Selon une association d’aide aux migrants, plusieurs hommes ont blessé dimanche au moins deux exilés vivant dans un campement informel de la porte de Clignancourt, dans le nord de Paris. C’est la troisième fois en quelques jours que les habitants de ce camp sont la cible d’attaques. La majorité des occupants sont des mineurs étrangers en recours.
Dimanche 1er mai, aux alentours de 9h, quatre hommes ont violemment débarqué dans un campement de la porte de Clignancourt, dans le nord de Paris, où vivent quelque 110 exilés, a indiqué l’association Utopia 56 à InfoMigrants.
Selon leurs informations, un migrant a été plaqué contre une voiture par les assaillants, qui l’ont frappé au visage et aux jambes. Un autre jeune qui tentait de s’interposer pour porter secours à son compagnon a reçu des coups aux bras. “D’après les exilés, les agresseurs étaient quatre et portaient de grosses bagues au doigt”, raconte Océane Marache, coordinatrice d’Utopia 56 dans la capitale.
Le premier migrant a été pris en charge à l’hôpital et souffre d’un œdème à l’œil ainsi que de blessures superficielles aux jambes. Sur conseils des médecins, il va aller porter plainte au commissariat lundi après-midi. Le deuxième a quant à lui été légèrement blessé aux bras.
“On fout le feu au camp”
“Les agresseurs sont partis en menaçant de revenir. Ils disaient : ‘La prochaine fois, on vous descend un par un, on tire dans le tas et on fout le feu au camp’”, rapporte la responsable d’Utopia 56.
Ce n’est pas la première fois que des personnes de ce lieu de vie informel sont victimes de violences. La même semaine, un jeune qui se rendait aux toilettes a été pris à partie par des passants. Traumatisé, il a depuis quitté le camp, explique encore Utopia 56.
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Quelques jours plus tôt, une équipe de la Croix-Rouge en maraude dans le secteur a vu passer un homme en voiture provoquer les habitants. “Il a crié de sa fenêtre qu’il reviendrait avec une arme pour tirer sur le campement”, signale Océane Marache.
Selon cette dernière, les migrants sont paniqués et en colère, “en plus d’être fatigués de vivre dans des tentes sous un pont de Paris”. “Ils ne dorment plus et veillent autour d’un feu, craignant que des agressions de ce type ne se reproduisent”, ajoute-t-elle. Trois bénévoles d’Utopia 56 sont restés sur place la nuit dernière jusqu’à 4h du matin pour tenter de sécuriser les lieux.
Demande de mise à l’abri
L’association réclame la mise à l’abri des exilés par la préfecture, ou l’ouverture en urgence d’un gymnase par la mairie de Paris afin d’héberger les migrants le temps qu’une solution plus pérenne soit trouvée par les autorités.
Environ 110 migrants se sont installés mi-mars à porte de Clignancourt après le démantèlement de leur camp, érigé sous un tunnel de la porte des Lilas. La majorité sont des mineurs isolés en recours originaires d’Afrique subsaharienne.
En décembre dernier, un campement de Paris avait déjà été la cible d’attaques. Un homme avait agressé au sabre deux Soudanais vivant dans les rues du 12e arrondissement de la capitale. Un suspect avait été interpellé et une enquête avait été ouverte suite à l’incident.