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Par Julien Pellicier – j.pellicier@sudouest.fr
Publié le 16/03/2023 à 13h00
Fondatrice et présidente de l’association Laxmi, Radha Devi Patat prépare la 25e édition du Festival de l’Inde, les 24, 25 et 26 mars à Casseneuil
Elle ne compte ni son temps, ni le nombre d’enfants qui, depuis 1995, ont usé leurs uniformes sur les bancs de l’école grâce à son association Laxmi. « J’ai arrêté. Je sais qu’ils sont 2 400 cette année… » Radha Devi Patat, née à l’île Maurice, a découvert la terre de ses ancêtres lors d’un voyage familial hautement symbolique dans le nord de l’Inde en 1992. Sur place, telle une simple touriste, cette mère au foyer se retrouve dans la rue, entourée d’enfants. « Ils demandaient une pièce. Je m’étonnais qu’ils ne soient pas à l’école… » Vérification faite, celles-ci ne pouvaient pas tous les accueillir. « Ils étaient 100 par classes, certains étaient assis jusque dans les couloirs. »
Radah prend la décision de « faire quelque chose pour eux. » Le maire de la commune visitée lui rit au nez, pensant trouver face à lui une énième bonne volonté qui une fois de retour dans son pays aura tout oublié. L’année suivante, elle revient avec une somme rondelette réunie auprès d’amis, de membres de sa famille et grâce à la vente de ses petits gâteaux. « J’ai refusé de lui dire combien j’avais et encore moins de lui donner, se rappelle la bénévole. Je voulais être sûre que, si je montais un projet, il allait tenir dans la durée. »
Persévérance
Après avoir vécu aux États-Unis puis au Canada, où elle a rencontré son Périgourdin de mari, Radah habite alors à Villeneuve depuis 1988. « Pour quelques mois à l’origine. Nous avions quitté Paris pour que nos deux fils grandissent au bon air. Ma fille y est née. Je m’y suis éternisée… » La bastide est, depuis son origine, en 1995, le siège de l’association Laxmi France qu’elle a fondée, préside encore et ne quittera que par la force des choses à moins qu’une bonne âme accepte de prendre sa succession…
En Inde, elle, qui parle l’hindi mais ne le lit pas, trouve une bonne âme en la personne d’un avocat qui lui traduit en anglais les documents administratifs afin de ne pas avoir de mauvaises surprises. Laxmi débute par la remise en état d’un bâtiment, avec l’aide de parents à qui elle fournit balais et brosses. La première école Laxmi voit le jour.
Et maintenant, les mamans
Aujourd’hui, l’association en parraine sept dans l’état de l’Uttar Pradesh. « Les parents versent 3 euros par mois pour payer les professeurs, l’eau et l’électricité. Nous, nous prenons en charge l’entretien des bâtiments, fournissons les repas, les uniformes, le matériel scolaire et avons des médecins partenaires qui effectuent un voyage par an sur place pour apporter des médicaments et leur offrir des soins médicaux. » Pour les 25 ans du Festival de l’Inde, les 24, 25 et 26 mars à Casseneuil, certains seront de la partie.
L’association 100 % bénévole, pour financer tous ses projets, compte beaucoup sur ses événements. En plus de celui-ci, qui comme l’association a pris de l’ampleur à la suite du tsunami de 2004, Radah Devi Patat organise d’autres rendez-vous culturels : L’inde à Bergerac, en novembre, la Fête des couleurs (Holi) et celle des lumières (Divali) à Bordeaux. « Les artistes, se réjouit la présidente de Laxmi, sont conscients de la vocation humanitaire du festival et adaptent leurs tarifs. » Les bénéfices dégagés permettent à Laxmi de poursuivre ses missions. Depuis quelques années, l’association est aussi parvenue à attirer les mamans à l’école. Elles sont à ce jour 80 à s’y rendre deux fois par semaine. Pour apprendre à lire et écrire.