas ici ce qui est dit, souvent avec émotion, parfois avec colère, toujours avec justesse, de cette opération policière indigne diligentée par l’état. Mais lorsque j’écoute les paroles des dirigeants de notre pays — et en premier lieu celles du Ministre de l’Intérieur s’adressant à la patronne de l’extrême droite hier à la télévision — et quand je vois comment ils agissent, je suis pris d’une sérieuse inquiétude.

Je ne suis pas du genre à crier au fascisme chaque semaine, à dénoncer à qui veut bien l’entendre la dictature qui nous menace. J’ai encore la faiblesse de croire aux vertus de la République, à sa capacité — notre capacité — à résister à quelque virage autoritaire qui la menacerait. Mais, je vous le dis, hier matin à Cenon, je sentais monter en moi comme une sourde angoisse. Elle est encore là.

Raymond Blet Avocat, fut l’ animateur à Calais de la maison du droit  ·

Fin de vie pour la Zone libre assassinée par la bêtise inhumaine d’une préfète en mal d’autorité.

Je n’ai pas eu le courage de fixer les visages des enfants apeurés.alors j’ai préféré les symboles:

Ici une poubelle a recueilli les peluches et les doudous des enfants en pleurs; là les bras d’une policière ( peut-être maman!) a accueilli un bouquet de mimosas en fleurs. Au fait, c’est quoi l’indécence ?

FRANCE 3 NOUVELLE AQUITAINE

Le coup de gueule de Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, après l’expulsion de 300 personnes à Cenon

C’est une voix qui porte, celle de la Bordelaise Véronique Fayet, ancienne élue et aujourd’hui présidente nationale du Secours Catholique. Elle a alerté les ministères sur les conditions d’évacuation du squat de Cenon ce matin .  “Des méthodes de cow-boy” dénonce-t-elle. 

Publié le 11/02/2021 à 18h12 • Mis à jour le 11/02/2021 à 18h20

Véronique Fayet, la Bordelaise, ancienne élue, est aujourd'hui présidente nationale du Secours Catholique en France.
Évacuation du squat de Cenon ce jeudi 11 février • © MEHDI FEDOUACH / AFP
Gironde Bordeaux


Véronique Fayet, la Bordelaise, ancienne élue, est aujourd’hui présidente nationale du Secours Catholique en France. • © Matthieu Alexandre AFP

L’évacuation du squat fait des remous. A commencer par le Secours Catholique et sa présidente nationale, la Bordelaise Véronique Fayet qui ne décolère pas. Elle apporte sa voix, et c’est une voix qui porte, à la contestation de cette expulsion, ordonnée par un juge en janvier 2020. 
Hommes, femmes, une centaine d’enfants, des familles de différentes nationalités habitaient ce squat qui avait vu le jour en 2019. 

Nous retraçons les propos de Véronique Fayet contactée ce jeudi après-midi.

Évacuer un squat dans ces conditions, c’est indigne. 

Véronique Fayet – Présidente nationale du Secours Catholique 

“On est en pleine période hivernale et en plein pandémie donc la consigne de l’Etat c’est de mettre tout le monde à l’abri, de ne laisser personne dehors, sans aucune préparation préalable, sans discussions préalables avec les élus, les associations, encore moins avec les personnes concernées pour expliquer. Enfin les personnes ce ne sont pas des animaux. “

Les forces de l’ordre étaient sur place à la fin de la nuit pour faire sortir les familles et les amener vers des bus en direction de villes de Nouvelle-Aquitaine.

“Là, on les réveille à 6 heures du matin et à 7 heures, on leur dit vous partez à Guéret. Est ce qu’une famille géorgienne ou du Sud Soudan sait où est Guéret et ce qu’elle va y faire ? Pourquoi, comment ?”

