La justice italienne a abandonné les charges qui pesaient contre la capitaine allemande du navire humanitaire après son arrestation en juin 2019 dans le port de Lampedusa avec 42 migrants à bord.

La capitaine allemande Carola Rackete, en septembre 2019 à Berlin. (Jorg Carstensen/AFP)

par LIBERATION et AFPpublié le 25 décembre 2021 à 15h34

«Si nous ne sommes pas acquittés par un tribunal, nous le serons dans les livres d’histoire», racontait Carola Rackete en juin 2019 au Spiegel, quelques jours avant de se faire arrêter par les autorités italiennes. La capitaine allemande du Sea Watch 3, un navire humanitaire affrété par l’ONG Sea Watch qui vient en aide aux migrants en Méditerranée, avait alors forcé le passage pour accoster dans le petit port de Lampedusa avec 42 migrants secourus au large de la Lybie à son bord.

Ce qui lui avait valu des poursuites engagées par la justice italienne et le ministre de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini. Ce dernier lui reprochait notamment d’avoir tenté une manœuvre dangereuse contre la vedette des douanes qui venait à sa rencontre pour l’empêcher de jeter l’ancre. Elle risquait jusqu’à dix ans de prison pour «résistance ou violence envers un navire de guerre».A lire aussi :

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Mais jeudi, le tribunal d’Agrigente, en Sicile, a définitivement abandonné ces poursuites, selon des informations du site spécialisé Infomigrants. «Carola Rackete a agi dans l’accomplissement du devoir de sauvetage prévu par le droit national et international de la mer», a précisé Micaela Raimondo, la juge en charge de l’affaire. Elle ajoute : «Un navire en mer ne peut être considéré comme un lieu sûr : en plus d’être à la merci d’événements météorologiques défavorables, il ne permet pas le respect des droits fondamentaux des personnes secourues.»

«Capitaine courage»

Dans la foulée, Carola Rackete s’est fendue d’un communiqué posté sur son compte Twitter. Au-delà de son sort personnel, la «capitaine courage», «Jeanne d’Arc», ou «Antigone» comme elle fut surnommée en Europe où ses soutiens sont nombreux, insiste notamment sur le fait que la décision prise à l’époque par Matteo Salvini était «contre les normes».https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&features=eyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X2hvcml6b25fdHdlZXRfZW1iZWRfOTU1NSI6eyJidWNrZXQiOiJodGUiLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X3NwYWNlX2NhcmQiOnsiYnVja2V0Ijoib2ZmIiwidmVyc2lvbiI6bnVsbH19&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1474060836633202693&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Finternational%2Feurope%2Fsea-watch-3-la-justice-italienne-abandonne-les-poursuites-contre-carola-rackete-20211225_DLGRMNV5EBEVXFVZUB3JMHX2AQ%2F&sessionId=4ae7084ce11b371637236b6133f80c2a2b92f54b&siteScreenName=libe&theme=light&widgetsVersion=9fd78d5%3A1638479056965&width=550px

Elle évoque par ailleurs la politique migratoire perpétrée par l’UE ces dernières années, coupable selon elle d’un repli sécuritaire inacceptable : «Dans notre histoire moderne, les violations des droits les plus graves n’ont pas été perpétrées par des individus mais par des Etats. Au cours des dernières années, l’UE et ses Etats membres ont dépensé des millions pour militariser la frontière, fustige la trentenaire militante. L’agence européenne de protection des frontières Frontex est complice du retour forcé de milliers de personnes victimes de graves violations des droits humains en Libye. Des refoulements illégaux sont perpétrés en Grèce, en Croatie et en Pologne. […] Par conséquent, nous devons confronter les autorités des Etats démocratiques, et les tenir pour responsables lorsqu’ils commettent des crimes et des injustices.»https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-1&features=eyJ0ZndfZXhwZXJpbWVudHNfY29va2llX2V4cGlyYXRpb24iOnsiYnVja2V0IjoxMjA5NjAwLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X2hvcml6b25fdHdlZXRfZW1iZWRfOTU1NSI6eyJidWNrZXQiOiJodGUiLCJ2ZXJzaW9uIjpudWxsfSwidGZ3X3NwYWNlX2NhcmQiOnsiYnVja2V0Ijoib2ZmIiwidmVyc2lvbiI6bnVsbH19&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1474673679393034242&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Finternational%2Feurope%2Fsea-watch-3-la-justice-italienne-abandonne-les-poursuites-contre-carola-rackete-20211225_DLGRMNV5EBEVXFVZUB3JMHX2AQ%2F&sessionId=4ae7084ce11b371637236b6133f80c2a2b92f54b&siteScreenName=libe&theme=light&widgetsVersion=9fd78d5%3A1638479056965&width=550px

Cette décision intervient alors que Sea Watch a annoncé ce samedi avoir secouru en tout plus de 270 migrants en Méditerranée centrale, dans le cadre de trois opérations de sauvetage menées depuis vendredi par le Sea Watch 3. Ainsi vendredi matin ils ont récupéré 93 migrants qui se trouvaient dans les eaux internationales au sud de l’île italienne de Lampedusa. Puis le bâtiment a porté assistance à deux bateaux gonflables en détresse pendant la nuit et tôt le matin en ce samedi de Noël, a annoncé l’ONG sur son compte Twitter.

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