Par La rédactionPublié le : 10/02/2023
Cinq jours après les séismes qui ont endeuillé la Turquie et la Syrie, les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants sous les décombres, mais l’espoir s’amoindrit. L’aide humanitaire afflue en Turquie, mais l’accès à la Syrie reste compliqué.
Le bilan des violents séismes survenus dans le sud-est de la Turquie et dans le nord de la Syrie a dépassé, vendredi 10 février, les 22 000 morts. Les espoirs de retrouver des survivants s’amenuisent, alors que des milliers de bâtiments ont été détruits dans de nombreuses villes de la région.
Les autorités turques ont fait état vendredi en fin d’après-midi de 18 991 morts tandis que le nombre de blessés a grimpé à plus de 74 000. En Syrie, plus de 3 300 personnes ont été tuées, et les sauveteurs estiment que ce bilan devrait continuer de s’alourdir.
Plusieurs personnes ont cependant été retrouvées vivantes dans la nuit de jeudi à vendredi dans les décombres d’immeubles s’étant effondrés en Turquie. Mais d’autres problèmes guettent les survivants de ce terrible séisme, des centaines de milliers de personnes se trouvent désormais sans abri et souffrent de la faim, de la soif et du froid, tant en Syrie qu’en Turquie.
Les autorités turques et l’ONU estiment qu’environ 24,4 millions de personnes ont été touchées en Syrie et en Turquie. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) redoute une crise sanitaire majeure qui causerait encore plus de dommages que le séisme. Des organisations internationales s’inquiètent notamment de la propagation du choléra, qui est réapparu en Syrie.
De nombreux déplacés victimes des séismes
Parmi ces victimes se trouvent de très nombreux déplacés. “Nous ne connaissons pas le nombre exact de réfugiés touchés et il se peut que nous ne le sachions pas avant quelques jours, mais nous craignons que le nombre soit important étant donné que l’épicentre du séisme était proche de zones à forte concentration de réfugiés”, a averti l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), dès mardi.
Dans les dix provinces turques touchées, plus de 1,7 million des 15 millions d’habitants sont des réfugiés syriens. La plupart de ces réfugiés syriens de Turquie vivent parmi la population locale “dans les mêmes bâtiments qui se sont effondrés”. Seuls 47 000 vivent dans sept camps d’hébergement temporaire dans les dix provinces touchées par le séisme. “Ces camps pourraient être utilisés comme lieu de transfert des victimes du tremblement de terre”, a estimé Philippe Leclerc, représentant du HCR en Turquie.
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La Syrie compte six millions de personnes ayant dû quitter leur foyer. Ces populations ont fui diverses villes contrôlées par le régime pour se réfugier dans le nord du pays, en particulier dans le gouvernorat d’Idlib, où vivent deux millions de réfugiés, parfois dans des camps.
Le pays compte par ailleurs 12 camps de réfugiés palestiniens, hébergeant environ 438 000 personnes. Trois d’entre eux se trouvent dans le nord du pays, touché par les séismes : le camp de Lattaquié et ceux de Neirab et Ein El Tal (également appelé Handarat) à l’extérieur d’Alep. “Nous considérons que 57 000 réfugiés palestiniens ont été touchés parce qu’ils vivent dans les camps au nord”, a déclaré une porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Tamara Alrifai.
Aide humanitaire : un seul point de passage vers la Syrie
L’aide humanitaire afflue en Turquie – l’Allemagne a notamment annoncé vendredi l’envoi de 90 tonnes de matériel par avion – mais l’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, est beaucoup plus compliqué.
La quasi-totalité de l’aide humanitaire destinée aux zones rebelles est acheminée depuis la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par l’ONU. La diplomatie turque dit s’employer à ouvrir deux autres points de passage “avec les régions sous contrôle du gouvernement” de Damas, “pour des raisons humanitaires”. L’ONU avait indiqué mardi que l’acheminement par ce poste-frontière était perturbé en raison des routes endommagées.
Pour sa part, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé jeudi être “en route pour la Syrie”. La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, est arrivée le même jour à Alep, en Syrie.
En Syrie, le HCR a commencé à distribuer 30 000 kits de premiers secours, à Alep, Homs et Tartous, contenant des matelas, des couvertures, des ustensiles de cuisine, des bâches en plastique, des jerrycans et des matelas de couchage. Des vêtements d’hiver seront également distribués. Le HCR dispose également de 20 000 tentes en stock à Damas, et d’au moins 19 halls de tentes qui peuvent servir d’espace d’accueil ou d’abris collectifs.
Plusieurs pays et organisations internationales ont aussi promis de débloquer des fonds pour aider les Syriens affectés par cette catastrophe. Les États-Unis, notamment, ont annoncé la levée temporaire de certaines sanctions imposées à la Syrie, avec l’objectif de voir l’aide être acheminée aussi vite que possible aux populations touchées.
La France débloquera une aide d’urgence à la population syrienne à hauteur de 12 millions d’euros. De son côté, Londres promet d’allouer un montant de près de 4,3 millions d’euros aux Casques Blancs, organisation opérant dans les zones rebelles.