Deux tableaux et une sculpture du XVe siècle, spoliés par les nazis entre 1933 et 1945 à des Juifs allemands, ont été restitués mardi à Paris à leurs ayants droit. Un projet de loi pour faciliter ces restitutions est présenté aujourd’hui.
C’est l’une des priorités de la ministre de la Culture, pour cette année. Rendre les œuvres spoliées par l’Allemagne nazie et le gouvernement de Vichy. Rima Abdul-Malak présente mercredi un projet de loi pour faciliter ces restitutions. En France, on estime à 100.000 le nombre d’œuvres et d’objets d’art spoliés dans la Seconde Guerre mondiale. “C’est sans doute un chiffre sous-évalué, car calculé sur la base des demandes ou des signalements faits par les familles après la guerre”, explique David Zivie. Cet historien de formation dirige la mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945. “Il ne faut pas oublier les livres, dont on ne connaît pas le nombre, au moins cinq millions.”
La travail de Rose Valland
“Il y a un certain nombre d’archives, des spoliateurs eux-mêmes, certains services allemands de pillage établissaient des listes, faisaient des inventaires, prenaient parfois des photographies. Nous avons aussi les archives de l’immédiate après-guerre, des demandes faites par les familles, dont la mémoire s’est perdue”, affirme David Zivie. Car parfois, les générations d’après ne savent pas que leur famille a été pillée pendant la guerre.
Une femme s’est battue et a joué un rôle fondamental, elle s’appelle Rose Valland : “Elle travaillait comme attachée de conservation au Jeu de Paumes, pendant l’Occupation. Sa présence a été tolérée. Ce musée parisien a été réquisitionné par les Allemands pour entreposer, stocker les œuvres des collections privées qu’ils volaient à Paris et partout en France. Elle a pris en note tout ce qu’elle voyait passé. Elle a gardé la mémoire de ces œuvres. Elle notait les noms des propriétaires, la date de leur arrivée et de leur départ, elle le faisait très discrètement. Elle a pris des risques en le faisant. Nous travaillons encore grâce à ses archives.”