En France depuis 25 ans, une salariée d’un EHPAD bordelais risque de perdre son travail, en attente du renouvellement de son titre de séjour. Ses collègues se mobilisent et espèrent trouver un compromis avec la direction pour maintenir son poste.
Berthe a 52 ans. Elle est agent des services logistiques (ASL) au sein de l’Ehpad Notre Dame de Bonne Espérance à Bordeaux. L’établissement, géré par une association à but non lucratif (ADGESSA) compte 52 salariés pour et 93 lits. Berthe y travaille depuis mars 2019. Originaire du Gabon, elle est arrivée en France il y a 25 ans. Mais aujourd’hui, faute de papiers en règle, elle craint pour son emploi.
À l’origine de la situation actuelle, selon Berthe, des lenteurs administratives de l’ambassade du Gabon. Elle a prévenu sa direction, qui s’est montrée « à l’écoute ». Depuis un mois, elle est en congés anticipés :
« J’ai dû refaire mon passeport et je ne l’ai toujours pas reçu. Or il me faut cette pièce pour renouveler mon titre de séjour, ce qui explique que j’ai fait une demande en retard. Récemment, j’ai obtenu un tenant-lieu qui devrait permettre de débloquer la situation. »
Rendez-vous en préfecture
Ce jeudi 11 mai devant l’Ehpad, un rassemblement de soutien a réuni une dizaine de salariés et de représentants syndicaux. Kamala Rama, déléguée CGT de l’établissement, expose le paradoxe d’un possible licenciement dans un secteur en manque de personnels :
« Comme partout, nous sommes en sous-effectif. Il faudrait ouvrir au moins trois postes. Deux solutions sont possibles pour la direction : un congé sans solde ou une rupture de contrat avec promesse de réeambauche dès la régularisation des papiers. »
La préfecture de la Gironde confirme que la demande de renouvellement a été faite le 24 mars dernier, soit 4 mois après la fin de validité du titre :
« Les demandes de renouvellement de titres de séjour doivent être déposées entre 4 et 2 mois avant la fin de validité du titre c’est à dire qu’elle aurait dû déposer sa demande de renouvellement au plus tard le 31 octobre 2022. »
Un rendez-vous doit avoir lieu avec la préfecture le 17 mai prochain. Cette dernière précise qu’un « titre temporaire » pourrait être remis à Berthe le temps du renouvellement. « Nous lui avons prodigué des conseils afin qu’elle puisse gérer au mieux ses difficultés d’ordre administratif », assure de son côté Sébastien Dumoulin, directeur général d’ADGESSA.