Délivrance dans les Antilles, après des années de mobilisation. Les cancers de la prostate liés à l’exposition au chlordécone, pesticide largement utilisé dans l’archipel pendant deux décennies, sont désormais reconnus comme une maladie professionnelle.
Cette mesure, annoncée dans un décret publié mercredi 22 décembre au Journal officiel, s’inscrit dans une série d’actions menées par l’État pour réparer ce qu’Emmanuel Macron a qualifié de «scandale environnemental» [1]. Elle doit permettre de faciliter l’indemnisation des victimes, via un fonds créé en 2020.
Une indemnisation comprise entre 1 000 et 19 000 euros par an
Autorisé de 1972 à 1993 dans les bananeraies des Antilles, le chlordécone a infiltré les sols pour des centaines d’années, polluant les eaux et les productions agricoles. Sa toxicité pour l’environnement et sa persistance étaient pourtant connues dès les années 1960. Aux États-Unis, le produit avait été interdit dès 1976. Selon Santé publique France, plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique serait actuellement contaminée par ce pesticide. Les populations antillaises présentent aujourd’hui un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Pour l’heure, le gouvernement n’a pas détaillé le nombre de personnes concernées par ces indemnisations. Le montant individuel pour un exploitant agricole représentera entre 1 000 et 19 000 euros par an. Deux conditions ont toutefois été établies pour réclamer ce statut : avoir travaillé pendant au moins dix ans au contact du chlordécone, et avoir été diagnostiqué malade du cancer de la prostate moins de quarante ans après les dernières expositions au produit.