Par Séverine Guillemet
Publié le 25/02/2023 à 18h14
Mis à jour le 25/02/2023 à 18h32
La Maison ukrainienne propose des cours de français gratuits de quatre niveaux différents. Plus de 80 personnes sont inscrites
Depuis deux mois, le lycée Gustave-Eiffel accueille de nouveaux élèves. La salle Erasmus est investie plusieurs fois par semaine par des réfugiés ukrainiens. Ils sont 1 500 à être hébergés en Gironde, selon la préfecture. Ce programme indépendant du lycée, coordonné par des professeurs bénévoles, a été initié par La Maison ukrainienne.
Depuis la Maison des associations de Mérignac, l’association accompagne au quotidien tous les Ukrainiens qui se présentent. Elle gère des collectes de vêtements, organise des convois humanitaires mais aussi des événements culturels. « Nous agissons toujours dans l’urgence pour répondre aux besoins du moment », explique la trésorière Svitlana Poix, par ailleurs ingénieur de recherche à Bordeaux Sciences Agro.
« Une fois le logement sécurisé, les enfants inscrits à l’école et le circuit administratif terminé, les Ukrainiens se sont mis à la recherche de structures pour apprendre le français, afin de s’intégrer et de rechercher un emploi. L’expérience a vite prouvé que toutes les structures officielles offrant des cours gratuits étaient prises d’assaut, avec des listes d’attente de plusieurs mois. Nous avons décidé d’organiser des formations gratuites. Elles ont débuté en avril 2022. Neuf mois plus tard, nous en sommes à notre 7e cycle de formation. » Dix-sept enseignants sont actuellement engagés. Quatre-vingt-quatre élèves adultes sont inscrits.
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Les classes ont lieu dans des salles municipales de Bordeaux, la salle de catéchisme de l’église Saint-Martial des Chartrons, les pubs anglais HMS Victory et Oxford Arms. Au lycée Eiffel, les cours de perfectionnement de niveau 1 ont lieu deux heures trois jours par semaine.
« Trouver du travail »
Ce vendredi, Fabien Cavaillon et Andréa Stammeier supervisaient les cours. Ils sont une petite dizaine à se relayer pour les quatre classes à Eiffel. Leur spécialité, ce n’est pas l’ukrainien mais l’anglais, l’espagnol, l’histoire-géographie. « Ici, on donne des cours de langue concrète », précise Stéphane Tonicetti, par ailleurs engagé dans un cours d’éducation civique pour des migrants. Ezechiel, l’assistant d’éducation, a passé une tête mais la quinzaine d’élèves, des femmes surtout, est très calme, les cahiers et le manuel « Oulala » déjà ouverts et bien remplis.
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Tous sont arrivés au printemps 2022 après le déclenchement de la guerre. Ils ont dû quitter leurs villes du nord et de l’est, Marioupol, Dnipro, le Donbass. Elena explique qu’elle a déménagé deux fois. Elle est partie d’Odessa en 2014, puis de Kiev en mars 2022.
Tania, Ludmila, Valentina, Viktor, Natacha maîtrisent déjà les mots pratiques, souvent grâce à leurs familles d’accueil, et les formules usuelles de politesse comme « enchantée madame » pour Tania, à Bordeaux avec sa famille de 11 personnes. Ils se livrent peu mais tous ont le souci de bien comprendre le français pour « aller chez le docteur, chercher du travail, faire les courses, refaire les papiers… » Et si Viktoria, la soixantaine, se sert de l’application de traduction instantanée SayHi, il lui tient à cœur de placer le bon verbe pour s’exprimer.