Bisesero où s'étaient réfugiés sur la hauteur du lac Kivu des survivants tutsis: c'est là, racontent Eric et Bernard, des enfants à l'époque, que ces réfugiés ont arrêté de force une colonne militaire française accompagnée de journalistes. Ils leur réclament aide et protection. Pas venu pour ça dit en substance et sèchement l'officier. Cachez-vous, nous reviendrons avec du renfort. On sait qu'ils sont revenus mais trois jours plus tard. Entre-temps, des centaines de nouveaux tutsis ont été massacrés par les génocidaires hutus. Trois jours de trop à Bisesero
«Que s’est-il passé du 27 au 30 juin 1994 dans la chaîne de commandement militaire et politique française? Y a-t-il eu une terrible erreur d’appréciation ou ce délai traduisait-il la volonté délibérée de ne pas intervenir, au risque de faciliter l’extermination des Tutsis de Bisesero?»interroge l’association Survie qui organise avec la fédération internationales des ligues des droits de l’homme (FIDH) et la ligue des droits de l’homme et du citoyen (LDH) un colloque à Paris le 22 juin sur le thème: Bisesero L’opération Turquoise face au génocide. des Tutsis du Rwanda, ces3 jours d trop à Bisesero. Une instruction est ouverte à la suite d’une plainte contre x déposée par 6 rescapés (dont Bernard et Eric) devant le tribunal des armées à Paris. La plainte a été transmise en 2012 au pôle «Crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre» du tribunal de Paris.
Bernard Kayumba et Eric Nzabihimana (1)racontent les tentatives de résistance, barricades,les ripostes à coup de pierre depuis un promontoire,le père tué devant les yeux du jeune Bernard, le prêtre hutu qui enferme les ouailles dans l’église et les livre aux tueurs, (vicaire Marcel réfugié en France ) la fuite nocturne avec quelques jeunes,la moitié en réchapperont, l’incompréhension devant les tergiversations des militaires français qu’ils ont forcés à venir voir les cadavres, les blessés…ils racontent encore comment les survivants ont été entassé dans des camps au Zaïre, hommes, femmes et enfants nu-e-s,où les soins se réduisaient aux amputations radicales.
La France est bien loin d’avoir purgé ce sombre chapitre de son histoire, l’état français continue de nier sa responsabilité, sa complicité disent les Tutsis. L’état français qui protègent les tortionnaires: 25 ans après un seul génocidaire a été condamné à la perpétuité, 27 affaires restent pendantes dont celle qui concerne le docteur Sosthène Munyemana installé en Gironde. Le juge d’instruction a demandé son renvoi devant les Assises de Paris pour complicité de génocide, et complicité de crimes contre l’humanité. Sosthène Munyemana a déjà été condamné à la réclusion à perpétuité au Rwanda mais la France s’est toujours opposée à son extradition comme à toutes celles des autres génocidaires réfugiés sur son sol et condamnés dans leur pays.
Invités à Bordeaux par Survie (www.survie.org)à l’Athénée libertaire.