Par Sudouest.fr
Publié le 19/03/2023 à 12h26 Le rapport de la Cour pénale internationale dont le mandat d’arrêt vise Vladimir Poutine, pointe le transfert systématique des enfants et adolescents vers la Russie
La délivrance vendredi par la Cour pénale internationale (CPI) d’un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crime de guerre en Ukraine est une décision « extrêmement importante », estime la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna dans « le Journal du dimanche ». La décision de la CPI, qui siège à La Haye, concerne la « déportation » de milliers d’enfants ukrainiens vers la Russie depuis le début du conflit avec l’Ukraine il y a un an, ce qui constitue un crime de guerre.
« La France soutient la Cour, tout comme elle aide la justice ukrainienne en envoyant sur place des équipes spécialisées pour documenter les exactions ou identifier les victimes », a commenté Catherine Colonna.
Sur le même sujet
Guerre en Ukraine : Poutine visé par un mandat d’arrêt de la CPI, sera-t-il un jour arrêté ?
Depuis vendredi, les États membres de la Cour pénale internationale sont tenus d’exécuter le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine s’il se rend sur leur territoire. Mais dans les faits, cela est-il plausible ?
Selon le gouvernement ukrainien, 16 226 enfants ont été expulsés, 10 513 ont été localisés et 308 sont revenus. Parmi les enfants, et adolescents, envoyés en Russie, plus de 2000 enfants sont orphelins ou séparés de leurs parents.
Opérations systématiques
Le mandat d’arrêt émis il y a deux jours par les juges de la CPI vise le président russe Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, sa commissaire aux droits de l’enfant, pour avoir supervisé directement l’enlèvement d’enfants ukrainiens à des fins d’« adoption » et de « ré-éducation ».
Les magistrats internationaux décrivent des opérations systématisées pour le transfert d’enfants et d’adolescents vers la Russie : « des voyages à bord d’avions militaires, des rafles dans les écoles et les orphelinats, la falsification de documents… » Quelques semaines après l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine signait le décret qui prévoit des procédures simplifiées pour reconnaître en urgence la citoyenneté russe aux mineurs arrachés à leur famille.
Sur le même sujet
Guerre en Ukraine : Kiev appelé à réformer le suivi et la prise en charge des enfants orphelins
L’ONG Human Rights Watch (HRW) s’est dite inquiète des conséquences de la guerre sur les orphelins et les enfants placés, appelant Kiev à réformer « urgemment » son système de prise en charge de ces enfants
La médiatrice du gouvernement pour les enfants enlevés, Daria Gerasimchuk, interviewée par « The Guardian », explique que les enfants « sont emmenés en Crimée ou en Russie occupées, passent parfois de camp en camp. Nous pensons que certains d’entre eux ne sont pas du tout dans des camps, mais dans des institutions psychiatriques ». Elle décrit des situations où les soldats russes « tuent les parents, pour une raison quelconque, et kidnappent l’enfant. Dans d’autres cas, ils se contentent d’arracher l’enfant directement à la famille, peut-être pour punir cette famille. »
Butin de guerre
Les juges de La Haye ont recueilli des preuves pour environ 600 affaires et soulignent dans le mandat d’arrêt que seul un mineur sur cent a réussi à rentrer chez lui.
Sur le même sujet
Vidéo. Guerre en Ukraine : après la Crimée, Vladimir Poutine s’est rendu à Marioupol, en zone conquise
Alors qu’il est visé par un mandat d’arrêt de la Cour de justice internationale, le président russe Vladimir Poutine, après une visite surprise en Crimée, s’est rendu à Marioupol, ville ukrainienne dévastée
La télévision russe mais aussi les réseaux sociaux de propagande moscovite diffusent fréquemment des images d’enfants dans les nouvelles écoles, présentés comme des trophées ou confiés à de nouvelles familles. Le rapport de la CPI parle explicitement de « personnes traitées comme butin de guerre » comme le souligne « Il Corriere della Serra ». Dans certains cas, les enfants ont été donnés comme « récompense » par le régime de Moscou, « ils sont devenus un cadeau pour les officiers les plus fidèles ».