Le collectif Lighthouse Reports a révélé l’existence de cellules cachées dans des bateaux touristiques privés. Les autorités italiennes y enferment des demandeurs d’asile afin de les renvoyer en Grèce.
Zoé Neboit • 23 janvier 2023
© KAZEM HUSSEIN / Unsplash
Les nombreuses images et vidéos récoltées par les journalistes du collectif d’investigation Lighthouse Reports sont confondantes. Alors que des touristes sirotent leurs cocktails sur le pont des Superfast I, Superfast II et Asterion II, appartenant à la flotte du géant grec Attica, des réfugiés sont secrètement détenus dans des prisons de fortune au fond des cales.
L’enquête, publiée le 18 janvier, révèle que ce sont les autorités italiennes qui orchestrent ce trafic pour ramener les demandeurs d’asile « d’où ils viennent », c’est-à-dire en Grèce où ils seront expulsés.
Des hommes et parfois des enfants se retrouvent enfermés, voire menottés, dans des boîtes de métal pour conteneurs ou encore dans des toilettes désaffectées. Les traversées durent entre 12 et 20 heures. Des inscriptions au mur portant des dates et le nom des détenus ont également été retrouvées, énième preuve matérielle de ces expulsions par la mer.
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Une méthode tout à fait prohibée au regard du droit européen et surtout depuis un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme d’octobre 2014. Ce dernier avait à l’époque condamné l’Italie précisément pour cette pratique.
Huit ans après, et malgré les dénégations des autorités italiennes, ces expulsions ont toujours lieu. Plus de 200 cas ont été recensés ces deux dernières années, mais les auteurs estiment que le nombre réel va bien au-delà.
Ils révèlent par ailleurs que plusieurs employés de la compagnie connaissaient l’existence de ces lieux de détention, qualifiés de « prisons ». Une question demeure : au niveau de l’Union, cette aberrante violation du droit d’asile était-elle un secret bien gardé ou de Polichinelle ?
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