– Simon Wohlfahrt 18 jan 2022 Mise à jour 18.01.2022 à 21:00 AFP © 2022 AFP
Le procès en appel de l’opposant rwandais Paul Rusesabagina, ancien hôtelier rendu célèbre par le film “Hôtel Rwanda”, se poursuivra malgré le refus de comparaître de l’accusé, condamné en première instance à 25 ans de prison pour “terrorisme”, a annoncé mardi le tribunal.
Les audiences reprendront le 20 janvier, a précisé le juge François Régis Rukundakuvuga qui dirige le procès à Kigali de M. Rusesabagina et de ses 20 co-accusés.
M. Rusesabagina “a été informé de l’audience de l’appel, qui lui a été notifiée de façon conforme à la loi”, a déclaré le magistrat, ajoutant que le procès se poursuivrait malgré son absence.
L’ancien directeur de l’hôtel Mille Collines de Kigali était absent lundi à l’ouverture de son procès en appel.
Connu pour être un féroce opposant au président rwandais Paul Kagame, Paul Rusesabagina a été condamné en septembre à 25 ans de prison pour “avoir fondé et appartenir” au Front de libération nationale (FLN), groupe armé accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.
Le Parquet, qui avait requis la prison à perpétuité, avait fait appel, souhaitant voir sa peine alourdie. Il a également fait appel des peines – de trois à 20 ans de prison – prononcées contre ses 20 co-accusés.
La famille de M. Rusesabagina avait récemment annoncé qu’il ne comparaîtrait pas et “ne participera pas à la mise en scène de l’appel d’un prisonnier politique”. Cet appel “continue de montrer qu’il ne s’agit pas d’un processus légal, mais plutôt d’un processus politique”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
L’accusé et ses avocats avaient déjà boycotté la majorité des audiences de première instance, dénonçant un procès “politique” ainsi que des mauvais traitements en détention.
Paul Rusesabagina, 67 ans, a été rendu célèbre par le film “Hotel Rwanda” sorti en 2004 et qui raconte comment ce Hutu modéré a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide de 1994 au Rwanda, au cours duquel 800.000 personnes ont été tuées, selon l’Onu, principalement issues de la minorité tutsi.
Il a ensuite utilisé sa renommée pour s’opposer à Paul Kagame qu’il accuse d’autoritarisme et d’alimenter un sentiment anti-Hutu.
Il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d’être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi.