Par Clément Bouynet – c.bouynet@sudouest.fr
Une quinzaine d’Ukrainiens ont été accueillis à Chancelade. La municipalité a organisé un moment d’échanges avec les réfugiés et leurs familles d’accueil pour favoriser le lien
« Pour l’instant, il ne se livre pas encore. Pour s’exprimer plus facilement, il a choisi le dessin. Il a représenté sa maison en Ukraine et celle dans laquelle il vit actuellement, à Chancelade. » Cécile Tréviaux, la directrice de l’école du village, a accueilli dans son établissement le jeune Levon, 10 ans. Il est arrivé en France voilà plusieurs semaines pour fuir la guerre dans son pays. Sa mère, Susanna, et son grand frère Alexii l’ont accompagné dans ce périple de presque 3 000 kilomètres. Le papa, lui, est resté au pays.
Pour l’heure, la famille est accueillie dans une petite dépendance inoccupée appartenant à Raymonde et Pierre Ferrer. Le couple périgourdin loue leur éducation et leur savoir-vivre : « Au quotidien, cela se passe très bien. Les enfants sont scolarisés pour progresser en français. Pour l’instant, on communique encore principalement par le téléphone. » À leurs côtés, Susanna sourit. Petit à petit, elle commence à appréhender quelques mots de vocabulaire. « Tout est parfait. Le seul problème, c’est le transport. Sans véhicule, je dois me déplacer à pied à mon travail. » Alexii n’a pas ce problème : « Je fais le trajet jusqu’au collège à vélo ! »
Long terme
Jeudi 9 juin, Raymonde, Pierre, Susanna et ses deux enfants étaient invités, comme la quinzaine d’Ukrainiens résidant à Chancelade, à un moment d’échanges. « C’est une rencontre informelle, insiste Pascal Serre, le maire. Ces réfugiés ne sont pas là pour huit jours. Nous voulons créer les conditions pour qu’ils puissent se retrouver. Nous prenons leur nom, leur adresse, pour entretenir le lien. »
« Ils sont reconnaissants mais ils n’ont qu’une idée en tête, c’est de repartir chez eux »
L’événement a été l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées au quotidien par ces familles qui ont fui un pays en guerre pour atterrir dans un territoire rural enclavé. Il y a quelques semaines, elles n’en connaissaient probablement pas l’existence. « Les premières familles sont arrivées, et puis après, ça a fait boule de neige », illustre Sylvie Mazeau, véritable courroie de transmission dans la politique d’accueil des Ukrainiens à Chancelade.
Messagerie Telegram
Cette intervenante sociale chez France Terre d’asile prend des nouvelles régulières des gens accueillis : « Ils sont reconnaissants mais ils n’ont qu’une idée en tête, c’est de repartir chez eux. Par moments, il peut y avoir quelques tensions entre eux et les familles, mais ça part vite. C’est bien normal. Ce n’est ni la même langue, ni la même culture, ni les mêmes habitudes. » Sylvie Mazeau se préoccupe en revanche davantage des semaines à venir : « Pour l’instant, les réfugiés reçoivent 200 euros de l’État. Mais qu’est-ce qu’on va faire après ? Ce conflit est parti pour durer. »
Natalia Zagorulko partage le même constat. Cette professeure de français, originaire d’Ukraine, sert régulièrement d’interprète. « Nous avons de bons retours même si dans la vie de tous les jours, il y a quelques petites incompréhensions. » Pour maintenir le lien, elle a contribué à mettre en place un espace de discussion sur l’application de messagerie Telegram, appelé Ukraine Dordogne. Le groupe regroupe une centaine de personnes.
La jeune Sonya. Stéphane Klein/« Sud Ouest »
Aia et Miia. Stéphane Klein/« Sud Ouest »
Milana. Stéphane Klein/« Sud Ouest »
Danil. Stéphane Klein/« Sud Ouest »