Véronique Fayet, qui a été témoin de l’évacuation de ce qui était appelé ” la jungle de Calais”, diligentée par la même préfète Fabienne Buccio, actuellement préfète de région Nouvelle-Aquitaine, évoque une situation totalement différente où tout avait été préparé, les personnes informées de leur lieu de destination. 

Ce sont des méthodes de cow-boy, c’est insensé et d’une violence pour les hommes, les femmes et les enfants qui y étaient. C’est inacceptable. 

Véronique Fayet

“Une centaine d’enfants sont très bien scolarisés. On ne casse pas tout un processus d’insertion comme ça brutalement, sans raison valable. Ce qui me met en colère, c’est l’absence totale de confiance de la préfecture de la Gironde envers les associations. Les associations sont toutes des ennemis, au lieu de nous considérer comme des partenaires. On ne prétend pas avoir la solution, mais il faut mettre tout le monde autour de la table. “


Les forces de l’ordre et un militant associatif à terre ce jeudi matin lors de l’évacuation du squat de Cenon • © MEHDI FEDOUACH / AFP

Véronique Fayet a actionné ses réseaux pour alerter les services des ministères de la situation. La présidente du Secours Catholique a contacté le cabinet de la ministre du logement et celui d’Olivier Véran, ministre de la santé. Les services ont donc échangé avec la préfecture qui a répondu qu’il n’y avait aucun problème. Il y avait des propositions pour tout le monde ” On va renvoyer des informations différentes ! On va continuer à alerter le cabinet et dire que c’est scandaleux” s’indigne la responsable associative dont la voix porte au plan national. 

Ce qui réconforte Véronique Fayet, c’est la solidarité qu’elle a pu observer. ” Les bordelais se sont montrés généreux, beaucoup de bénévoles ont proposé d’héberger des familles.” 

La préfecture indique que 58 personnes ont accepté les propositions de relogement. Elles ont été acheminées en bus vers les villes de Bordeaux, Guéret, Limoges, Angoulême et Agen.

58 personnes sur 300 ? C’est un échec monumental. C’est à pleurer. 

Véronique Fayet

“Ce sont 230 places (122 hors Gironde, 108 en Gironde) qui avaient été réservées dans 9 des 12 départements de la région Nouvelle-Aquitaine, grâce à la mobilisation des préfets et des services de l’État. Toutes les personnes qui le souhaitaient se sont donc vues proposer une solution de mise à l’abri. Des masques, du gel et des paniers repas leur ont été distribués.” indique le communiqué de la préfecture de la Gironde. Pour ceux en situation irrégulière, les services de l’Etat ont proposé une aide au retour dans le pays d’origine.

V V

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Ce matin expulsion de la Zone Libre ..300 personnes dont 110 enfants …des bus à destination de la Creuse de la Charente de la Haute Vienne pour des hébergements de 48h.

Plus de 150 policiers et gendarmes..

L ensemble des enfants étaient scolarisés et seront désormais traumatisés et pire seront sans toit dans 48 heures …

Infinie colère et tristesse face à cet État indigne et ne sachant pas la définition du mot Fraternité….

Bon comme d’habitude je vous passe le couplet sur les militants associatifs poussés et même gazés.

E Ms

Où dormiront les écoliers de la République ?

Elles et ils s’appellent Teresina, Illia, Ruben, Eneko, Rumin, Tatiania, Moussa, Aïcha…

Face à eux des matricules, des agent.e.s de l’Etat qui leur font quitter l’abri qu’ils avaient trouvé pour un répit tout relatif après l’errance.

Face à eux des matricules Charlie

Pas très Charlie en fait ?!

Des cars attendent pour les acheminer avec leurs quelques effets personnels vers la rue.

Aujourd’hui j’ai mal à ma République.

Pas d’enfants dans la rue !

Honte à madame la Préfète !

La Clé Des Ondes (90.1)

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🤮Pendant ce temps à la Zone Libre de Cenon…

Expulsées ce matin par les services de la préfète de Gironde, les 80 familles et les 110 enfants ne doivent pas pouvoir revenir. La pelleteuse déjà présente ce matin et s’est vite mise en action.

