À retrouver dans l’émission La Grande Table idées par Olivia Gesbert

Il s’est mis dans la peau d’un réfugié et a suivi les routes dangereuses de l’Afghanistan aux îles grecques : Matthieu Aikins, grand reporter en Afghanistan et au Moyen-Orient, auteur de l’enquête en immersion “Les humbles ne craignent pas l’eau”, est notre invité.

Un petit bateau de réfugiés faisant signe aux gardes-côtés sur la côte grecque, le 25.10.2015
Un petit bateau de réfugiés faisant signe aux gardes-côtés sur la côte grecque, le 25.10.2015• Crédits : SOPA Images / ContributeurGetty

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Matthieu Aikins est grand reporter en Afghanistan et au Moyen-Orient, journaliste pour le New York Times Magazine et Rolling Stone. Ses reportages ont été primés et reconnus de nombreuses fois (George Polk, Livingston Awards, finaliste à deux reprises du National Book Award…).

Il a publié son premier livre, Les humbles ne craignent pas l’eau (Seuil, éditions du Sous-sol). Une traduction par Charles Bonnot du livre The Naked don’t fear The Water sorti en février 2022 aux Etats-Unis. Le récit en immersion d’une épopée à travers les frontières : Matthieu Aikins a décidé de suivre son ami Omar, afghan qui rêve depuis toujours de se rendre en Europe : “Omar depuis son enfance regardait la vie en Occident avec beaucoup d’envie ; il voulait un avenir.

Matthieu Aikins a pu se faire passer pour un migrant afin de vivre cette expérience au plus près, rencontrant les passeurs, se heurtant aux obstacles, expérimentant la peur d’être à quarante sur un bateau pneumatique et l’insalubrité des camps de Lesbos.  Des moment de tension qui s’alternent avec de l’inaction, en attente dans les “planques” ou au camp de Lesbos. Ce qui lui fait dire que “La migration, c’est un peu comme la guerre, de longs moments d’ennui avec quelques restants de terreur“. L’immersion, néanmoins, n’en était pas moins dangereuse : comme il le dit, “le risque d’être découvert, c’était d’être arrêté, voire même enlevé” par des passeurs de mèche avec les gangs et les Talibans.

Si Matthieu Aikins a su se fondre dans la masse des déplacés, il reste néanmoins lucide quant à ses privilèges. Il sait par exemple qu’il peut sortir de son rôle à tout moment et utiliser son passeport pour éviter le danger des voies clandestines.

Surtout, il semble parfois traverser les frontières entre journaliste, auteur et migrant : lorsque, assis sur un bateau pneumatique en direction de Lesbos, il tient la tête d’une petite fille qui se cogne à lui sous la force des vagues, ou au milieu d’une danse festive à Athènes mêlant réfugiés et activistes, il partage des moments d’émotion.

Les humbles ne craignent pas l’eau raconte à la fois le périple de ces deux voyageurs et une crise historique qui a vu des masses de réfugiés traverser les frontières dès 2015. Un livre d’une grande actualité sans doute, face à l’afflux de réfugiés ukrainiens 

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