La guerre des mandarins
On ne vantera jamais assez les mérites des personnels soignants:médecins, internes, infirmières aide-soignantes et, comme le rappelait un urgentiste, les techniciens hospitaliers ou de surface, ceux qui chaque matin , à l’aube , redonnent leur propreté aux centres de soin.
Une polémique alimentée par les chaînes télévisées d’information qui doivent coûte que coûte tenir l’antenne sur le Coronavirus en tentant de nourrir de nouveautés leur matraquage médical, souvent centrés sur des marronniers conjoncturels, détonne dans ce contexte.
Une sorte de guerre de mandarins, pontes de la médecine voire stars médiatiques.
Car depuis qu’un infectiologue, professeur de microbiologie au centre hospitalier universitaire « Méditerranée infections » de Marseille, Didier Raoult, a testé, semble-t-il avec des résultats probants pour le Covid-19, la Chloroquine, un médicament ancien et donc peu onéreux, à l’origine antipaludique mais qui a aussi des vertus soignantes sur le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde, on assiste à un déchaînement manichéen. Il y a ceux qui sont favorables à la généralisation de ce traitement et ceux qui crient à une atteinte aux règles méthodologiques médicales ou parlent d’effets secondaires dangereux de ce médicament qui a pourtant été administré, depuis sa mise sur le marché, à des millions de patients.
En fait, on a l’impression qu’il s’agit dans cette guerre contre le Coronavirus d’une bataille collatérale d’égotistes dérangés peut-être par le look soixante-huitard du professeur marseillais, pourtant reconnu, qui porte atteinte à l’honorabilité d’une fonction qui s’accorde plus d’un trois pièces-cravate, façon Fillon, que d’un Jean et d’une chemise à carreaux entrevus au dessous d’une blouse blanche toujours entrouverte.
« En France, on naît jaloux , jaloux du travail des autres » écrit un internaute à l’auteure du « Livre noir des médecins stars », Odile Plichon.
Certes les décideurs politiques qui, dans ce conflit, dansent entre deux chaises médicales, ont fini par consentir, après avis du Haut conseil de la santé publique , l’utilisation uniquement en milieux hospitaliers de la Chloroquine pour les formes graves de Coronavirus et sous surveillance médicale stricte. « C’est un placebo sur une jambe de bois » disent en substance les défenseurs du professeur marseillais qui pour sa part entend : « ne pas refaire l’éducation de ceux qui refont le monde sur les plateaux télé » et réaffirme que « en dépistant et en traitant les patients précocement, c’est forcément se donner plus de chance de les sauver que 48 heures avant leur phase terminale ».
Médecin cardiologue et ancien ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy va dans le même sens : « Il faut permettre la prescription de la Chloroquine aux malades avant qu’il ne soit trop tard car ce médicament diminue considérablement la charge virale des patients et donc leur contagiosité. Nous n’avons pas le temps d’attendre une étude clinique qui serait parfaite mais qui arriverait beaucoup trop tard pour les malades » conclut l’ancien maire de Lourdes.
Emmanuel Macron a dit que l’on était en guerre contre le Covid-19.
Cette tergiversation médicamenteuse ajoutée au fait que l’on manque toujours de masques et de tests de dépistage de façon à les généraliser, comme le font d’autres pays, donne à penser qu’en France, on est toujours en retard d’une guerre…précisément !
Jean-Louis GUIDEZ.