Communiqué de presse du Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d’opinion marocains
Le mercredi 23 février 2022, la Cour d’appel de Casablanca a confirmé le verdict prononcé en première instance, de 5 ans de prison ferme, à l’encontre du journaliste et éditorialiste de Akhbar el Youm, Soulaiman Raissouni, accusé d’agression sexuelle, suite à un post sur facebook qui n’indiquait même pas le responsable de tels agissements, tout portant à croire que le pouvoir marocain a récupéré cette histoire ancienne de 2 ans pour faire taire la voix de ce journaliste critique et poussé la victime de l’agression décrite dans le post, à déposer une dénonciation, qui n’est intervenue qu’après l’arrestation du journaliste.
Le procès en 1ère instance avait été entaché de nombreuses incohérences et contradictions de la part du plaignant et s’était déroulé alors que l’accusé menait une grève de la faim, et avait été absent de la plupart des audiences, du fait du refus de l’administration pénitentiaire de le transporter jusqu’au tribunal. Ces violations du droit d’un prévenu à un procès équitable ont été dénoncées par RSF, Amnesty International et plusieurs autres ONG.
On pouvait espérer que le procès en appel respecterait les conditions d’un procès équitable. Mais il n’en a rien été. Le tribunal a continué à refuser de convoquer les témoins à décharge. Il n’a pas non plus tenu compte des réponses précises et circonstanciées à toutes les accusations que l’accusé et sa défense ont apportées, mettant en lumière de façon convaincante les incohérences de l’accusation, (pour ne donner qu’un exemple, la victime du harcèlement se plaint d’avoir été enfermé dans la cuisine de Soulaiman, or l’appartement de Soulaiman dispose d’une cuisine américaine, ouverte sur le salon, et ne disposant d’aucune porte).
C’est ainsi que les personnes qui ont suivi les différentes audiences de ce procès ont eu le sentiment d’assister à une farce grotesque et grimaçante qui se termine par un jugement lourd, inique et scandaleux.
Le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d’opinion marocains affirme sa totale solidarité avec Soulaiman Raissouni et dénonce cette parodie de justice et ce verdict injustifié. Il appelle le gouvernement français à sortir du silence complice qu’il observe chaque fois que son allié marocain est pris en défaut de non respect des droits humains, et en l’occurrence, de non respect du droit d’un prévenu de jouir d’un procès équitable.
Il exprime sa profonde inquiétude alors que le procès d’Omar Radi, autre journaliste poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, espionnage, attentat à la pudeur et viol, se poursuit dans les mêmes conditions que celles du procès de son collègue Soulaiman, non convocation des témoins, non prise en compte de documents versés par la défense à son dossier, rejet de toutes les demandes de la défense.
Nous ne pouvons accepter que des journalistes libres et indépendants soient condamnés pour des accusations de toute évidence fantaisistes et fallacieuses, à l’issue de procès non équitables.
Nous resterons mobilisés jusqu’à ce que ces journalistes, ainsi que l’ensemble des prisonniers politiques et d’opinion qui croupissent dans les prisons marocaines, recouvrent une liberté qui n’aurait jamais dû leur être enlevée.
Comité France de soutien. Paris, 2 mars 2022