Malgré quelques tensions ce week-end, des échanges d’otages et de prisonniers entre Israël et le Hamas ont pu avoir lieu trois jours de suite.
Avec
- Ariel Colonomos Directeur de recherches au CNRS, spécialiste des relations internationales.
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Ces opérations ont été permises par un dialogue, même forcé, même interposé, entre des ennemis. Avec nous, Ariel Colonomos, pour comprendre comment ont été discutés et négociés ces échanges, ce qu’ils disent de la doctrine d’Israël en matière d’otages, et voir jusqu’où les discussions peuvent se poursuivre.
Des échanges d’otages contre des prisonniers détenus dans des prisons israéliennes
Depuis trois jours, Israël a accepté une pause et a relâché quelques prisonniers palestiniens afin de sauver des vies israéliennes. Selon Ariel Colonomos, directeur de recherche au CNRS et associé au Centre de Recherches Internationales (CERI), “le Hamas va bénéficier du retour de prisonniers israéliens”. Cette logique de l’échange dans laquelle sont entrées les négociations ne peut s’interpréter qu’à partir de la connaissance d’une liste publiée par Israël, qui ne considère que trois cents prisonniers palestiniens comme “libérables”. “Ce qui est frappant, c’est le nombre : l’accord prévoit que cinquante otages israéliens seront libérés contre cent-cinquante prisonniers palestiniens”.
Ces personnes n’ont par ailleurs pas le même statut. “Parmi les otages, on remarque que les enfants sont perçus différemment. Les enfants sont le symbole de l’innocence”, ajoute Ariel Colonomos. “Les prisonniers palestiniens, eux, sont des mineurs, c’est-à-dire qu’elles ont majoritairement entre 14 et 18 ans. Pour Israël, ces personnes sont aussi des dangers ‘mineurs’. Elles sont accusées de crimes mineurs, mais ne sont pas des assassins. Israël a refusé de libérer des personnes qu’elle considère comme des assassins”.
À écouter : Guerre entre Israël et le Hamas : de nouveaux échanges d’otages et de prisonniers
Journal de 12h30
14 min
Quelle issue pour les autres otages ?
“Israël veut que des otages israéliens soient libérés, mais d’autres pays négocient également leur propre libération d’otages, à l’instar des Thaïlandais ou des Français”, explique-t-il. Concernant les soldats, ils font partie des derniers sur la liste des libérables. “Dans ces logiques de différenciation entre les vies, il est vrai que la vie des hommes et des soldats sera durement négociée, et sans doute en dernier. C’est là où la négociation sera la plus dure et je ne sais pas dans quelles conditions un accord serait conclu”, conclut Ariel Colonomos.