“Notre planète devient tout simplement moins habitable sous nos yeux, dans une indifférence effective”, prévient Dominique Bourg. Le philosophe nous appelle à réagir contre l’impuissance et le cynisme irresponsable des pouvoirs publics.
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- Dominique Bourg Philosophe
L’été 2022 n’a été une énième confirmation de ce que nous savons depuis plus de trente ans, depuis le premier rapport du GIEC, constate le philosophe Dominique Bourg, professeur à l’université de Lausanne, directeur de la revue La Pensée écologique. Le dérèglement climatique n’est plus une abstraction, mais une dévastation chaque année plus importante, qui conduit à rendre notre Terre moins habitable :
“La finitude du monde nous a rattrapés : elle s’appelle dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, déplétion des ressources. Il nous faudrait tourner le dos à la société du maximum et nous orienter vers une société de l’optimum, de la modération.” Dominique Bourg et Johann Chapoutot
Une question s’impose : que fait la “puissance publique” ? Pour Dominique Bourg, elle a tout simplement “démissionné devant des enjeux vitaux“. Avec l’historien Johann Chapoutot, il signe un Tracts aux éditions Gallimard : “Chaque geste compte”. Manifeste contre l’impuissance publique. Ensemble, ils dénoncent l’impuissance assumée des pouvoirs publics :
“La vacuité de l’”écologie des solutions” et l’insignifiance des “ministres” censés l’incarner sont des sujets rêvés pour les humoristes et les parodistes qui n’auraient pas eux-mêmes imaginé un tel festival d’inepties : au jet ski ont succédé les photos de com’ en vélo et col roulé. On savait déjà que, face aux mégafeux, il fallait “éteindre sa box” avant de partir en vacances. On sait désormais qu’il faut régler son thermostat à 19° pendant que les mégariches continuent à faire des loopings en jet privé.”
Comment retrouver la raison ? Les deux auteurs appellent à ne pas fonder tous nos espoirs dans les technologies, à apprendre à parler de sobriété sans que cela passe pour un discours punitif, et à rééquilibrer les inégalités. Surtout, il est possible de prendre des “mesures simples et immédiates” comme, par exemple, l’interdiction des vols privés, de la publicité sur écrans lumineux et des projets d’extensions d’aéroports et de zones commerciales.
“On n’a sans doute jamais eu autant besoin de puissance publique, face aux bouleversements en cours et aux catastrophes qui s’annoncent. C’est la direction opposée qui est choisie : baisses d’impôts pour les privilégiés et les entreprises, poursuite insensée de la croissance infinie et laisser-faire irresponsable.” Dominique Bourg et Johann Chapoutot
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Une production France Culture, en partenariat avec les éditions Gallimard.
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