Après Bordeaux en 2018, Toulouse accueille le salon des revues plurielles, « une quinzaine de publications autour de thématiques interculturelles, artistiques ou savantes et/ou militantes, autour des migrations des échanges. » Votre revue préférée, Ancrage, se situant donc dans cette dernière catégorie.
Deux jours, 29 et 30 novembre, de rencontres avec le public dans les locaux de la médiathèque José Cabanis au cœur de la ville rose, grand vaisseau accueillant aussi bien les étudiants qui s’installent au calme pour travailler, les curieux qui fouillent dans les rayons et sur les écrans, des personnes âgées qui s’endorment sur leurs journaux, des sdf qui se mettent au chaud, beaucoup de migrants qui viennent recharger leur téléphone portable, un groupe de jeunes gens, asiatiques, serrés autour d’une jeune femme qui leur apprend patiemment les rudiments de la langue française…finalement un lieu de vie, très fréquenté.
Ce salon est aussi, voire surtout, l’occasion d’échanges entre les animateurs de ces souvent très belles revues, Wahed, Horizons Maghrébins, Gibraltar. (1) Une table ronde sur le thème du passage de l’information à la littérature rassemblera les auteurs de ces trois revues ce samedi après-midi. Puis un Grand Débat abordera la dignité à l’œuvre donnant lieu à de beaux échanges. Hier, vendredi, le salon accueillait Hocine Ben un slameur, « l’une des plus fines plumes du slam français », nous n’avons pas pu vérifier mais ceux qui l’ont entendu en furent enchantés. (2)
Le couscous au MUCEM
La soirée fut magique. Les amis marocains de la revue Horizons Maghrébins nous ont entraînés dans le ville, direction une pizzeria qui ne payait pas de mine. La quarantaine de personnes, les animateurs des revues plurielles embarqués dans l’aventure toulousaine, se sont serrés autour de longues tables dans une pièce au décor surprenant, des tableau de scènes libertines, des nues masculins croqués comme aux Beaux-Arts. Nous en étions à l’apéritif, vin d’outre Méditerranée et olives. Habib, puissance invitante, nous présenta le cuisinier/propriétaire du lieu : un spécialiste très éclairé nous dit-il du couscous et derechef sommé de répondre à toutes les questions sur l’histoire de cette semoule de blé dur. Nous nous sommes d’abord demandé si c’était du lard ou du cochon, il fallut vite convenir que c’était du mouton et du meilleur. Notre cuisinier nous fit un cours de haute volée dont je ne peux que vous affirmer que le couscous est d’origine berbère et que le sien est excellent. Et que son créateur est attendu au MUCEM de Marseille pour une exposition sur l’histoire du couscous…La soirée s’est poursuivie par de magnifiques poèmes en arabe.
Ô blédi ! ô Toulouse !
Car « le Maghreb est à l’honneur dans la ville rose autour d’une manifestation débutée le 10 septembre et qui se poursuit jusqu’à 12 janvier sur le thème des Présences maghrébines dans la ville rose 1945-2001. Une exposition intitulée ô blédi ! ô Toulouse ! raconte en images et en vidéo les présences maghrébines dans la ville. « Elle donne à voir une immigration plurielle dans ces trajectoires mêlant l’exil sans retour des populations juives du Maghreb ou des familles de harkis à celle de l’immigration post coloniale venue répondre aux demandes de main d’œuvre dans l’industrie électrochimique, ou les chantiers des travaux publics et du bâtiment. » écrit Naïma Yahi, commissaire scientifique de l’exposition. » « C’est dans ce mouvement des identités dans ce brassage culturel que Toulouse est ce qu’elle est, et c’est dans cette sincérité qu’elle se raconte, pour qu’au total nous fassions patrimoine commun. » Salah Amokrane, commissaire général de l’exposition.
Jean-François Meekel
1 :je me propose de présenter chacune de ses trois revues dans les prochains jours ici-même
2 :https://www.youtube.com/watch?v=Nm0BeVyWWmE
3 tout le détail de la manifestation sur www.tactikollectif.org