Au Congo, il y a des braconniers. Mais il y a aussi des hommes comme André Bauma.
Sur cette photo aussi belle que déchirante, André tient dans ses bras Ndakasi, une gorille des montagnes, en train de rendre son dernier souffle, suite à une longue maladie. Elle est morte le 26 septembre en serrant contre elle son ami de toujours.
Ces deux-là étaient inséparables. André, ranger au Virunga National Park, avait recueilli Ndakasi en 2007, alors qu’elle n’avait que deux mois et que sa mère venait d’être abattue par des miliciens. La petite singe grimpait sur le corps sans vie de celle qui l’avait mise au monde quand elle fut découverte. Pendant la première nuit, cruciale pour la survie des bébés gorilles orphelins, André la garda collée contre son torse pour lui prodiguer chaleur et réconfort.
Vulnérable, Ndakasi n’a jamais pu retourner à l’état sauvage. Elle a vécu toute sa vie aux côtés de son sauveur dans un centre spécialisé.
Ndakasi était devenue célèbre dans le monde entier en 2019, lorsqu’elle s’était incrustée sur le selfie d’un autre ranger.
Les gardes du parc national des Virungas sont régulièrement victimes d’attaques meurtrières. Six d’entre eux ont été tués pas plus tard qu’en janvier dernier, et douze autres en avril 2020. Les hommes comme André, qui risquent leur vie pour protéger des espèces en danger, sont admirables et mènent une bataille cruciale pour notre avenir : celle de la biodiversité.
Cette photo de la dernière étreinte avec Ndakasi dit beaucoup sur la proximité que nous pouvons avoir avec nos cousins les grands singes et avec l’ensemble du vivant. J’aime me dire que la douceur et l’amour d’André réparent un peu les destructions causées par nous autres, humains.
Brent Stirton