Dans son communiqué, la préfecture insiste pour dire que “les lieux libérés de toute occupation illicite ont été rendus à leur propriétaire, SA LOGEVIE, qui procédera à la sécurisation du site afin d’empêcher toute nouvelle intrusion.”

🤔Elle voulait sans doute écrire destruction non ?

Dans ce même communiqué ahurissant, on apprend que le soutien de citoyens et citoyennes n’a fait qu’entraver le travail social et humanitaire de la préfète puisqu’on lit qu’ “alors même qu’un important dispositif a été mis en place par les services de l’État avec notamment la location de 9 bus pour assurer le transport des personnes sur les différents sites, certaines associations présentes sur les lieux ont dissuadé les personnes évacuées d’accepter les propositions d’hébergement allant jusqu’à tenter de les récupérer dans les bus.”

“Au total, 58 personnes ont accepté la proposition d’hébergement faite par l’État. (…) Ce sont 230 places (122 hors Gironde, 108 en Gironde) qui avaient été réservées dans 9 des 12 départements de la région Nouvelle-Aquitaine, grâce à la mobilisation des préfets et des services de l’État. Toutes les personnes qui le souhaitaient se sont donc vues proposer une solution de mise à l’abri.”

😤Aucune précision sur la pérennité de cette mise à l’abri…

Comme toujours les associations, comme les syndicats, les citoyennes, citoyennes ne comprennent pas que sortir de chez eux des hommes, femmes et enfants à 6h du matin pendant la trêve hivernale c’est bon pour eux…

La préfecture ajoute bien entendu que le lieu était dangereux pour ses occupants, que c’était illégale, qu’elle n’a fait que “accorder le concours de la force publique” pour un lieu connu “défavorablement”.. Blablabla..

Bref. Quelle honte…

P. C

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Petite fille, nos regards se sont croisés hier matin à Cenon lors de l’expulsion du camp où tu vivais avec ta famille depuis l’automne 2019.

Tu m’as souri malgré le chaos qui t’entourait et tu as accepté d’un petit mouvement de tête timide que je te prenne en photo avant de te remettre dans ta bulle d’enfant.

Je ne connais pas ton histoire ni même ton prénom.

Je sais seulement que tu allais à l’école à Cenon, que tu avais des petits copains, des petites copines qui contrairement aux adultes ne te jugeaient pas.

Tu les as quitté vendredi dernier pour les vacances scolaires sans penser que tu ne les verrais plus du tout et ta gentille maîtresse.

Je sais que tu as vu tes parents pleuraient, s’angoissaient dans les jours qui ont précédé ce matin où des hommes en noir ont pénétré bruyamment dans cette maison où tu vivais, où tu jouais, ce lieu rempli de tes rêves d’enfant.

6 heures c’est bien tôt pour être réveillée pendant ses vacances scolaires, pour être poussée sans ménagement pour la nuit noire de Cenon, abandonnant derrière toi tes jouets, tes dessins, ton petit sac d’école.

Ce matin, il y avait beaucoup de monde autour de toi qui courraient dans tous les sens, qui s’agitaient, parlaient très fort, criaient, hurlaient, des gens qui font peur, beaucoup de gens inconnus de toi.

Papa, Maman étaient là pour te protéger mais tu sentais bien leur tristesse, leur peur, leur panique.

Il y avait quand même quelques personnes gentilles, des bénévoles d’association, pour essayer de t’apporter un peu de réconfort mais toi, toi tu regardais tout cela avec tes yeux d’enfant, toute cette agitation autour de toi, cette agitation que tu avais déjà peut être connu du haut de ton jeune âge.

Tu étais là, effrayée, regardant tout cela sans comprendre, à proximité d’un bus qui va t’amener vers un ailleurs.

Tu vas partir en Charente, en Creuse, en Haute Vienne ou ailleurs, pour toujours ou quelques jours.

