Le dévouement. Tel fut le fil conducteur de l’engagement de Denise Bourgois au service de ses compatriotes. Qu’ils fussent Arabes, Berbères d’Algérie ou du Maroc, Rapatriés indochinois, Harkis, jeunes autochtones en quête de repères pour jalonner leur vie.
Denise Bourgois est décédée dans sa 94 ème année, militante humanitaire, fidèle en amitié, ne cédant rien au découragement et à la fatalité. Combattante de cœur, jusqu’au bout. Celle qu’Ancrage avait affectueusement défini comme la «Samaritaine de la Casbah » avait débuté
sa carrière professionnelle parmi les Arabes des quartiers pauvres d’Alger, dans les années quarante, au grand dam de la bien-pensance européenne.
Son attachement à la population autochtone l’avait conduite à apprendre la langue arabe qu’elle maîtrisait à merveille et qui lui fut d’une grande utilité lors de ses missions futures au Maghreb.
Il serait vain ici d’énumérer les étapes d’une longue carrière qui la conduisit au Maroc en 1948 où elle participa notamment à la formation d’infirmières et la mise en place de structures de santé. On la retrouva dans les années soixante en métropole à la dite « Cité d’accueil des Français d’Indochine » de Sainte-Livrade-sur-Lot aux côtés des équipières de la Cimade, au sein de l’association d’insertion « Araucaria », et parmi les Harkis du camp de Bias. Ce « bout du bout » où médecins et services sociaux ne se précipitaient pas pour secourir « les incasables. »
« Vous parlez l’arabe vous nous serez utile là-bas » avait affirmé péremptoire un chef de bureau. A Bias, Denise Bourgois fut confrontée aussi à l’hostilité d’une minorité en grande souffrance voyant en elle la coupable toute désignée de leur désarroi. A leurs yeux, elle était à
son corps défendant le symbole d’un gouvernement indigne, expliquait en substance Patrick Jammes, le seul médecin ayant accepté de soigner la communauté pendant trente ans.
Au delà de son dévouement professionnel, Denise Bourgois noua avec les familles de Harkis de solides liens d’amitié qui n’eurent de cesse de se renforcer jusqu’à son départ de ce bas monde.
A l’heure de la retraite, Denise Bourgois ne cessa de prendre la route de Bias. Elle ne négligea aucun des rendez-vous mémoriels en hommage aux anciens supplétifs. Elle milita avec le Souvenir Français à la réhabilitation des tombes de ceux décédés loin de leur terre natale. Et son domicile cassipontin resta ouvert jusqu’au bout à la famille universelle de celles et ceux à qui elle avait tendu la main. Nombre d’entre eux étaient présents lors de ses obsèques à Pont-du-Casse puis à La Sauvetat-sur-Lède où elle fut inhumée le mercredi 29 janvier. Ancrage salue sa mémoire.