Ce jeudi, Laure Pichot, ancienne salariée d’Utopia 56, est jugée au tribunal de Dunkerque pour avoir chanté lors d’une garde à vue, suite à son arrestation sur le terrain en avril 2020 à Grande-Synthe. Pour ce qui est qualifié de “tapage injurieux”, elle risque 450€ d’amende. Poursuivre les personnes solidaires est une nouvelle intimidation à nos actions d’aide et de respect des droits humains.
Le 24 avril 2020, au début du confinement national lié à la Covid-19, Laure Pichot, alors coordinatrice d’Utopia 56 à Grande-Synthe, constate les violations des droits fondamentaux de personnes exilées dans un campement. Alors que Laure filme la police chassant, à l’aide de gaz lacrymogène, les personnes vers l’autoroute, les policiers arrêtent plusieurs membres de l’équipe et les conduisent au commissariat de Dunkerque. Cinq heures après son enfermement, Laure est informée par son avocate des raisons de la garde à vue : “atteinte portée à l’autorité judiciaire en jetant le discrédit sur une décision de justice” par sa simple présence sur place, ainsi que “mise en danger de la vie d’autrui”.
Ces poursuites sont d’une perversion totale et intolérable envers une professionnelle qui veillait au respect des droits fondamentaux. Elles ont été abandonnées lors de la suite de la procédure, mais pour tenter de justifier le placement en garde à vue de Laure et de son équipe, la police retient alors les faits de tapage injurieux. Il est bel et bien reproché à Laure d’avoir chanté lors des cinq premières heures en cellule, alors que personne ne lui a demandé d’arrêter et qu’elle n’a jamais eu l’intention de nuire, ce qui est relevé dans le procès-verbal.
Ces procédures avaient pour seul but d’empêcher notre équipe d’observer l’expulsion d’un campement de plusieurs centaines de personnes à Grande-Synthe. Elles ressemblent à une tentative d’intimidation envers nos actions sur le littoral Nord alors que l’antenne d’Utopia 56 à Grande-Synthe venait de s’ouvrir en mars 2020, en réponse à la crise sanitaire. Une entrave supplémentaire qui s’ajoute à celles auxquelles nous faisons régulièrement face sur le terrain. Rien qu’en 2020, en période de confinement, nos bénévoles cumulent plus de 14 000 € d’amendes reçues lors de leurs missions d’aide.
Alors que la situation humanitaire sur notre territoire se dégrade constamment, que les drames s’enchaînent et que l’État poursuit sa politique de maltraitance des personnes exilées à la frontière franco-britannique, la solidarité est encore poursuivie. Les actes solidaires dans notre pays sont aujourd’hui menacés, poursuivis, entravés par les forces de police qui maltraitent les personnes exilées et celles et ceux qui leur portent assistance et tentent de veiller au respect de leurs droits fondamentaux. Cela doit cesser.
Dernière heure
Relaxe ! Hier, Laure, ancienne salariée d’Utopia 56, était convoquée au tribunal de Dunkerque pour avoir chanté lors d’une garde à vue, suite à son arrestation sur le terrain en avril 2020 à Grande-Synthe. Pour ce “tapage injurieux”, elle risquait jusqu’à 450€ d’amende. Les poursuites ont été abandonnées à l’issue de sa convocation.A l’origine interpellée par la police durant l’expulsion d’un campement à laquelle elle assistait, la police justifiait l’arrestation par des faits “d’atteinte portée à l’autorité judiciaire en jetant le discrédit sur une décision de justice” par sa simple présence sur place, ainsi que “mise en danger de la vie d’autrui” alors que Laure intervenait auprès des personnes exilées. Ces motifs ont été rapidement abandonnés, mais Laure reçoit quelques mois plus tard une amende pour “tapage injurieux”. Ce qu’on lui reproche ? Avoir chanté “Bella ciao” depuis sa cellule lors de sa garde à vue. Alors que la situation humanitaire sur notre territoire se dégrade constamment, que les drames s’enchaînent et que l’État mène sa politique de maltraitance des personnes exilées à la frontière franco-britannique, la solidarité est encore poursuivie. Hier, face à un procureur constatant “un dossier vide”, Laure a été relaxée. Continuons de chanter et lutter au quotidien, sur le terrain, contre ces intimidations. Vive la solidarité !