Vas tu enfin y trouver un lieu où plus personne ne viendra te réveiller à 6 heures du matin pour te pousser dehors ?

Vas tu retrouver une école et de nouveaux amis ?

Vas tu pouvoir grandir dans un beau futur pour toi et ta famille ?

Je ne sais pas mais je le souhaite pour toi.

Petite fille je te souhaite tout le bonheur du monde et non de ce Monde là.

P. C

La préfète de Gironde est une représentante de l’état zélée.

Aujourd’hui, malgré le plein hiver, une trêve hivernale prolongée jusqu’à fin juin pour raison sanitaire, un virus invisible circulant fortement, un couvre-feu des plus sévères, Madame Fabienne Buccio a ordonné l’expulsion du squat du haut Cenon, ex RPA Ramadier jetant ainsi à la rue 300 personnes dont 110 enfants.

Ce n’est hélas pas son premier fait d’armes. Elle est une spécialiste émérite de l’expulsion de masse.

80 familles avec 110 enfants la plupart en bas âge, des personnes en situation de handicap, des femmes enceintes, des personnes malades, avaient trouvé refuge dans ce lieu à l’automne 2019 pour échapper à la rue, n’ayant aucune autre solution d’hébergement.

Personne ne décide de vivre dans un habitat précaire par choix.

Néanmoins cette « stabilité » géographique a permis une scolarisation massive de tous les enfants, une inscription dans les démarches administratives avec un réel suivi social et médical pour toutes les familles. Certaines familles ont pu ainsi trouver un logement, d’autres obtenir des titres de séjour.

Les familles évacuées de ce lieu ne vont pas disparaître. Elles vont se retrouver à la rue, sans solution, dans les parcs, sous des tentes et Madame Buccio dormira bien au chaud ce soir.

Jean-Pierre Lefèvre

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Un jour sans…..

Expulsion en cours à la Zone Libre de Cenon, la police de la préfète massivement mobilisée à 5 h du matin. Acharnement de l’État contre les plus faibles. Horreur, froideur administrative.

Silence du populo, ce soir sur la chaine publique la 2, entre la grosse truie Le Pen et le Ministre, menteur, violeur Darmanin qui débattront sur les pauvres qui fraudent, en évitant d’inquiéter les milliardaires, insultant les jeunes qui ne pensent qu’à faire la fête au lieu de bosser et les immigrés qui viennent prendre le pain des français, enfin des blancs, des vieux, des riches enfin ceux qui votent encore.

Un jour sans …

Résistance !

Rosa Florent

Ce ne sont pas des migrants, ils ne migrent pas, ils sont ici parfois depuis plusieurs années.

Leurs enfants sont nés ici pour certains, ils vivent et travaillent ici.

Ce sont des immigrés pas des oiseaux migrateurs.

Les médias et les politiques ont une vision conceptuelle de l’immigration, comme si ces personnes étrangères étaient de passage, donc sans attaches.

Ces immigrés survivent dans des bidonvilles comme dans les décennies 50 et 60 du 20ème siècle.

Pour certains, ils sont de la main d’œuvre pas chère de sous traitants du BTP, d’exploiteurs de grands groupes.

La France, Eldorado des Droits de l’Homme a perdu de son lustre

C. F

Je suis l’enfant de France qui porte à l’horizon

Comme un sanglot la flamme de la révolution

Et si la Terre pour moi, non, n’a pas de nation

Que le pays du cœur qui porte le fleuron

Des fleurs du solidaire qui unira le chant

De toutes les sœurs et frères, de tous les partisans

Si je suis le drapeau du peuple résistance

De toutes les nations, je suis l’enfant de France

Des médias corrompus et le peuple à la rue

Au monde des marchands toujours qui prostitue

Des pouvoirs qui n’entendent jamais que la violence

Sont bien tristes aujourd’hui, oui les rues de ma France… DAMIEN SAEZ

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