Comme tous les domaines de la société, la médecine occidentale hérite d’une histoire esclavagiste et coloniale. Des chercheurs, des militants et des médecins s’interrogent sur cet héritage, et pointent les façons dont il impacte les corps et le soin.

Les Curieux en extase ou les Cordons de souliers. 1815. britishmuseum.org – Éditeur : A Paris chez Martinet, Libraire, rue du Coq, N° 15, et Chez Charon rue Saint Jean de Beauvais N° 26. – Déposé

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La chercheuse Delphine Peiretti Courtis explique ainsi comment la médecine occidentale s’est construite en parallèle d’un discours sur les inégalités raciales, utilisé pour justifier l’esclavage. Au 19 siècle, la médecine devient un allié objectif de la colonisation, en se targuant de démontrer l’infériorité des peuples africains. Les hommes noirs sont présentés comme plus robustes, moins sensibles à la douleur, car plus frustres). Les femmes noires sont décrites comme de bonnes mères, plus proches de l’animalité que les Occidentales. Ces préjugés racistes ont construit un pan de la médecine et celle-ci ne s’en est pas encore tout à fait débarrassé.

Comme l’idée que les « femmes africaines » accouchent mieux que les autres, alors qu’elles ont plus de césariennes que la moyenne, souligne la sociologue Priscille Sauvegrain. Elle a étudié le « terme ethnique », une pratique médicale basée sur l’idée que les « femmes africaines » accouchent plus tôt que les autres, dénuée de fondement scientifique. Pourtant selon, une étude anglaise, l’explication serait plus sociale que biologique : “Les femmes nées dans certains pays du Commonwealth auraient des fins de grossesses plus à risque et finalement des durées de grossesse plus courtes parce qu’elles sont dans des situations sociales beaucoup plus défavorables et que ce stress social avec aussi les hormones du stress qui y sont émises, favoriserait un déclenchement plus précoce du travail.”

Miguel Shema, étudiant en médecine et militant, décrit les façons dont le racisme impacte la médecine et la façon de soigner — comme le “syndrome méditerranéen”. Un syndrome que définit ainsi Delphine Peiretti-Courtis  “Le “syndrome méditerranéen” reste un préjugé courant, une femme d’ascendance africaine, Naomi Musenga, en a été victime à la fin de l’année 2017, après un appel au Samu. Sa douleur n’avait pas été prise en compte. Elle est morte de l’issue de cet appel et de cette douleur non prise en compte. Le “syndrome méditerranéen” part de l’idée selon laquelle les personnes originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, par extension, auraient un rapport différent à la douleur et notamment qu’elles seraient survalorisées”.

Samah, médecin de la Case de Santé, témoigne des diagnostics racistes dont elle est témoin, et Racky Ka-Sy, elle a travaillé sur l’impact des stéréotypes négatifs et reçoit régulièrement en consultation des patientes et patients dont la santé mentale est abîmée par le racisme qu’ils subissent, notamment en entreprise. Elle et Miguel Shema défendent l’intérêt de soignants pas forcément « noirs » ou « arabes », mais formés aux enjeux des rapports sociaux de race et à leurs impacts sur la santé.

Un documentaire de Claire Richard, réalisé par Assia Khalid.

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